Cancer : quels sont les bienfaits du sport ?
À part l'apaisement que le sport peut apporter, je ne vois pas comment l'activité physique peut prévenir ou guérir les cancers. En quoi le sport réduit-il les risques de cancer, comment la pratique d'un sport agit-elle sur notre corps ?
Les réponses avec le Pr Laurent Zelek, cancérologue, et avec Jean-Marc Descotes, cofondateur de la Fédération nationale Cami sport et cancer :
"Ce sont des sujets de recherche. On est sorti de cette dimension de bien-être qui est très importante pour les personnes concernées pour comprendre que c'est une intervention thérapeutique qui a des bases physiologiques et c'est un vrai sujet de recherche médicale comme peut l'être un médicament. Il y a des bases physiologiques qui permettent de comprendre, par exemple par la régulation de l'axe insuline. Dans de nombreux cancers, il y a des phénomènes d'insulino-résistance liés à la sédentarité. Quand on fait de l'activité physique, on régule ce système. L'activité physique a aussi des effets sur les protéines de l'inflammation, sur le surpoids… sur tout un tas de choses qui aboutissent à augmenter le risque de cancer. Et probablement, dans certaines situations, le risque de rechute. L'activité physique a donc une vraie action thérapeutique.
"Toutefois, l'activité physique ne remplacera pas un traitement efficace : chirurgie, chimiothérapie… ce sont des conditions nécessaires mais non suffisantes. On peut faire mieux derrière.
"L'effet du sport est surtout quantifiable dans les études épidémiologiques. En prévention, suivant le type d'activité, suivant la dépense énergétique, on aura une réduction du risque de cancer. Sur les études épidémiologiques, on a des arguments indirects qui nous permettent de le penser. L'idéal serait d'avoir une grande étude comparative où l'on regarderait la survie des personnes qui ont fait de l'activité physique et la survie des personnes qui n'en ont pas fait. Cette étude est très difficile à mener mais elle est en cours dans certains pays.
"Dans les études rétrospectives, les patients qui font de l'activité physique après un cancer vont mieux, il y a probablement moins de rechutes mais parfois on oublie que ces personnes avaient déjà une activité physique avant leur cancer. Certaines personnes se mettent à faire du sport après leur cancer car elles ont un électrochoc, d'autres qui en faisaient n'en font plus parce qu'elles ont eu un coup de massue… Mais souvent, les personnes sportives après un cancer étaient déjà dans cette dynamique avant la maladie. Cela signifie que des facteurs de risque ont été modifiés et ils ont peut-être fait des cancers différents de ceux des autres, peut-être moins graves et c'est peut-être la raison pour laquelle ils rechutent moins. On aurait besoin de ces études prospectives, elles sont en cours. Et il existe des projets de recherche dans le monde, ce que l'on appelle des études randomisées, comparatives qui ont un volet biologique. Ce sont des choses qui vont en s'amplifiant d'année en année."
"Il n'y a pas aujourd'hui de pratiques sportives prioritaires par rapport à d'autres. L'idée, c'est de pratiquer une activité physique. Dans la prévention primaire, plus on fait de l'activité physique et sportive, plus on diminue le risque d'avoir un cancer."