Sport : quel impact sur le cancer ?
Le laboratoire Mouvement, sport et santé de l'université de Rennes a intégré le dernier classement de Shanghai des meilleures universités au monde. La spécialité récompensée est l'étude de l'activité physique sur l'homme et sur le cancer. Le laboratoire dispose d'un plateau technologique unique en Europe et ses recherches sur le cancer pourraient bientôt déboucher sur une étude clinique de grande envergure.
À la pointe, l'équipement de ce laboratoire rennais est unique en Europe. Si on y étudie la réponse du corps à l'effort, c'est aussi pour utiliser cette expertise dans la recherche médicale contre le cancer. Et plus particulièrement sur celui de la prostate. À partir de tumeurs injectées sur des souris sédentaires et en action, les chercheurs étudient l'impact de l'activité physique sur la prolifération des cellules cancéreuses.
Grâce à différentes analyses et observations, les chercheurs ont ainsi démontré que l'activité physique ralentirait la croissance tumorale parce qu'elle "permet de diminuer l'expression du marqueur de prolifération", explique le Dr Amélie Rebillard, enseignant chercheur en biologie. Et pour étudier la croissance de la tumeur, les chercheurs vont encore plus loin en utilisant des stimulations électriques in vitro.
Dans l'attente de résultats, les chercheurs se concentrent également sur un autre support de recherche : le sang. Du plasma de sportifs et de personnes sédentaires est ainsi injecté dans des cellules de tumeurs de la prostate. Objectif : analyser le rôle du sang dans la prolifération du cancer. "Les premiers résultats montrent que dans le sang de sujets sportifs, il y a des éléments qui permettent de diminuer la division des cellules cancéreuses prostatiques. Reste maintenant à découvrir quel marqueur sanguin est responsable de cet effet", indique le Dr Rebillard.
Des résultats qui pourraient permettre d'évaluer les bénéfices-risques d'une pratique sportive sur certains cancers. À l'hôpital de Rennes, le service d'urologie collabore ainsi avec le laboratoire pour améliorer l'efficacité des traitements comme le souligne le Dr Romain Mathieu, urologue : "Cela nous permet notamment d'envisager des projets où nos patients vont être suivis une fois le diagnostic de cancer de prostate établi, une fois le traitement mis en place et de pouvoir juger entre différents groupes de patients, ceux qui ont eu une activité physique intense, ceux qui ont eu une activité physique modérée et voir l'impact que cela peut avoir sur différents bilans biologiques au cours du suivi ou encore sur leur survie".
Une étude clinique d'envergure pourrait ainsi voir le jour rapidement afin de vérifier chez un grand nombre de patients l'impact du sport sur la croissance des tumeurs.