Cancer du sein : un nouvel outil pour évaluer la gravité
Une équipe de chercheurs de l'hôpital Gustave Roussy à Villejuif a créé un outil qui permettrait d’estimer le pronostic de certains cancers du sein.
Il n’existe pas un mais plusieurs types de cancer du sein. Parmi eux, certains sont de plus ou moins bon pronostic. Des équipes de l’institut Gustave Roussy ont mis au point un outil qui pourrait donner des indications sur le pronostic et donc d’orienter le choix du traitement pour les patientes.
Examiner l’aspect de la tumeur
Lorsqu’une tumeur du sein est retirée au bloc opératoire, elle est tout de suite envoyée au laboratoire d’anatomopathologie. C’est ici que les toutes les chairs retirées sont analysées.
« On va examiner complètement le prélèvement, dire si c’est une tumeur agressive ou pas agressive, dire si elle a été enlevée en totalité et puis on va commencer à donner des infos sur la prise en charge thérapeutique ultérieure », explique le Dr Magali Lacroix-Triki, anatomopathologiste à l’hôpital Gustave-Roussy à Villejuif (94). Le prélèvement est ensuite fixé puis placé dans de la paraffine. La tumeur peut être découpée en rubans 4 microns d’épaisseur pour être examinés au microscope.
La présence de cellules immunitaires dans la tumeur signe d’un bon pronostic
« La première chose que l’on regarde ce sont vraiment les cellules tumorales. On voit comment elles s’organisent, si elles sont typiques ou atypiques, peu ou très proliférantes » explique le Dr Magali Lacroix-Triki. Ces observations permettent de savoir de quel type de tumeur il s’agit.
De plus sous microscope, on peut identifier si d’autres cellules sont présentes dans la tumeur comme des lymphocytes. Ce sont des cellules du système immunitaire, celles qui défendent notre organisme. Elles vont parfois se loger jusque dans la tumeur pour lutter contre le développement du cancer.
Un algorithme pour estimer les chances de survie
Stéphane Michiels est statisticien à Gustave Roussy. Il a utilisé les données d’observation de ce type de prélèvement effectuées chez plus de 2000 patientes pour développer un algorithme. Ce dernier estime les chances de survie d’une patiente touchée par un cancer du sein triple négatif - c’est à dire qui ne répond pas aux trois traitements classiques - cinq ans après son traitement.
Ce résultat dépendrait de plusieurs paramètres comme l’âge mais aussi la quantité de lymphocytes présents dans la tumeur. Les chercheurs ont montré que pour les tumeurs triple négatif, un type de tumeurs très agressives qui ne répondent à aucun des trois traitements classiques, plus il y a de lymphocytes plus c’est de bon pronostic. Les auteurs de cette étude espèrent que leurs résultats permettront aux patientes les plus à risques de récidive, c’est-à-dire celles qui ont le moins de lymphocytes, d’être prioritaires pour tester des nouvelles thérapies.