Cancer du col : un collectif exige le recours au test viral HPV
Le collectif "HPV maintenant !" milite pour la mise en place du test HPV avant le frottis pour dépister plus efficacement le cancer du col de l’utérus. Ce test détecte par prélèvement vaginal la présence ou non de papillomavirus.
Un test HPV avant le frottis. C’est ce que demande le collectif "HPV maintenant !" qui réunit des médecins, des biologistes et des patientes atteintes du cancer du col de l’utérus. Le test viral HPV (pour papillomavirus humain) consiste en un prélèvement vaginal et permet de déceler la présence des papillomavirus oncogènes, les virus sexuellement transmissibles impliqués dans le développement du cancer du col utérin.
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Repérer 30 femmes à risque de cancer par jour
Selon ce collectif, la mise en place rapide de ce test viral utilisé en première intention avant le frottis dans le programme de dépistage permettrait d’identifier 30 femmes à risque de plus par jour. Ainsi, le test HPV, qui est "supérieur" au frottis, devrait être le "pivot" de ce dépistage organisé lancé en 2018, soutient le collectif qui dénonce également "le retard pris en France" dans sa mise en place pour le dépistage.
Car dans notre pays, à l’heure actuelle, le test HPV n’est prescrit qu’en seconde intention, chez les femmes présentant un frottis au résultat incertain. Mais quelle est la différence entre ces deux examens ? Quand le frottis a pour but de repérer d’éventuelles cellules anormales au niveau du col de l'utérus (précancéreuses ou cancéreuses), le test HPV, de son côté, détecte la présence éventuelle du virus HPV, agent en cause dans ce type de cancer par un simple prélèvement vaginal.
Le test le plus sensible avant le plus spécifique
L'Australie, en premier, mais aussi l'Italie, la Belgique, le Royaume-Uni, la Suède, les Pays-Bas, la Turquie ont ainsi décidé d'adopter le test HPV en dépistage primaire et le frottis en complément si le test est positif. Les Etats-Unis et l'Allemagne ont choisi de réaliser simultanément les deux méthodes. La combinaison des deux techniques permettrait d’obtenir une fiabilité de 98%, selon le collectif militant. "Le dépistage du cancer du col de l’utérus, c’est deux tests : le test HPV en premier puis le frottis, dans ce bon ordre, à savoir le plus sensible avant le plus spécifique" nous explique Richard Fabre, biologiste médicale et porte-parole du collectif "HPV maintenant !". En effet, "alors que la sensibilité du test HPV est de 99%, celle du frottis n’est que de 60% ce qui signifie que sur 100 femmes qui ont un cancer avéré, 40 présentaient pourtant un frottis normal !" poursuit-il.
Or, chaque année en France, 1.100 femmes meurent du cancer du col de l’utérus et 3.200 nouveaux cas sont diagnostiqués. Selon le collectif, le test viral HPV pourrait éviter chaque année 300 décès s’il était permuté en dépistage primaire avec un frottis en complément.
"Un test HPV négatif garantit l’absence de risque"
Car une des forces de ce test est d’éliminer les "faux-positifs" du frottis : s’il n’y a pas de présence de HPV, il ne peut pas y avoir de cancer, ni de lésion précancéreuse. En effet, le test HPV dépiste un risque : il permet de "trier les femmes qui n’ont aucun risque car elles ne sont pas porteuses de HPV oncogène" précise Richard Fabre. "On pourra donc les revoir dans cinq ans pour s’assurer qu’entre temps elles n’ont pas attrapé de HPV oncogène" poursuit le biologiste. "Pour les autres femmes qui portent un HPV, cela ne signifie pas forcément qu’elles ont un cancer, mais qu’elles sont à risque de cancer. Elles doivent donc être suivies par frottis pour détecter les cellules anormales qui pourraient évoluer en 10 ou 20 ans sur un cancer." ajoute Richard Fabre.
En somme, "un frottis négatif ne garantit pas l’absence de risque de cancer. Alors qu’un test HPV négatif, lui, le garantit" résume-t-il.
Un test non remboursé et indisponible en pharmacie
Problème : pour le moment, alors que le frottis qui coûte une quinzaine d’euros est remboursé à 100% par la sécurité sociale, "le test HPV coûte 27 euros et n’est aujourd’hui pas remboursé, sauf s’il est prescrit dans le cadre d’un frottis anormal", déplore Richard Fabre.
Impossible également pour le moment de se le procurer en libre service en pharmacie : "il est fourni et ne se fait qu'au laboratoire d’analyse ou chez un gynécologue, par prélèvement vaginal ou auto-prélèvement car il n’est pas techniquement aussi simple qu’un auto-test de grossesse par exemple". Un kit d'auto-prélèvement HPV, qui permet de faire soi-même un prélèvement vaginal avec un petit écouvillon et de le porter ensuite en laboratoire d’analyses pourrait tout de même être envoyé aux femmes qui ne répondent pas à l'appel du dépistage, ajoute le collectif. Santé publique France a déjà mené une expérimentation de ce type en Indre-et-Loire, qui consistait à envoyer un kit d’auto-prélèvement à des femmes qui n’avaient pas répondu à l’invitation à réaliser un frottis. Résultat : l’envoi du kit a permis de doubler la participation au dépistage.
Enfin, face au risque d’inquiétude générée par la détection d’un HPV non oncogène, le biologiste se veut rassurant : "il existe en tout 150 espèces de HPV, oncogènes ou non. Mais pour ce test, on utilise des techniques moléculaires précises ciblées contre les HPV oncogènes. On agit en substance comme la police scientifique qui utilise l’ADN d’un criminel pour le retrouver. Mais dans notre cas, les criminels ne sont autres que les HPV oncogènes."