Cancer : un patient sur trois se sent "abandonné" à la fin du traitement
Après un cancer, le suivi et l’accompagnement des patients restent insuffisants, selon la revue Prescrire. Pourtant, les séquelles physiques ou psychologiques liées à la maladie persistent plusieurs années après la fin du traitement.
Davantage de suivi et d’informations. C’est ce que demandent les patients à la fin d’un traitement contre le cancer, rapporte la revue médicale indépendante Prescrire dans un note d’information publiée le 1er novembre 2019.
Ce constat s’appuie sur les résultats de deux enquêtes menées auprès de personnes qui ont eu un cancer. D’après Prescrire, un tiers des personnes interrogées a déclaré s’être sentie "abandonnée par les soignants" à la fin du traitement du cancer. Notamment en cause : des "consultations de suivi trop espacées" et une information fournie par les soignants jugée "souvent ou occasionnellement trop compliquée".
Douleurs, fatigue chronique…
Et parmi ces personnes, nombreuses sont celles qui souffrent encore de problèmes physiques ou psychologiques, même si le traitement contre la maladie est terminé. Ainsi, deux personnes sur trois ont rapporté des séquelles physiques importantes et une sur cinq des séquelles très importantes. Il s’agit principalement de "modifications de l’image du corps", de "douleurs modérées à sévères", de "fatigue chronique", de "difficultés pour se déplacer en raison de troubles moteurs, visuels ou de sensations de vertige".
Pire, "une fatigue altérant la qualité de vie est rapportée par environ une personne sur deux", rapporte Prescrire.
Des troubles psychiques 25 ans après le cancer
En parallèle, "des troubles psychiques importants (idées morbides, anxiétés, dépressions notamment) persistaient jusqu'à 25 ans après un cancer pour environ une personne sur cinq", alerte Prescrire. Et ce sont les difficultés sexuelles qui constituent la conséquence du cancer le plus fréquemment rapportée jusqu'à 15 ans après la fin des traitements.
A cela s’ajoute une baisse d’activité puisque cinq ans après un cancer, une personne sur deux déclare avoir diminué ou cessé les activités physiques en raison de la maladie.
Enfin, une personne sur quatre a vu ses revenus diminuer, notamment en raison d'une mise à la retraite, au chômage ou en invalidité.
Améliorer les pratiques des soignants
"Les insuffisances que les patients rapportent concernant les modalités du suivi médical ou de l'accompagnement social, la prise en compte de leur qualité de vie et l'information qu'ils ont reçue, sont autant de pistes d'amélioration des pratiques pour les soignants" conclut la revue Prescrire. Elle insiste notamment sur l’importance du rôle des médecins généralistes dans ce suivi post-cancer.
Sur ce sujet, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale prévoit pour l’année 2020 la création d’un forfait de soins post-cancer. Celui-ci prévoit notamment de faciliter l’accès des patients à un soutien psychologique, à un suivi nutritionnel adapté et à une activité physique adaptée à la fin de leurs traitements.