Parkinson : des avancées médicales considérables
En France, selon l'association France Parkinson, plus de 200.000 personnes souffrent de cette maladie chronique, qui provoque d'importants troubles moteurs, qui altère fortement la qualité de vie des patients. Si on ne guérit pas de la maladie de Parkinson, des avancées récentes permettent aux malades de mieux vivre avec la maladie.
Tremblements, lenteur dans les déplacements et raideurs musculaires... sont les signes les plus visibles de la maladie de Parkinson. En France, près de 200.000 personnes sont touchées par cette maladie. Elle est diagnostiquée en moyenne vers l'âge de 58 ans mais des patients plus jeunes sont aussi concernés. Aucun traitement ne permet pour l'instant d'en guérir mais de nombreuses avancées ont permis d'améliorer la vie quotidienne des patients.
La maladie de Parkinson fait partie des maladies dites "neurodégénératives". Les neurones de zones spécifiques du cerveau disparaissent de façon irréversible. La substance noire et le striatum sont deux régions qui communiquent grâce à la présence d'un réseau de neurones. Les informations sont transmises par l'intermédiaire d'un messager chimique, la dopamine. La dopamine régule notamment l'activité des neurones qui contrôlent la contraction des muscles et des mouvements. Or, dans la maladie de Parkinson, les neurones à dopamine sont attaqués.
Normalement, les cellules microgliales sont chargées de les protéger des attaques extérieures. Mais en cas de Parkinson, ces cellules de défense ne les reconnaissent plus et les attaquent en libérant des molécules tueuses. Elles vont se fixer sur les neurones malades et les faire disparaître. Problème, les neurones sains à proximité vont eux aussi disparaître.
Conséquence de cette dégénérescence : il y a moins de neurones donc moins de dopamine. Sans ce messager, la contraction des muscles n'est plus parfaitement contrôlée, d'où les signes caractéristiques de la maladie de Parkinson : raideur des muscles, lenteur et difficulté des mouvements (akinésie). On note aussi des signes de tremblements lorsque la personne est au repos. D'autres symptômes sont possibles : troubles de l'élocution, de l'écriture, du sommeil, de l'équilibre, cognitifs. Une anxiété ou une dépression peuvent être observées.
Mieux vivre avec la maladie de Parkinson
Pour vivre au mieux avec la maladie de Parkinson, l'éducation thérapeutique est un élément capital de la prise en charge des patients. Dans le Nord-Pas-de-Calais, une association permet de dispenser cette éducation thérapeutique au domicile des patients, s'ils en font le choix, grâce à un réseau créé entre la ville et le centre hospitalier de Lille.
Si ces interventions à domicile évitent aux patients un long trajet jusqu'à l'hôpital, cette approche très personnalisée permet notamment de répondre à toutes les questions du patient sur les traitements du Parkinson parfois compliqués à observer.
Dans le cadre de ce programme d'éducation thérapeutique à domicile, les patients bénéficient aussi de séances d'activité physique adaptées. "L'objectif est d'améliorer l'autonomie du patient et de lui permettre de reprendre une activité physique régulière et surtout adaptée à ses capacités. On réalise des exercices de renforcement musculaire, de coordination, d'étirement, d'assouplissement…", explique Rémi Lootgieter, professeur d'activités physiques adaptées.
Les patients suivent ainsi un programme personnalisé, établi conjointement par une association de soins à domicile et le centre hospitalier de Lille. Une fois par mois, les référents du service de neurologie et les professionnels du réseau font le point sur les besoins des patients. "Le fait de bénéficier de séances d'éducation thérapeutique permet à chaque patient et aux aidants de préparer la future consultation avec le neurologue référent. Et cela est vrai aussi pour la gestion des traitements des effets secondaires. Le fait que les patients aient une meilleure connaissance de leur traitement va aussi faciliter les explications au cours de la future consultation", note le Pr Luc Defebvre, neurologue au CHRU de Lille.
Le programme à domicile s'adresse aux patients qui connaissent des fluctuations de leur état moteur, qui sont éloignés de l'hôpital ou préférant une approche individuelle. À ce jour, une cinquantaine de personnes en bénéficient dans la région Nord-Pas-de-Calais.
Ce programme est soutenu financièrement par l'Agence régionale de santé du Nord-Pas-de-Calais. D'autres ateliers sur la maladie de Parkinson sont proposés comme l'information sur les troubles de la déglutition, la dénutrition ou encore l'écoute du conjoint.
Parkinson : l'espoir de la thérapie génique
La recherche est très active dans la maladie de Parkinson. Avec notamment, la thérapie génique comportant deux axes d'action : ralentir la progression de la maladie, grâce à des facteurs favorisant et protégeant les neurones. Les chercheurs se concentrent sur 2 facteurs impliqués (le GNDF et le NTN).
Depuis 2008, une équipe franco-anglaise travaille sur le second axe de recherche : favoriser la production de dopamine, grâce à la thérapie génique. L'objectif de ce traitement très innovant est de reprogrammer certaines cellules cérébrales pour qu'elles sécrètent de nouveau la dopamine dont manquent les patients parkinsoniens.
Lors de cette intervention, la tête du patient est maintenue par un cadre. Et grâce à l'imagerie, le neurochirurgien navigue précisément dans le cerveau pour se repérer. Il utilise l'enveloppe d'un virus pour transporter le médicament jusqu'à la cible d'injection comme l'explique le Pr Stéphane Palfi, chef du service de neurochirurgie de l'hôpital Henri Mondor : "On utilise des vecteurs viraux. Ce sont des virus sauvages pour lesquels on a enlevé tous les gènes pathogéniques, qui entraînent une maladie. Et à la place des gènes retirés, on met les gènes médicaments qui sont donc les gènes qui sécrètent les enzymes".
Une pompe injecte le médicament, appelé Prosavin® contenant les gènes qui vont reprogrammer les cellules cérébrales. Elles se mettront à fabriquer et sécréter la dopamine qui fait défaut chez les patients parkinsoniens, réduisant ainsi leurs symptômes. Depuis le début du protocole en 2008, aucun effet indésirable n'a été rapporté et les résultats sont prometteurs.
L'essai clinique se poursuit et ses résultats doivent être consolidés par d'autres travaux. Le Pr Palfi, auteur de l'essai, a lancé en 2014 une nouvelle étude clinique pour évaluer l'efficacité et la tolérance du Prosavin® Les résultats sont attendus fin 2022, ils apparaissent modérés d'après cette étude analysant les avancées thérapeutiques en 2021.".
Si la thérapie génique ne guérit pas la maladie, elle en réduit les symptômes et la prise médicamenteuse. Chez tous les patients, les symptômes moteurs du Parkinson ont été améliorés jusqu'à un an après l'administration du traitement. Un essai de thérapie génique contre placebo est envisagé fin 2015.
Parkinson : une rééducation par les jeux vidéo
Pour retarder l'évolution des troubles moteurs comme les troubles posturaux et la rigidité musculaire, la rééducation en kinésithérapie est recommandée.
Plus qu'une rééducation ludique, c'est avant tout une activité très spécifique car les jeux évoluent en fonction des troubles du patient. "Le thérapeute va pouvoir prendre la main sur le jeu pour créer des niveaux qui soient adaptés aux capacités à la fois physiques et cognitives des patients et aussi à ses objectifs de rééducation", explique Guillaume Tallon, responsable validation clinique NaturalPad.
Selon Romain Martinache, kinésithérapeute, cette rééducation par les jeux vidéo a un intérêt parce que "le patient y trouve plus de motivation, donc s'il y a plus de motivation, s'il a l'envie, il y a plus de résultats par la suite". Une rééducation ludique qui complète des séances plus classiques indispensables dans la prise en charge de la maladie de Parkinson comme le confirme le Dr Emilie Guettard du service médecine physique et de réadaptation de la clinique Beau soleil (Montpellier) : "L'activité physique ne va pas guérir la maladie mais elle permet de maintenir un niveau de fonctionnement. Elle permet de ralentir une dégradation et elle améliore aussi la qualité de vie et la participation sociale. Et on sait que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson qui vont pratiquer une activité physique, vont globalement être mieux dans leur vie en général, pas uniquement sur le plan moteur mais aussi sur d'autres éléments cognitifs, plaisir de vivre… et cela nous paraît intéressant à développer".
Reste à sensibiliser les malades sur ces bénéfices car la plupart réduisent leur activité physique de 15 à 30% par rapport aux autres seniors du même âge.
Parkinson et troubles du sommeil : quel lien ?
La maladie de Parkinson évolue lentement. Mais il existe peut-être des signes précoces qui permettraient de prendre en charge plus tôt les malades. À Montpellier, des chercheurs s'intéressent aux troubles du sommeil qui apparaîtraient en amont de la maladie.
Les rêves agités sont caractéristiques de la maladie de Parkinson comme l'explique le Dr Valérie Cohen De Cock, neurologue : "Ces rêves agités sont retrouvés chez près de la moitié des patients parkinsoniens donc ils sont très fréquents au cours de la maladie de Parkinson. Mais ce qui est particulièrement intéressant avec ce phénomène, c'est qu'il semble précéder de plusieurs années la survenue de la maladie de Parkinson chez de nombreux patients". D'où l'idée pour les chercheurs de savoir si les rêves agités ne pourraient pas être utilisés pour un diagnostic précoce de la maladie.
Pour le déterminer, une équipe de chercheurs suit des malades parkinsoniens mais également des individus sains faisant aussi ces rêves agités. "Plus les patients ont une présence de tonus pendant le sommeil paradoxal, plus le risque de développer une maladie de Parkinson est grand. C'est-à-dire que le pourcentage de temps passé avec une activité sur les muscles pendant le sommeil paradoxal semble être corrélé avec le délai d'apparition de la maladie de Parkinson", confie le Dr Cohen De Cock.
Afin de confirmer que les rêves agités sont des indicateurs précoces de la maladie, deux autres troubles liés à Parkinson doivent être identifiés : la perte d'odorat et la difficulté de faire deux actions simultanées. D'ici quelques mois, les résultats des deux groupes de patients seront comparés, ils permettront de savoir si ce trouble du sommeil est vraiment un marqueur précoce de la maladie de Parkinson.
Parkinson : un nouveau médicament à l'essai
Aujourd'hui, les médicaments utilisés dans le cadre de la maladie de Parkinson n'agissent que sur les symptômes. Ils ne permettent pas de guérir la maladie. Des recherches sont toutefois en cours pour préserver les neurones non atteints par la maladie.
Des malades de Parkinson ont récemment participé à un essai clinique concernant un nouveau médicament mis au point dans un laboratoire de neuropharmacologie, la défériprone. Ce médicament est un chélateur de fer, autrement dit une molécule capable de capturer le fer en excès dans le cerveau des malades parkinsoniens. Un excès de fer qui favorise la mort des neurones : "L'idée est d'aller chélater, donc d'attraper ce fer légèrement en excès et de le redistribuer dans le reste de l'organisme", explique le Pr David Devos, neuropharmacologue.
L'efficacité et l'innocuité de cette molécule son testées chez l'être humain. C'est dans ce cadre que des patients ont testé ce nouveau médicament et les résultats ont montré une légère amélioration des symptômes, confirmée par une étude londonienne. "On cherche à avoir une première ligne de traitements à la phase précoce de la maladie qui pourraient ralentir son évolution, adoucir la pénibilité dans les années futures et améliorer la qualité de vie des patients", confie le Dr Caroline Moreau, neurologue.
Les résultats observés doivent être confirmés sur un plus grand nombre de malades. Une étude incluant plusieurs centres est actuellement en cours.
Parkinson : une montre connectée pour un meilleur suivi
Dans la maladie de Parkinson, de nombreuses avancées ont permis d'améliorer la vie quotidienne des patients. Récemment, un dispositif a été mis au point : l'actimètre. En offrant un suivi ultra-précis des malades, il permet aux médecins d'adapter plus finement l'administration des traitements.