1. Accueil
  2. Santé
  3. Maladies
  4. Maladies neurologiques
  5. Cerveau et neurologie

Tête-à-tête amoureux avec votre cerveau

SPEED DATING – Bien caché dans votre crâne, dissimulé derrière votre visage, il est le gardien de vos souvenirs, le responsable de vos choix, le chef d'orchestre de votre vie, le siège de votre personnalité, le réservoir infini de vos rêves, de vos espoirs et de votre imagination. Mais connaissez-vous bien cet organe boursouflé et quelque peu disgracieux, qui fait de vous celui que vous êtes ? Faites-vous suffisamment attention à ce précieux concubin ? Savez-vous être digne de ses efforts quotidiens ? Allodocteurs.fr a organisé un (premier) petit rendez-vous aux chandelles pour poursuivre l'aventure sur des bases saines avec cet organe si mystérieux...

Florian Gouthière
Rédigé le , mis à jour le
Pensez à venir avec des fleurs ! (© fabioberti.it - Fotolia)

Le cerveau est à l'heure au rendez-vous, baignant dans son liquide céphalo-rachidien. Celui-ci est dilué "juste ce qu’il faut" : s'il contenait trop d'eau, l'excédent s'infiltrerait dans le précieux organe, et pourrait entraîner des dysfonctionnements.

Surtout, surtout, si le rendez-vous se déroule mal, ne pas lui jeter un verre d'eau dans son bocal...

Combien doit-il peser ? Environ 1,3 kg ? C'est bien peu, finalement, au regard de son importance dans nos existences (et de notre masse totale).

Ce malotru a déjà commencé à manger…

En dépit de son petit gabarit, le cerveau mange comme quatre : il consomme 20% de l'oxygène respiré et du glucose utilisé par notre corps... Un sacré appétit, qu'il ne faut surtout pas interrompre. S'il cesse d'être alimenté en oxygène plus de quelques minutes, les cellules qui le composent sont condamnées à mourir.

Vu sa gloutonnerie, espérons que nous payerons la note de ce dîner séparément... D'autant plus que la vue de cette espèce de gros chou-fleur humide peut couper l'appétit.

Chaque année à la mi-mars, la Société des Neurosciences coordonne la "Semaine du cerveau", offrant une tribune aux médecins et aux chercheurs pour présenter les enjeux de ces recherches et leurs implications pour notre société.

Sous des dehors peu avenants, un être fascinant

Allons, prenons-le temps de regarder par-delà la surface. Il faut franchir plusieurs membranes protectrices (les méninges), pour découvrir un amas gélatineux et mou. Il ne faudrait pas y mettre le doigt même si, en l'absence de récepteurs de la douleur, le cerveau ne pourrait pas avoir "mal" [1].

Si les "petits durs" vous impressionnent, voilà un argument qui pourrait vous séduire...

Dans cet amas, près de neuf cellules sur dix ne sont pas des neurones (cellules de base du système nerveux) mais des "cellules gliales" – de grec γλία (glia), la colle, qui a donné le mot "glue". Plus petites que les neurones, elles drainent auprès d'elles nutriments et oxygène, assurent leur gainage, et prennent part aux travaux de toilettage quotidiens (essentiellement nocturnes) qui permettent au cerveau de rester en bonne forme.

En volume, la moitié de notre cerveau est donc constitué de ces cellules "glue". Le reste est constitué d'environ 85 milliards de neurones. [2]

Au cours de notre développement embryonnaire, nous avons formé la quasi-totalité de ce stock de neurones. Depuis la fin du XIXème siècle (et les travaux du biologiste Santiago Ramón y Cajal) et jusqu'au début des années 1980, la communauté scientifique considérait qu'aucun nouveau neurone ne pouvait se développer dans un cerveau adulte. Des travaux réalisés chez le canari, puis chez les poissons, et bientôt sur des mammifères, ont démontré que de nouvelles cellules nerveuses naissaient - en petit nombre - dans certaines zones précises du cerveau tout au long de l'existence.

Ainsi, il est né "bien doté"... Mais sans vouloir paraître vénal, reste à savoir si cet organe est bien capable de faire fructifier son capital.

Populaire sur son propre réseau social

A défaut de créer de nouveaux neurones, on peut les relier d'une infinité de façon - et là est bien l'essentiel. Les neurones sont des relais électriques, transmettant sans cesse des influx nerveux à leurs voisins. Leurs prolongements (des fibres dénommées axones) courent vers la surface d'autres neurones (au niveau de récepteurs dénommés dendrites).

Pour chaque neurone, il y a entre un... et cent mille sites d'interconnexion (les synapses) avec d'autres neurones. Il existe donc des milliards de chemins pour relier entre eux deux neurones, pour réaliser des échanges nerveux. Le cerveau est une sorte de "réseau social" de neurones où plusieurs milliards d'amis peuvent être mis en contact aisément et nouer, si besoin, des contacts directs. Au cours de notre enfance, apprendre est facile : développer de nouvelles connexions neuronales est rapide, et répéter une action permet de consolider l'interconnexion du réseau.

L'aptitude du cerveau à développer et adapter ces connexions est désignée sous le nom de plasticité cérébrale. Si une voie est utilisée, elle est renforcée. Si elle est abandonnée, la connexion est perdue. En somme : soit nous entretenons le réseau, soit nous perdons nos aptitudes...

Pour tirer le meilleur parti de cette histoire de couple, il faut sans cesse raviver la flamme, solliciter tous ses talents en bougeant, en découvrant, en apprenant... C'est une relation très exigeante, mais dont on peut tirer tant de satisfaction...

Il n'a pas la bosse des maths (ni la "bosse" de quoi que ce soit d'ailleurs)

A la fin du XVIIIème siècle, des anatomistes révèlent que le cerveau n'est pas une masse homogène. Des biologistes émettent alors l'hypothèse que cet organe est une agrégation de sous-organes ayant des fonctions mentales spécifiques, bien localisées. Pendant près d’un siècle, l’idée selon laquelle le cerveau aurait des compartiments bien délimités (zone exclusivement dévolue aux mathématiques, au langage, à telle ou telle émotion) rencontre un grand succès. Mais, comme le confirmera bientôt l'imagerie cérébrale, les choses ne sont pas si simples : de très nombreuses aires cérébrales sont sollicitées simultanément, à des degrés divers, au cours de nos différents activités.

Pour une activité donnée, à un instant donné, l'intégralité de nos neurones ne sont pas simultanément sollicités [3]. N'en déduisez surtout pas que vous n'utilisez "que 10% de votre cerveau" dans votre existence !

Voilà, vous l'avez vexé… Lui qui se donne tant de mal pour bien faire.

Une cloche retentit... Ce speed dating touche à sa fin. Bien sûr, il a des manières un peu rustres... Bien sûr, il a l'air très occupé… Mais pourquoi ne pas donner une seconde chance à cet être fascinant et vraisemblablement plein de ressources ? Maintenant que vous avez un peu mieux fait connaissance, un deuxième rendez-vous s'impose, au cours duquel vous découvrirez ses plus belles qualités !

A suivre… 


[1] Ce qui permet d'ailleurs de réaliser un certain nombre d'opérations du cerveau... sur des patients éveillés !

[2] C'est un peu moins (mais du même ordre de grandeur) que le nombre d'étoiles dans notre voie lactée, estimé entre 100 et 400 milliards.

[3] A moins que vous ne lisiez cet article en courant, en mangeant, en inventant, en dessinant, en patinant, en composant, en apprenant, en comparant, en décodant, en écoutant, en appréciant... le tout, simultanément !

Vous avez commandé du vin... Il n'a pas l'air très emballé. Il faut dire que l'alcool, en maintenant ouverts certains canaux de connexion entre les neurones, ralentit considérablement l'activité du cerveau. Les dégradations occasionnées par les molécules d’alcool au niveau de ces cellules peuvent altérer durablement le fonctionnement de cet organe.

Cerveau et neurologie

Voir plus

Les dernières vidéos

Plus de vidéos

Nos fiches santé

Voir toutes les fiches santé