Un dérivé du cholestérol pour traiter les cancers du sein ?
Pour traiter les femmes atteintes de cancer du sein non hormonosensible, cancer difficile à soigner, des chercheurs toulousains ont peut-être découvert une nouvelle voie thérapeutique : un dérivé du cholestérol.
Chaque année, 54.000 cancers du sein sont diagnostiqués. Ils sont majoritairement hormonosensibles, c'est-à-dire qu'ils sont stimulés par des hormones, notamment les oestrogènes. Mais dans 15% des cas, ces cancers sont appelés "triple négatifs" surtout chez des femmes jeunes. Ces cancers sont très agressifs et plus difficiles à soigner.
La prise en charge des tumeurs triple négatives n'est pas satisfaisante. À ce jour, il n'existe pas de thérapie ciblée pour ces cancers. Une équipe de recherche toulousaine a peut-être découvert une nouvelle voie thérapeutique : un dérivé du cholestérol.
Il s'agit de la dendrogénine A (DDA), une molécule avec des propriétés anti-tumorales : "Chez les patientes qui développaient des cancers, on s'est rendu compte que dans leurs tumeurs, et en particulier dans les tumeurs triple négatives, la molécule n'était pas présente. On a donc émis l'hypothèse que l'on pouvait peut-être récupérer cette dérégulation en rajoutant la molécule", explique Marc Poirot, directeur de recherche au centre de recherche en cancérologie de Toulouse.
En injectant ce dérivé du cholestérol dans la cellule tumorale, on bloque la production d'une autre molécule responsable de la prolifération de ces tumeurs. Ces résultats ont été validés sur plus de 5.000 échantillons de tumeurs mammaires.
Cette nouvelle piste thérapeutique est porteuse d'espoir pour traiter le cancer du sein triple négatif mais pas seulement : "On parle des cancers triple négatifs mais aussi d'autres sous-types de cancers mammaires tels que les cancers qui expriment les récepteurs des oestrogènes pour lesquels il existe des thérapies actuellement mais il y a tout de même des résistances. Cette piste ouvre donc un large champ d'application thérapeutique", confie Sandrine Silvente-Poirot, directrice de recherche. Des essais cliniques devraient avoir lieu d'ici un an pour évaluer la toxicité de la molécule.