Les futures mères très exposées au mercure et à l’arsenic
En France, les femmes enceintes sont plus imprégnées au mercure et à l’arsenic que dans d’autres pays, ce qui pourrait avoir des effets sur leur santé et sur celle de leur enfant.
"L’exposition prénatale aux métaux et métalloïdes est soupçonnée d’avoir des répercussions sur la grossesse (prématurité, malformations congénitales, diminution du poids du nouveau-né à la naissance) ainsi que sur le développement et la santé ultérieure de l’enfant (atteintes du système reproducteur, du métabolisme, du développement psychomoteur et intellectuel et augmentation du risque de cancers)", alerte Santé Publique France. C’est pourquoi l’agence publie mardi 19 décembre une étude commanditée par les ministères de la Santé et de l’Environnement sur l’exposition des femmes enceintes françaises aux métaux et métalloïdes. Pour la première fois, l’imprégnation à 13 polluants chez plus de 4 000 femmes a été analysée. Toutes étaient enceintes en 2011.
Des taux de mercure supérieurs à ceux mesurés aux Etats-Unis
Parmi ces polluants, l’aluminium, l’antimoine, l’arsenic total, le cobalt, le mercure, le nickel, le plomb ou l’uranium. Ces substances ont été dosées dans des prélèvements de sang du cordon, de cheveux et d’urines maternels. Résultats : chaque métal, hormis l’uranium, était présent dans l’organisme de la quasi-totalité des femmes participant à l’étude. Et les niveaux d’imprégnation au mercure et à l’arsenic étaient plus élevés que ceux observés aux Etats-Unis et au Canada. Santé Publique France explique – en partie – cette situation par une consommation de fruits de mer plus importante chez les femmes françaises.
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Ainsi a-t-on trouvé du mercure dans 91 % des échantillons de cheveux. Même si l’étude montre que l’imprégnation des femmes enceintes par le mercure était en légère baisse en 2011, elle révèle malgré tout que la concentration capillaire moyenne reste supérieure à celles mesurées en en Europe centrale et de l’Est et aux Etats-Unis. Une imprégnation par l’arsenic a en outre été mesurée dans les urines de 990 femmes.
Les fruits de mer restent riches en fer, en calcium et en iode
Le problème qui se pose avec cette exposition au mercure et à l’arsenic, ce sont les dangers qu’elle pourrait provoquer. En effet, le mercure, absorbé en grande quantité, peut provoquer des atteintes du système nerveux et des reins. Le méthylmercure a par ailleurs été classé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme cancérogène possible. L’arsenic a quant à lui été classé cancérogène avéré par le CIRC, et c’est un perturbateur endocrinien.
De quoi dérouter les femmes enceintes, à qui on a longtemps conseillé de consommer des produits de la mer en lieu et place de la viande. En effet, les fruits de mer sont riches en fer, en calcium, en iode ou en vitamine B1, qui aident le fœtus à se développer et sont censés contribuer à la bonne santé de la mère. Depuis cette année néanmoins, le Programme national nutrition santé conseille de limiter sa consommation de poisson à deux portions par semaine.