Maladies cardiovasculaires, inégalités… Les femmes, grandes oubliées de la santé
La revue 60 millions de consommateurs consacre son dernier hors-série à la santé des femmes. Sophie Coisne, sa rédactrice en chef adjointe, estime qu’il y a encore des "combats à mener" face aux inégalités de genre.
Substances nocives dans les protections hygiéniques, baisse du nombre de gynécologues… La santé des femmes est dans le rouge. Voici la synthèse du dernier numéro du magazine 60 Millions de Consommateurs, consacré spécifiquement au sujet de la santé féminine.
Sur le plateau du Mag de la Santé, Sophie Coisne, rédactrice en chef adjointe de la revue, revient sur les principaux enseignements de ce dossier spécial. "Nous nous sommes rendus compte que les femmes ne s'occupent pas suffisamment d'elles et de leur santé", explique-t-elle. "Elles vont faire passer celle de leurs enfants ou de leur compagnon avant elles."
À lire aussi : Santé des femmes : comment combattre les inégalités de genre ?
Des médicaments inadaptés
Un chapitre, consacré aux médicaments, illustre cette inégalité entre les hommes et les femmes. Selon les données recueillies par la revue, ces dernières ont deux fois plus de risque de subir des effets secondaires liés à la prise de médicaments, car les essais médicamenteux sont bien plus largement réalisés sur des hommes.
Pour exemple, 60 Millions de Consommateurs pointe du doigt les essais cliniques liés au VIH, qui n’incluent qu’entre 15 et 30 % de femmes alors qu’elles représentent 53 % des personnes vivant avec le virus dans le monde. "Or on sait bien que le métabolisme des femmes est différent", rappelle Sophie Coisne. "Le métabolisme, la digestion ou le débit sanguin sont plus lents chez une femme. Raison pour laquelle les médicaments ne sont pas métabolisés de la même manière" que chez un homme.
Des inégalités même dans la santé cardiaque
Un autre chapitre consacré à la santé cardiaque des femmes met en avant la fréquence plus importante de mort par maladies cardiovasculaires chez la femme, notamment parce qu’elles sont moins bien diagnostiquées.
Une prévalence qui s'explique par des facteurs de risque standards (comme le tabac, le stress ou l'hypertension) plus toxiques chez les femmes. Mais également par une prise en charge plus tardive que pour les hommes. Pour quelle raison ? Car les femmes appellent les secours en moyenne 37 minutes plus tard pour elles que pour leurs compagnons.
Comment contourner la pénurie de gynécologues ?
60 Millions de Consommateurs alerte également sur la pénurie de gynécologues, qui plombe la santé intime des femmes. En 13 ans, le nombre de spécialistes a chuté de 65 % en France.
Alors qu'une femme sur trois n'a pas consulté depuis deux ans, le magazine conseille de se tourner vers un CHU ou une sage-femme pour assurer son suivi gynécologique.