Multiplier les têtes au foot triple les risques de commotion cérébrale
La victoire est là mais une fois de plus, pendant ce Mondial, les chocs entre les joueurs ont été nombreux et violents en particulier au niveau de la tête. Or, selon une étude scientifique, les joueurs de football pratiquant souvent des têtes présentent trois fois plus de symptômes de commotion cérébrale que les autres.
Cette étude publiée dans la revue Neurology a été menée auprès de 222 adultes jouant au football en amateur, dont 79% étaient des hommes. "Ces résultats montrent que frapper le ballon de la tête est effectivement lié à des symptômes de commotions, contrairement aux conclusions d'une récente étude qui avait attribué ces symptômes à des chocs à la tête" entre joueurs, relève le Dr Michael Lipton de la faculté de médecine Albert Einstein à New York.
Un grand nombre de ceux pratiquant souvent des têtes ont signalé des symptômes classiques de commotions cérébrales, comme des céphalés, des étourdissements et de la confusion mentale même si ce traumatisme n'a pas été identifié chez eux, précisent les chercheurs. Les plus grands adeptes ont trois fois plus de risque de présenter des symptômes de commotion, a déterminé l'étude, précisant que cela pouvait aller de légers maux de tête à des étourdissements, voire à une perte de connaissance.
Le KO, kezako?
Être KO, battu par KO... Le mot est entré dans le langage courant. Les images de boxe ne nous surprennent plus, et les commotions cérébrales dans ce sport sont fréquentes. Mais la boxe n'est pas la seule discipline concernée. Tous les sports qui imposent un contact présentent des risques.
Qu'il y ait eu perte de connaissance ou pas, les commotions cérébrales ne sont pas sans risque. Le cerveau est entouré par des tissus que l'on appelle les méninges. L'ensemble baigne dans un liquide, et est protégé par la boîte crânienne. Quand il y a un choc, le cerveau va bouger, un peu comme une masse gélatineuse dans de l'eau. Il va se cogner contre les parois de la boîte crânienne. Cela va générer des lésions dans le lobe frontal. Ces lésions sont impossibles à détecter sur un IRM.
Le seul moyen de mesurer la gravité du choc est de faire passer au joueur un examen neurologique.
Commotion cérébrale : un trouble à surveiller
Maylis est une jeune joueuse de rugby amateur. Victime d'une commotion cérébrale il y a 3 semaines, elle va passer des tests neurologiques dans la seule consultation spécialisée pour les sportifs victimes de commotions cérébrales, créée il y a 5 ans.
On ne sait pas combien de commotions cérébrales un joueur peut supporter. Chacun de nous aurait une sorte de quota à ne pas dépasser, et qui varierait d'une personne à l'autre. Muhammad Ali, le célèbre boxeur américain, est aujourd'hui victime de ce que l'on appelle une démence pugilistique, c'est-à-dire un mélange entre maladie d'Alzheimer et de Parkinson.
Les premières études réalisées aux Etats-Unis montrent que de nombreux joueurs de football américain souffrent de troubles de la mémoire et du comportement, de dépressions chroniques.
La sensibilisation aux commotions cérébrales
Aujourd'hui, dans certains milieux sportifs, on commence à prendre en compte ce phénomène. La Fédération française de Rugby est la première à avoir mis en place un veritable protocole en cas de commotion cérébrale.
Les mentalités ont beaucoup évolué dans le sport professionnel. Le problème, c'est le milieu amateur où le risque est encore méconnu des médecins, des entraîneurs et des joueurs. Les commotions cérébrales sont fréquentes chez les enfants. Pas seulement ceux qui pratiquent le rugby ou la boxe, mais aussi tous les sports de combat, ou ceux où les joueurs peuvent entrer en contact comme le football.
En cas de doute, il est vraiment souhaitable que le petit sportif soit vu par un médecin pour faire des tests neurologiques. Et surtout, il est indispensable d'arrêter toute activité physique tant que les symptômes persistent au repos, ce qui peut prendre plusieurs semaines.