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Les tumeurs neuroendocrines, des tumeurs rares et complexes

Les tumeurs neuroendocrines sont extrêmement complexes et peu connues. Rares, elles peuvent être bénignes comme malignes, d'évolution lente comme très rapide.  

Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le

Les tumeurs neuroendocrines (TNE) se développent à partir des cellules "neuroendocrines", caractérisées par leur capacité à produire des hormones. Elles reçoivent des messages de la part du système nerveux et y répondent en produisant des hormones, contrôlant ou régulant de nombreuses fonctions dans le corps comme la digestion et la respiration. Ces cellules-ci prolifèrent parfois de façon anormale et donnent alors naissance à des tumeurs neuroendocrines, qui se développent dans tout l'organisme mais qui touchent principalement le tube digestif, le pancréas et les poumons.

Les TNE restent rares puisqu'il y a de 2 à 5 nouveaux cas pour 100 000 habitants, avec un âge de survenue entre 40 et 60 ans le plus souvent, selon l'institut Gustave Roussy.

Quels sont les symptômes ?

Ces tumeurs peuvent aussi être non fonctionnelles ou fonctionnelles. "Les tumeurs fonctionnelles ont la capacité de sécréter des hormones qui donnent des symptômes spécifiques", détaille le Pr Lecomte, spécialiste de ces tumeurs et membre du réseau national RENATEN. Les symptômes provoqués sont alors variables selon les hormones produites et le siège de la tumeur. Par exemple, il peut s'agir de symptômes non spécifiques du type vomissements, diarrhées, saignement dans les selles, en cas de tumeur intestinale. Ou, si la tumeur produit beaucoup d'hormone sérotonine, cela provoque des symptômes comme des rougeurs de la peau (« des flush »), une diarrhée sévère, une baisse de tension, une tachycardie, une respiration sifflante. 

En cas de TNE du pancréas ou du duodénum, on peut constater un syndrome de Zollinger-Ellison. Caractérisé par une sécrétion excessive de gastrine, l'hormone qui favorise la production d'acide gastrique dans l'estomac, il provoque des douleurs abdominales, des brûlures d'estomac, de perte de poids et de vomissements.  "Parfois, ce syndrome fonctionnel détermine le pronostic avec des ulcères qui perforent et peuvent entraîner le décès", précise le spécialiste.

Ces tumeurs ont plusieurs spécificités : "Leur première particularité est d'être très hétérogènes. Elles le sont d'une part en termes de pronostic, qui est très variable (on a des tumeurs peu évolutives où l'espérance peut aller à une dizaine d'années et inversement des tumeurs très agressives, avec un pronostic de quelques mois). D'autre part, elles peuvent toucher tous les organes, principalement ceux du tube digestif et les poumons, mais également de façon plus rare les ovaires, les seins ….. il y a donc un spectre large en pronostic et en localisation."

Du diagnostic au traitement

Le diagnostic est parfois long, les différents examens vont progressivement étayer la suspicion, à base d'une prise de sang, de recherches de marqueurs spécifiques de la TNE (chromogranine A, calcitonine, gastrine, glucagon, etc). Outre un scanner et une échographie, un examen est plus spécifique pour détecter les TNE dans le corps : la scintigraphie à l'ocrétide. Une scintigraphie peut aussi être réalisée à la recherche d'un phéochromocytome.

Seule la biopsie déterminera avec certitude les caractéristiques de la tumeur : cellules cancéreuses ou pas, type d'hormone libérée, agressivité... L'analyse des cellules déterminera alors un grade, de 1 (bas grade, les cellules se développant lentement) à 3 (haut grade, où elles se propagent rapidement). L'étendue de la tumeur est aussi évaluée : de 1 (tumeur localisée) à 4, caractérisé par la présence de métastases. Plus le grade est bas, meilleurs sont le pronostic et la survie. Ainsi une TNE du pancréas ayant métastasé aura-t-elle une survie moyenne de 27% à 5 ans (en d'autres termes, au bout de 5 ans, 27% des patients seront en vie). Pour une TNE de l'iléon ayant métastasé, elle est de 54%  et si elle est localisée, la survie est de 65%).

La prise en charge

Le grade, le stade, la localisation initiale vont déterminer la prise en charge. "L'objectif est à la fois carcinologique et celui de contrôle du syndrome fonctionnel", développe le spécialiste. Autrement dit, il faut à la fois détruire les cellules cancéreuses, lorsque la tumeur est maligne, et soulager les symptômes provoqués par la sécrétion d'hormone. En cas de tumeurs bénigne à faible potentiel dégénératif, une simple surveillance est possible.

La chirurgie a une place de choix et elle peut consister en une résection complète de la tumeur si elle est possible, ou à une chirurgie palliative quand seule une partie peut être retirée, pour soulager les symptômes et améliorer la qualité de vie.

Différents médicaments sont administrables, soit pour diminuer la quantité d'hormone produite (par exemple, avec les analogues de la somatostatine), soit en chimiothérapie pour détruire les cellules cancéreuses. Une thérapie ciblée, à base par exemple d'évérolimus ou de sunitimib, peut parfois être prescrite. La radiothérapie est plus rarement utilisée, en cas d'impossibilité d'effectuer les autres traitements. 

Enfin, pour les TNE situées au niveau du foie, on utilise deux traitements spécifiques : l'embolisation artérielle, pour priver d'oxygène et de nutriments la tumeur et l'ablation par radiofréquence des cellules cancéreuses.

Qui consulter ?

"En France, il y a un réseau national, appelé RENATEN et soutenu par l’INCA, recommande le Pr Lecomte. Dans chaque région, il y a un centre expert qui prend en charge ces tumeurs qui nécessitent un avis pluridisciplinaire et expert". Les associations de malades, comme l’APTED et le sourire de Sabrina, aident les patients mais aussi les médecins rarement confrontés à ce genre de tumeurs. Le symbole de ces tumeurs est le ruban zébré.

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