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Prévenir un cancer grâce à son alimentation, c'est possible ?

Que penser des aliments anti-cancer et autres régimes miracles ? Que faut-il éviter à tout prix ? Existe-t-il une alimentation préventive ? Comment supporter par ailleurs les effets de la chimiothérapie et continuer à se nourrir malgré les nausées et le dégoût de certains aliments ?

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes expliquent l'influence de l'alimentation sur la santé.

Cancer et alimentation : quels liens ?

Il n'y a pas de régime miracle, ni d'aliment capable à lui seul de prévenir le cancer... C'est ce que conclut un rapport publié par l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Pour ce rapport, les experts ont passé à la loupe toutes les études internationales menées sur ce sujet et ils n'ont pas trouvé suffisamment de preuves scientifiques pour pouvoir attribuer à certains aliments l'appellation "anticancer".

Pour autant, cette étude ne remet pas en cause les vertus d'une alimentation équilibrée et les effets néfastes bien connus de l'excès de graisses ou d'alcool... Ce que l'on mange a donc bien un rôle dans la survenue des cancers, même si les causes en sont multiples et complexes, et qu'on ne peut donc pas tout maîtriser.

Un cancer commence le plus souvent, par une série de mutations qui s'accumulent petit à petit au niveau des gènes d'une cellule, jusqu'à perturber son fonctionnement. Quelques années plus tard, cette cellule malade se met à se diviser de façon anarchique pour former une tumeur cancéreuse.

Cancer : de bons et de mauvais aliments ?

Petit rappel des consignes préventives pour avoir une alimentation saine et équilibrée…

D'après les études menées par l'American Institute for Cancer Research (AICR), presque un cancer sur deux pourrait être évité en mangeant mieux...

Alimentation et cancer : la pratique en cuisine

Fatigue, troubles digestifs, aphtes ou encore déviances du goût et de l'odorat… Ces effets secondaires des traitements des patients atteints de cancer les éloignent de la cuisine et du fait même de manger. Le plus grand risque pour ces patients, c'est la dénutrition. Il est pourtant possible de l'éviter.

À Beauvais, des patientes testent les recettes proposées par des ingénieurs. Des astuces pour redonner l'envie de cuisiner et des conseils pour soulager les effets secondaires sont proposés.

Les recettes proposées sont enrichies au maximum pour éviter la dénutrition. "En 2014, 40% des patients atteints de cancer étaient dénutris. Qui dit dénutrition, dit statut nutritionnel dégradé, des traitements repoussés, des doses diminuées et donc un cancer qui peut progresser plus rapidement", explique Cécile Buche-Foissy, ingénieure d'études en alimentation et santé.

Dans ces ateliers, l'alimentation est considérée comme un véritable soin de support oncologique. Les recettes sont rapides, simples et les portions sont adaptées. Autre thématique abordée : comment donner du goût aux plats. Les patients voient en effet leur sens gustatif et olfactif évoluer avec la maladie et les traitements.

Une centaine de recettes ont déjà été testées par le groupe. Des recettes que les patients peuvent cuisiner pour leurs proches et de cette manière, retrouver le plaisir de passer à table.

Cancer du sein : la viande et la charcuterie en accusation

Brocoli, curcuma, ail ou encore grenade... ces aliments ont la réputation de jouer un rôle protecteur contre l'apparition de certains cancers. D'autres, au contraire, comme la viande rouge seraient cancérigènes quand ils sont consommés en excès.

Fin octobre 2015, l'OMS a classé la charcuterie dans la catégorie des "agents cancérogènes pour l'homme", et les viandes rouges comme "probablement cancérogènes". Plus précisément, elles augmenteraient le risque de cancer du côlon, du rectum mais aussi de manière plus inattendue, celui du cancer du sein.

Préparer de la viande, l'assaisonner et laisser mijoter… Des gestes quotidiens simples mais qui ne sont pas anodins. Saucisses, jambons, steaks… Manger de la viande rouge et de la charcuterie pourrait favoriser les cancers du sein. C'est ce que révèle l'étude SUVIMAX réalisée par une chercheuse. Pendant plus de dix ans, elle a suivi le régime alimentaire de 4.700 femmes.

"Au cours des treize ans de suivi, environ 200 femmes ont eu un cancer du sein qui a été diagnostiqué. Nous avons comparé l'incidence, l'apparition des cancers du sein entre les femmes qui mangeaient très peu de viande et celles qui en mangeaient plus. Et on a observé en effet que les femmes qui mangeaient plus de charcuterie avaient plus de risque de cancer du sein. Pour la viande rouge, les résultats n'étaient pas significatifs", explique Mathilde Touvier, chercheur épidémiologie nutritionnelle de l'Inserm.

Le risque de développer un cancer du sein est donc 1,5 fois plus important chez les femmes qui mangent plus de 35 grammes de charcuterie par jour que chez les femmes qui en consomment moins de 8 grammes par jour. Mais pourquoi une grande quantité de charcuterie augmenterait-elle le risque de cancer ? La réponse se trouve dans sa composition. Dans la charcuterie et plus largement dans la viande, il y a des protéines, des lipides, de la vitamine B12 mais aussi du fer héminique. Ce serait le fer héminique la source du problème.

Selon Mathilde Touvier, "le fer héminique oxyderait les lipides contenus dans les viandes rouges, les charcuteries ou même dans le reste de notre alimentation. Et cette oxydation des lipides, des matières grasses conduirait à la formation de composés génotoxiques qui favoriseraient la carcinogenèse". Les chercheurs ont observé que les femmes qui avaient une consommation de fer plus élevée avaient un risque accru de cancer du sein.

Pour le démontrer, les chercheurs ont suivi deux groupes de femmes mangeant beaucoup de viande. Les premières prenaient quotidiennement des antioxydants et les secondes un placebo. Et les résultats sont sans appel : "Chez les femmes qui avaient reçu les antioxydants, l'apport en fer n'était pas associé à une augmentation de risque du cancer du sein". En effet, le risque de développer un cancer du sein est 2,5 fois supérieur chez les femmes n'ayant pas pris d'antioxydants : "Chez les femmes qui ont reçu une supplémentation en antioxydants, on n'a plus cet effet délétère puisque les antioxydants par définition, empêche cette oxydation des lipides par le fer", constate Mathilde Touvier.

Prendre des antioxydants aurait donc un réel bénéfice pour éviter la survenue du cancer du sein. Des études complémentaires sont en cours pour confirmer ces données.

Le curcuma, une épice anti-cancer ?

Quelles sont les vertus du curcuma ?

Le curcuma est une épice qui a la réputation d'être un "anticancéreux". Une équipe de chercheurs de Clermont-Ferrand s'intéresse à ses effets lorsqu'il est associé à la chimiothérapie dans un programme de nutrition thérapeutique. Il pourrait en augmenter les effets.

Utilisé en cuisine pour son goût, le curcuma se présente sous forme de poudre extraite du rhizome de plante, c'est-à-dire la partie souterraine de la tige. On retrouve aussi cette épice dans la médecine chinoise et indienne car le curcuma serait bon pour la santé. Il agirait sur la digestion et serait anti-inflammatoire.

À Clermont-Ferrand, une équipe de chercheurs s'intéresse à l'effet du curcuma sur le cancer. "On admet que la curcumine est un agent préventif des cancers. En revanche, sur le plan thérapeutique, tout est à faire. Il n'y a pas d'action thérapeutique prouvée pour les curcuminoïdes", explique le Pr Philippe Chollet, oncologue. Cette équipe a donc voulu savoir si la curcumine, le principe actif du curcuma, pouvait améliorer l'efficacité des traitements anticancéreux.

Deux essais thérapeutiques ont été menés : le premier sur le cancer du sein et l'autre sur le cancer de la prostate métastatique. Des patients ont alors reçu en complément de leur chimiothérapie à base de molécules docétaxel, de la curcumine avant, pendant et après leur cure. Il s'agit de curcumine purifiée plus concentrée que le curcuma que l'on trouve dans le commerce.

L'objectif de ce protocole est de voir si la curcumine potentialise l'efficacité de la chimiothérapie. Par exemple, dans le cas du cancer de la prostate. Les résultats des scanners et les PSA (marqueur biologique) ont été analysés. Résultat pour le PSA : 59% de réponse donc de diminution ou de stabilité du taux du PSA dans le cadre de l'étude. Les scanners, eux, ont montré un bénéfice clinique chez 40% des patients pour lesquels il y a eu une réponse dite partielle. Ces premiers éléments sont très prometteurs.

Mais pourquoi la curcumine a-t-elle un intérêt associée à la chimiothérapie ? Selon le Dr Hakim Mahammedi, oncologue, "cela diminuerait l'efficacité, l'agressivité des cellules tumorales et ça couperait les vaisseaux d'alimentation des tumeurs". La deuxième phase de l'étude est en cours. Les résultats définitifs devraient être connus en 2017.

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