Cancer du pancréas : l'un des cancers les plus redoutés
Le cancer du pancréas est un cancer qui fait particulièrement peur, même s'il n'est pas le plus fréquent. De diagnostic souvent tardif, il se traite par chirurgie et/ou chimiothérapie.
Cancer du pancréas : quelles sont les causes ?
Chaque année, on estime à environ 14.000 le nombre de nouveaux cas de cancer du pancréas en France. Le cancer du pancréas est en constante augmentation, y compris chez les femmes et les moins de 50 ans. Evoluant silencieusement, il est souvent diagnostiqué tardivement et particulièrement compliqué à traiter. Il résiste en effet à plusieurs traitements antitumoraux. La recherche a cependant considérablement progressé.
Le pancréas est un petit organe à la forme allongée. Il est proche de la vésicule biliaire, juste en dessous de l'estomac. C'est avant tout une glande qui a deux fonctions. Une première partie, dite exocrine, produit des enzymes nécessaires à la digestion des graisses dans l'intestin. Une deuxième partie, appelée endocrine, produit notamment l'insuline, indispensable à la régulation du taux de sucre dans le sang.
Quand un cancer se développe, il apparaît dans neuf cas sur dix à partir des cellules exocrines, plus rarement des endocrines. Ces deux types de tumeurs ont des pronostics et des traitements très différents. La tumeur peut être délimitée et rester dans le pancréas. Elle peut aussi former des métastases à distance ou déborder sur les tissus voisins : par exemple, bloquer les voies biliaires proches.
Quels sont les premiers symptômes du cancer du pancréas ?
Le cancer du pancréas reste longtemps sans symptôme, ce qui explique son diagnostic souvent tardif. Une perte de poids inexpliquée, une perte d'appétit, de la fatigue ou une difficulté à digérer peuvent être les premiers signes d'alerte. Une jaunisse apparaît parfois, accompagnée de démangeaisons, signe que la bile fabriquée par le foie ne s'écoule plus normalement. Des douleurs fortes et persistantes derrière l'estomac ou au niveau du dos sont aussi des signes.
Quand la tumeur comprime l'estomac ou la partie supérieure de l'intestin qui entoure le pancréas, le duodénum, le patient a des nausées, il manque d'appétit et maigrit rapidement. Des signes souvent tardifs et qui ne font pas penser d'emblée à un cancer du pancréas.
Les facteurs de risque sont identifiés : obésité, hypertension, sédentarité, excès de cholestérol, diabète... L'alcool est également en cause.
Le cancer survenant surtout dans les pays hautement industrialisés, des questions se posent sur la consommation d'aliments ultra-transformés, l'exposition aux polluants (pesticides et pollution de l'air).
Diagnostiquer un cancer du pancréas
Au cours d'un scanner ou d'une échographie abdominale, il arrive que des lésions suspectes soient repérées dans le pancréas. Pour confirmer ou infirmer le diagnostic de cancer, un examen plus précis doit être réalisé. Il s'agit d'une écho-endoscopie.
L'écho-endoscopie est réalisée sous anesthésie générale. Le but de cet examen est d'examiner le pancréas au plus près. Lorsque la masse détectée est suspecte, l'intervention se poursuit avec un prélèvement (biopsie). Une aiguille est amenée sous contrôle échographique dans la lésion du pancréas pour identifier la nature exacte de la tumeur. Cette technique constitue une avancée considérable.
Une fois ponctionnés, les fragments sont poussés à l'aide d'une seringue remplie d'air dans un tube. Ils sont ensuite envoyés en laboratoire pour analyses histologiques sous microscope. Ces analyses permettent alors de définir le type de cellules et le type de tumeur prélevés. Si la masse repérée s'avère cancéreuse, les résultats des analyses permettent de mettre rapidement en place un traitement adapté.
Un marqueur sanguin, le CA 19-9 est fréquemment retrouvé dans le sang (80% des cas).
Opérer le cancer du pancréas
Dans plus de 50% des cas, le cancer du pancréas est diagnostiqué trop tardivement pour être opéré. Mais grâce au progrès des scanners et des traitements, cette tendance commence à s'inverser. Un espoir, car l'opération améliore considérablement le pronostic vital. Elle permet d'augmenter de 20% l'espérance de vie à 5 ans. Mais elle peut aussi se pratiquer en prévention quand une tumeur bénigne, mais susceptible de dégénérer, est découverte par l'IRM.
L'opération est très délicate, les risques de complications sont importants. Et malheureusement, toutes les tumeurs ne sont pas opérables. Seuls quelques malades en bénéficient (environ 15%). Si la tumeur touche des vaisseaux sanguins importants ou qu'elle est trop étendue, il faut dans un premier temps réduire sa taille par une chimiothérapie (combinaison radio et chimio) pour la rendre opérable, et ce n'est pas toujours possible.
Le pronostic a longtemps été très sombre pour les personnes dont le diagnostic du cancer de pancréas est confirmé, ne dépassant pas les 5 ans. Selon la fondation ARCAD, tous stades confondus, cette survie à 5 ans est aujourd'hui de 15%.
En cas de chirurgie suivie de chimiothérapie, elle est de l'ordre de 20-25%.
Cette opération est lourde et le patient doit être suivi régulièrement par une équipe médicale pluridisciplinaire, des cancérologues, bien sûr, mais aussi des nutritionnistes et des psychologues. Le malade doit accepter de changer son mode de vie pour aider son organisme affaibli par le cancer et par l'ablation du pancréas. . La prise en charge de la douleur est fondamentale.
Pas de dépistage généralisé
On ne dispose pas aujourd'hui des outils pour dépister les formes débutantes de ce cancer. Un dépistage des sujets à risque est possible, mais celui-ci est assez invasif, puisqu'il exige des anesthésies générales répétées. Or, on ne peut pas faire des anesthésies générales répétées à une population chez laquelle on a une chance sur 10.000 de trouver un cancer du pancréas.
S'il existe des marqueurs sanguins de ce cancer (le CA19-9, notamment), mais ceux-ci ne sont pas spécifiques de cette maladie.
Après un cancer du pancréas : un suivi médical régulier et obligatoire
Même s'il reste l'un des cancers les plus redoutés, des progrès sensibles ont été accomplis pour améliorer la qualité de vie des patients et freiner l'évolution tumorale.
Mais après l'opération du pancréas, les patients doivent revenir en moyenne trois fois par an à l'hôpital pour contrôler l'évolution de leur maladie. C'est le cas de Jean-Louis, opéré du pancréas en 2001.
Les récentes avancées de la chimiothérapie
Pendant longtemps, les chimiothérapies ont été peu efficaces dans le cas du cancer du pancréas. Des médecins français ont eu l'idée de proposer un "cocktail" de médicaments (protocole Folfirinox). Et les résultats, publiés en 2011, sont plus concluants avec un triplement des chances de survie à 18 mois. Pour les malades et leur famille, c'est peu. Mais pour les médecins, il s'agit du premier pas positif depuis une vingtaine d'années contre ce cancer si redouté.
Folfirinox
Le protocole de chimiothérapie "folfirinox" est considéré comme l'une des plus grandes avancées dans la recherche sur le cancer du pancréas depuis plus de quinze ans.
Il s'agit d'une combinaison trois molécules très agressives contre le cancer (+ une vitamine). Le traitement améliore considérablement l'état des patients ayant un cancer du pancréas non opérable.
Le bénéfice majeur de ce traitement est une nette amélioration de la durée et de la qualité de vie des patients. Toutefois, les médecins restent très attentifs aux effets secondaires : de possibles atteintes neuropathiques et problèmes digestifs. Cette toxicité contraint d'ailleurs certains malades à arrêter le traitement ou le rend inaccessible à beaucoup d'autres.
Nab-paclitaxel
Le nab-paclitaxel (Abraxane®) a été autorisé début 2014 pour le traitement des cancers métastasiques. La molécule active, connue depuis longtemps des pharmaciens, est désormais administrée sous forme de nanoparticules, qui arrivent à pénétrer dans des tumeurs très inflammatoires (dans lesquelles la plupart des produits de chimiothérapie ne parviennent pas pénétrer), et à ralentir la progression de la maladie.
Des milliers de mutations des cellules du pancréas peuvent être à l'origine du cancer. Il n'existe donc pas une, mais plusieurs maladies nécessitant, pour chacune d'entre elles, un traitement spécifique.
Des recherches pour améliorer le dépistage
Le diagnostic du cancer du pancréas est souvent tardif. Pour améliorer le dépistage, plusieurs pistes de recherches sont actuellement à l'étude. À Toulouse, une équipe de chercheurs développe un système de micro-puces électroniques qui pourrait d'ici quelques années devenir un outil de détection intéressant.
Faciliter le diagnostic du cancer du pancréas grâce aux nouvelles technologies, tel est l'objectif d'une équipe de chercheurs. Pour cela, il suffit d'un peu de sang ou de salive. "On sait que ces échantillons contiennent des marqueurs biologiques qui vont permettre d'indiquer la présence d'un cancer ou son évolution", explique Pierre Cordelier, chercheur en cancérologie.
Les échantillons sont ensuite déposés sur une micro-puce, un concentré de technologie qui à terme serait capable de dépister le cancer du pancréas : "Sur ces micro-puces se trouvent des micro-membranes qui vont vibrer à une fréquence de résonance. Et quand on amène sur ces puces une goutte de salive par exemple et si cette goutte de salive contient des molécules cibles impliquées dans le cancer du pancréas, la fréquence de vibration de la micro-membrane va changer", précise Jean Cacheux, étudiant en biotechnologies.
Cette micro-puce est encore à l'état de prototype. Les résultats ne sont pas encore optimaux et la technologie doit être améliorée mais il s'agit d'une voie d'avenir comme le confirme Thierry Leichle, chercheur en physique : "Dans le cas précis du cancer du pancréas, nos dispositifs et nos technologies pourraient permettre de démocratiser le diagnostic en offrant des capteurs à bas coût qui permettent de faire des analyses beaucoup plus rapides et avec des performances accrues par rapport aux outils actuels dans le domaine biomédical".
Objectif ultime des chercheurs : rendre ce dispositif accessible dans les cabinets médicaux. Un projet qui nécessitera encore quelques années de travail.
Les bienfaits de l'activité physique à l'étude
Si pour le cancer du sein, de la prostate ou du côlon, l'activité physique aide à supporter les traitements, une étude tente d'évaluer son intérêt dans le cancer du pancréas.
"Une des hypothèses pour expliquer l'effet de l'activité physique dans les cancers et particulièrement pour le cancer du pancréas, c'est que l'activité physique peut jouer sur la sécrétion d'un certain nombre de substances qui proviennent de la graisse du patient. Et ces substances, naturellement, favorisent la croissance de la tumeur. En faisant de l'activité physique, on réduit en quelque sorte la nutrition de la tumeur", explique le Pr Pascal Hammel, oncologue digestif.
Au début janvier 2018, 130 patients sur les 200 nécessaires étaient inclus dans l'étude. Les premiers résultats sont attendus fin 2018.
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Ailleurs sur le web
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· Fondation pour la Recherche sur le Cancer
· Institut Gustave Roussy
· Centre de lutte contre le Cancer Léon Bérard