Cancer du sein : vers moins de chimiothérapie ?
Jusqu'à 70% des cancers du sein présentent des caractéristiques génétiques qui permettent de se contenter d’un traitement hormonal après la chirurgie, et dispense d’une chimiothérapie, selon des travaux publiés ce 3 juin.
Actuellement, dans les cas de cancer du sein, après l'ablation chirurgicale de la tumeur, de nombreuses femmes se voient prescrire une chimiothérapie en plus de médicaments d'hormonothérapie, dans le but de prévenir les récidives. Ce protocole pourrait évoluer très rapidement.
En effet, depuis des années, un test génétique réalisé sur la tumeur permet d’estimer la probabilité de récidive. Baptisé Oncotype DX, ce test commercialisé par la société Genomic Health analyse l’expression de 21 gènes, avec un score situé entre 0 et 100. Jusqu'à présent, la chimiothérapie était conseillée au-dessus de 25. En-dessous de 10, elle ne l'était pas. Ce qui posait un dilemme aux femmes situées dans la zone grise, entre 11 et 25.
Présentée ce 3 juin au congrès de cancérologie de Chicago (ASCO), une étude internationale menée auprès de 10.000 femmes [1] suivies sur neuf ans conclut qu’en dessous du score de 25, la chimiothérapie ne semble pas modifier le taux de récidive chez les femmes de plus de 50 ans.
Près de 7 cancers du sein sur 10 sont évalués sous ce score. Une majorité de patientes pourrait donc éviter la chimiothérapie et ses nombreux effets secondaires.
Ces résultats "auront un impact énorme sur les médecins et les patients", a jugé l’une coauteure de l'étude, Kathy Albain, cancérologue à l'hôpital Loyola Medicine de Chicago. "Nous allons faire reculer les thérapies toxiques".
Rien qu'aux Etats-Unis, 65.000 femmes pourraient en profiter par an. "Toute femme de moins de 75 ans avec un cancer du sein de stade initial doit faire le test et parler des résultats" avec son médecin, a commenté l'auteur principal, le docteur Joseph Sparano, du centre médical Montefiore Medical à New York.
avec AFP
Étude : J.A. Sparano et al. "Adjuvant Chemotherapy Guided by a 21-Gene Expression Assay in Breast Cancer", NEJM, 3 juin 2018. doi:10.1056/NEJMoa1804710 https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1804710
[1] L’ensemble des femmes incluses dans l’étude était porteuse de tumeurs sensibles aux œstrogène et/ou à la progestérone, mais non sensibles aux protéines HER2.