Autisme : les diagnostics précoces en augmentation
Le nombre des troubles du spectre de l’autisme (TSA) a augmenté au cours des dernières décennies, selon Santé publique France. En cause : une évolution des critères diagnostiques et une meilleure détection de ces troubles.
Combien de personnes souffrent de troubles du spectre de l’autisme (TSA) en France ? A cause de la grande diversité de ces troubles, le diagnostic est complexe à établir et le nombre de patients est donc difficile à estimer. Les experts de Santé publique France consacrent le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) du 10 mars 2020 à cette question de la prévalence de l’autisme.
Les résultats présentés dans ce bulletin montrent que la prévalence des TSA est en hausse au cours de ces dernières années, ce qui s’explique notamment par une évolution des critères diagnostiques et par une meilleure détection précoce.
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Deux registres de recensement
En France, il n’existe pas de système de surveillance des troubles du spectre de l’autisme au niveau national. Les chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de Toulouse et de Paris qui publient leurs résultats dans le BEH se sont donc appuyés sur deux registres français des handicaps de l’enfant. Le premier, RHE31, couvre le département de la Haute-Garonne. Le second, RHEOP, couvre ceux de l’Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie. Tous deux ont pour mission l’enregistrement systématique des enfants résidant dans les départements concernés et présentant un TSA ou une déficience neuro-développementale ou neurosensorielle sévère au cours de l’année civile de leurs huit ans.
Près de huit enfants sur 1.000
Au total, 2.749 cas d’enfants nés entre 1995 et 2010 et ayant reçu un diagnostic de TSA au plus tard entre 2003 et 2018 ont été consignés dans ces deux registres.
Sur cette période de 15 ans, les chercheurs ont pu noter une hausse de la prévalence. Ainsi, de la génération des enfants nés en 1995-1997 à celle des 2007-2009, la prévalence des TSA est passée de 2,3 à 7,7 pour 1.000 enfants pour le RHE31. De même, la prévalence est passée de 3,3 à 5,6 pour 1.000 enfants pour le RHEOP.
Cette tendance à la hausse s’explique, selon les spécialistes, par plusieurs facteurs : une évolution de la définition et des critères diagnostiques, une sous-estimation antérieure de l’autisme par manque de campagnes de prévention et d’information et une meilleure détection précoce.
Un diagnostic encore complexe chez les filles
Par ailleurs, dans les deux registres, l’augmentation de la prévalence concernait principalement les garçons, même si une "tendance à l’augmentation" se profile chez les filles pour le RHE31.
Et pour cause : "malgré les avancées récentes, l’identification des signes de troubles de la communication sociale [reste] difficile chez les filles spécialement, peut-être du fait de l’utilisation de mécanismes compensatoires" avancent les chercheurs.
Moins de retard intellectuel
Enfin, dernière observation des chercheurs : pour les deux registres, la proportion d’enfants présentant un retard intellectuel associé au diagnostic de TSA a diminué significativement au cours des dernières années. Plus précisément, la proportion d’enfants TSA avec un retard intellectuel était de 30,4% dans le RHEOP et de 36,0% pour le RHE31 chez les sujets né en 2007-2009. Ces proportions atteignaient 69,9% au RHEOP et 68,7% au RHE31 chez les enfants nés en 1995-1997.
Des interventions et une prise en charge plus précoces des jeunes patients pourraient expliquer cette évolution.
Des chiffres comparables aux données européennes
En conclusion, "ces résultats confirment une augmentation des diagnostics de TSA chez les enfants de huit ans, avec des diagnostics mieux spécifiés et davantage d’enfants sans retard intellectuel associé" notent les chercheurs dans le BEH.
Si les différences constatées entre les territoires de surveillance "invitent à la prudence sur une éventuelle généralisation de ces données à un niveau national", les résultats de cette étude sont comparables "à certaines estimations européennes récentes pour les mêmes tranches d’âge". Un constat qui vient "valider l’intérêt d’un tel système de surveillance", appuie enfin le BEH.