Le difficile combat des agriculteurs pour faire reconnaître leurs maladies
Pour les agriculteurs qui travaillent avec des pesticides, faire reconnaître une pathologie comme maladie professionnelle relève bien souvent du parcours du combattant. A ce jour, seules cinq pathologies sont officiellement reconnues comme étant liées à une exposition aux pesticides.
Pendant plus de 20 ans, Odile et son mari Michel, se sont consacrés à leur exploitation agricole, et ont utilisé des pesticides pour leur culture et leur élevage. Une exposition quotidienne aux produits chimiques qui a eu de lourdes conséquences.
Diagnostic de glioblastome
En décembre 2016, Michel se plaint de violents maux de tête. Hospitalisé, les médecins diagnostiquent un glioblastome, une tumeur cérébrale. « Il est décédé 6 mois après que le chirurgien nous ait annoncé qu’il fallait poursuivre les traitements. Je suis persuadé que de toute façon oui l’origine de la tumeur vient de l’utilisation des pesticides » explique Odile Louvel.
Michel est décédé à 53 ans. Odile décide alors de faire reconnaître le glioblastome de son mari en maladie professionnelle. Avec l’aide d’une association environnementale, Odile se lance dans un combat, car ce cancer n’est pas référencé dans les maladies professionnelles des agriculteurs.
Seules cinq maladies reconnues
Pour l’association, aller à la rencontre des agriculteurs pour les informer sur les liens entre pesticides et la survenue de maladies professionnelles est indispensable. Aujourd’hui, seules 5 pathologies sont reconnues dans le tableau des maladies professionnelles agricoles liées aux pesticides.
La tumeur cérébrale de Michel n’y figure pas. Pourtant, selon l’étude AGRICAN consacrée à la santé des agriculteurs, il existerait des liens. « On a regardé le risque de gliome en fonction de l’usage de certains carbamates. Parmi ces carbamates, il y a des insecticides, herbicides et des fongicides.
Quand on compare les agriculteurs entre eux ceux qui utilisent des pesticides sur les cultures sont plus à risque de tumeur du système nerveux centrale que ceux qui n’en utilisent pas » explique Pierre Le Bailly, responsable-chercheur de la cohorte AGRICAN.
A l’instar d’Odile, de plus en plus de familles de victimes font des demandes de reconnaissance en maladies professionnelles. Ces démarches sont difficiles et nécessitent parfois le soutien d’avocats. Actuellement, 6 dossiers sont en attente de reconnaissance.