Autisme : une association se bat pour l'insertion professionnelle des adultes
Seuls 10 à 20% des adultes autistes ont accès aujourd'hui à l'emploi. L'association "Vivre et travailler autrement" propose d'aider des adultes autistes modérés et sévères à trouver un emploi au sein d'entreprises et d'organismes médicao-sociaux.
"Engagez un autiste. C'est son intérêt, c'est l'intérêt de votre entreprise, c'est notre intérêt à tous."
Ces mots se détachent sur la page d'accueil de l'Association Vivre et travailler autrement. Créée en décembre 2014, elle met en place l'insertion des personnes atteintes d’autisme modéré à sévère, en mettant en contact ces personnes avec des entreprises et des organismes médicaux-sociaux. Plus d'1 personne sur 100 est atteinte de troubles autistiques, un taux qui souligne l'importance de l'insertion professionnelle.
"Au cours des dernières années en France, des efforts louables et importants ont été portés sur le diagnostic et la prise en charge des enfants et adolescents, pointe Jean-François Dufresne, président de l'association Vivre et travailler autrement.
Mais pour les personnes autistes arrivées à l’âge adulte, les solutions proposées sont aujourd’hui insuffisantes en nombre, très coûteuses et pas toujours adaptées à une population autiste très diverse en termes de potentiel et de capacités. Le principe consiste à proposer à des adultes atteints de troubles modérés à sévères, un emploi en CDI en usine, un hébergement ouvert et des activités favorisant leur insertion et leur épanouissement."
La grande force du dispositif est d'associer les acteurs de la sphère industrielle, du secteur public (l'agence régionale de santé et les collectivités locales) et du tissu associatif, pour faciliter l'insertion professionnelle des personnes autistes et leur hébergement.
"Des salariés modèles"
D'après Pôle emploi, seuls 10 à 20% des adultes autistes ont accès à un emploi. Un paradoxe souligné par l'association puisqu'ils présentent des compétences recherchées en usine. Dotés de capacités de concentration et de précision, d'un goût pour les opérations répétitives, ils se révèlent des travailleurs méthodiques, perfectionnistes et fiables.
"Ce qui les handicape fait aussi d'eux des salariés modèles, c'est leur force, s'exclame Yenny Gorce, directrice générale de l'association et auteure du livre "Facile ! Petit guide pratique pour réussir l'inclusion en entreprise" aux Editions Télémaque. Les entreprises impliquées sont dans l'industrie logistique, principalement agro-alimentaire et cosmétique, comme Andros, GIFI et L' Oréal."
Certaines conditions toutefois s'imposent pour réussir l'insertion : "le poste de travail doit être adapté et nous transmettons un savoir-faire à l'entreprise et à tous les acteurs impliqués, reprend la directrice de l'association. Les adultes autistes ont besoin d'être préparés et accompagnés dans l'entreprise, avec des outils qui leur sont accessibles à leur niveau de compréhension."
Un dispositif gagnant-gagnant
Actuellement, une vingtaine de salariés sont insérés d'après Yenny Gorce mais d'ici 2 ans, un CDI sera proposé à plus de 110 personnes autistes. Ils ont alors le même salaire que les autres salariés au même poste et avec les mêmes conditions, comme l'intéressement. Une équipe de spécialistes de l'autisme fait l'intermédiaire entre les salariés autistes et l'entreprise, tout au long du CDI.
" Les retours des entreprises sont extraordinaires, estime Yenny Gorce. Les entreprises sont encore plus engagées et impliquées que nous, elles se mobilisent !"
En plus de cet engagement, les entreprises tirent plusieurs bénéfices : le turn-over sur ces postes est également diminué grâce au goût pour les tâches répétitives et il n'y a pas de perte de performance ni de productivité puisque le fonctionnement des personnes autistes leur offre un niveau de concentration constant que les salariés non autistes n'auront pas.
De plus, l'embauche de travailleurs handicapés illustre les valeurs humaines de l'entreprise et permet aux collaborateurs de vivre une expérience unique.
C'est ce que l'on appelle un dispositif gagnant-gagnant...