Lutte contre le cancer : aucun bénéfice démontré du jeûne ou des régimes
L’Institut national du cancer rappelle qu’il n’existe aucune preuve de l’utilité du jeûne ou des régimes restrictifs dans la prévention ou le traitement des cancers.
"Malgré une médiatisation importante du jeûne et des régimes restrictifs (restriction calorique, protéique, glucidique ou régime cétogène, l’analyse globale des connaissances scientifiques ne permet pas de conclure à l’intérêt de ces régimes en prévention des cancers ni au cours des traitements d’un cancer".
L’Institut national du cancer pourrait difficilement formuler les choses de façon plus claire. Se basant sur un rapport d’expertise collective du réseau National Alimentation Cancer Recherche (NACRe), il diffuse ce 30 novembre un document d’information à destination des professionnels de santé et des patients, précisant que "la revue systématique et l’analyse des données scientifiques concernant le jeûne et les régimes restrictifs (restriction calorique, protéique, glucidique ou régime cétogène) montrent qu’il n’y a pas de preuve d’un effet protecteur chez l’être humain". Ce que ce soit "en prévention, à l’égard du développement des cancers", ni même du moindre effet bénéfique pendant la maladie, "qu’il s’agisse d’effet curatif ou d’une optimisation de l’effet des traitements des cancers".
Seuls les résultats de deux études épidémiologiques et de quinze essais cliniques sont actuellement disponibles… dont une majorité concerne "moins de 20 patients" et ne sont "ni randomisés, ni contrôlés" (autrement dit, ne comparent pas les bénéfices objectifs du traitement avec une alternative). Les bases d’enregistrement des essais recensent deux essais cliniques suspendus, onze achevés sans que leurs résultats ne soient publiés, et vingt-quatre travaux "en cours".
Les allégations colportées par certains livres, sites web ou magazines, apparaissent basées sur une interprétation partielle de données, non corroborées par ailleurs. Elles sont donc purement spéculatives.
Des risques avérés
En revanche, chez les personnes malades d’un cancer, la perte de poids et de masse musculaire observée dans les études cliniques suggère au contraire "un risque d’aggravation de la dénutrition et de la sarcopénie (détérioration de la force musculaire et des performances physiques, NDLR)".
L’Inca souligne que si des patients atteints de cancer "souhaitent néanmoins s’engager dans ces régimes", "une vigilance doit être apportée, en particulier par une évaluation et un suivi nutritionnel régulier" des médecins. Le rôle des professionnels de santé est alors essentiel pour être à l’écoute de leurs patients et permettre un dialogue en les informant sur l’état actuel des connaissances, et en les sensibilisant aux risques, en particulier le risque de dénutrition.
avec AFP