Hémorragie cérébrale : un pronostic impossible
Survie certaine à 30 jours ou décès inévitable ? Dans le cadre d'une étude, 742 médecins étasuniens ont été invités à établir indépendamment un pronostic sur deux cas d'hémorragie cérébrale. Résultat : pour un même dossier médical, toutes les opinions sont représentées. Pourtant, ces pronostics ont des conséquences importantes en termes de choix thérapeutiques.
L'accompagnement des victimes d'hémorragies cérébrales majeures dépend, pour beaucoup, des chances de survie du patient. Mais pour établir le pronostic, les médecins n'ont pas tous la même recette…
Des études réalisées aux Etats-Unis avaient déjà pointé du doigt une grande hétérogénéité des estimations des médecins autour de cas analogues. Dans une étude publiée ce 15 mai dans la revue Neurology, des chercheurs du Michigan sont allés plus loin, en soumettant à 742 neurologues et neurochirurgiens deux cas cliniques détaillés. Les cas transmis étaient choisis aléatoirement parmi quatre [1].
Pour les patients présentant un niveau de conscience moyen (7 sur l'échelle de Glasgow), la mortalité à 30 jours oscillait entre certaine (100%) à totalement improbable (0%), toute la gamme de l'incertitude étant représentée. Pour les patients dont le niveau de conscience était le plus faible, les pronostics étaient majoritairement négatifs, mais oscillaient largement entre 0% et 50% dans un cas, 0% et 80% dans le second.
Les auteurs de l'étude concèdent que cette sollicitation d'avis "pourrait ne pas refléter les complexités de la pratique médicale", et que les médecins "peuvent être en mesure de faire un meilleur pronostic […] lorsqu’ils peuvent interagir avec le patient et sa famille". On notera que ces travaux n'ont pas simulé un suivi de l'état du patient sur plusieurs jours.
L'étude révèle vraisemblablement moins un défaut de formation des médecins que la grande variabilité des paramètres pouvant influer sur la survie d'une victime d'hémorragie cérébrale.
Source : Variability in physician prognosis and recommendations after intracerebral hemorrhage. D.B. Zahuranec et al. Neurology, 15 mai 2016. doi:10.1212/WNL.0000000000002676
[1] Portant sur des sujets âgés de 56 et 76 avec un score de 7 sur l'échelle de Glasgow (état de conscience), et de 63 et 83 ans, avec un score de 11.