Pesticides : un cas de Parkison reconnu post-mortem comme maladie professionnelle
Un agriculteur a obtenu une reconnaissance post-mortem par la justice de l’origine professionnelle de sa maladie de Parkinson. Il avait travaillé au contact de pesticides pendant près de 40 ans.
Une reconnaisse post-mortem. Marcel Geslin, ancien employé arboricole décédé en juin 2018 à 74 ans, a obtenu le 15 avril 2019 la reconnaissance par la justice de l’origine professionnelle de sa maladie de Parkinson. Le tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) du Maine-et-Loire conclut dans son jugement consulté par l’AFP "que la maladie de Monsieur Geslin doit être prise en charge au titre de la législation sur les risques professionnels" et enjoint à la Mutualité sociale agricole (MSA) de Maine-et-Loire "d'opérer en conséquence les régularisations financières". Depuis mai 2012, un décret paru au Journal Officiel reconnaît en effet la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle chez les agriculteurs. D’un point de vue biologique, le lien entre une exposition aux pesticides et la maladie de Parkinson repose sur l’action toxique de ces substances sur les neurones. Principaux concernés : les neurones dopaminergiques, dont la dégénérescence est caractéristique de la maladie de Parkinson. Et plus l’exposition aux pesticides dure dans le temps, plus le risque de développer cette maladie est élevé.
37 ans d'exposition dans les vergers
Pour Marcel Geslin, l’exposition a duré 37 ans, pendant lesquels il était employé dans la même entreprise arboricole à Loiré, près d'Angers. Marcel travaillait dans les rangs de vergers pendant et après les traitements des cultures aux pesticides. Ses troubles ont été diagnostiqués "de type Alzheimer" en 2008, après son départ en retraite, avant d'être requalifiés en "maladie de Parkinson" quelques années plus tard, entraînant de fait l'ouverture d'une demande de reconnaissance en maladie professionnelle provoquée par les pesticides.
"Cette reconnaissance nous a été refusée une première fois en 2017 parce que le certificat initial de son médecin traitant n'avait fait mention que de 'troubles de mémoire'. Alors même que la MSA disposait de tous les avis des spécialistes", regrette Michel Geslin, frère et tuteur de Marcel, qui a mené le combat pour obtenir cette reconnaissance. Un deuxième refus a été opposé à la famille en 2018 pour des questions de délai d'instruction.
"Se battre pour l’indemnisation des personnes encore en vie"
Aujourd’hui, "c'est plus qu'une victoire pour l'honneur", a déclaré à l'AFP Michel Geslin qui n’attend aucune compensation financière, disant "préférer se battre pour l'indemnisation de personnes encore en vie". Il ajoute : "Avec la médiatisation de l'histoire de mon frère, nous avons fait bouger les choses. D'autres victimes des pesticides se sont manifestées auprès de nous pour faire entendre leur voix et ne plus subir la loi du silence."
Le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest a également réagi en rappelant que la reconnaissance en maladie professionnelle constituait "un dû pour tous ceux qui ont utilisé ou été exposés aux pesticides sans être informés des dangers, formés et protégés." Ce collectif, qui revendique 14 reconnaissances auprès des Tass de la région depuis sa création il y a quatre ans, poursuit : "Etre reconnu en maladie professionnelle, c’est faire la preuve que ces pesticides rendent malades, tuent, anéantissent des familles."