Arrêt cardiaque : oxygéner le sang hors du corps pour limiter les séquelles
Dériver le sang hors du corps pour l'oxygéner en attendant une prise en charge hospitalière : cette stratégie de traitement des arrêts cardiaques réfractaires, évaluée en France depuis 2011, apparait tripler le taux de survie sans séquelle des patients.
Un arrêt cardiaque est qualifié de "réfractaire" lorsque le cœur n’assure toujours pas ses fonctions de façon autonome après 30 minutes de réanimation cardio-pulmonaire. Hors hospitalisation, les taux de mortalité associés à cet événement "restent très élevés, avec des résultats neurologiques médiocres chez les survivants", déplorent les auteurs de l’étude.
Depuis le début de la décennie, une nouvelle procédure est développée en vue d’accroître les chances de survie en limitant les séquelles. Son objectif est d’assister la circulation sanguine dans l’attente d’une prise en charge hospitalière ou du rétablissement normal des fonctions cardiaques. "La circulation sanguine est dérivée au niveau de la veine fémorale", nous expliquait durant l’été 2016 l’urgentiste Gerald Kierzek. "Le sang est ensuite réoxygéné hors du corps grâce à une machine, avant de regagner l’artère fémorale", permettant aux organes d’être alimentés en dépit de l’arrêt du cœur.
Des chercheurs français, en étroite collaboration avec des médecins de plusieurs unités du SAMU, ont réalisé entre novembre 2011 et décembre 2015 un suivi de l’ensemble des patients bénéficiaires de ce type de prise en charge sur le territoire.
Une stratégie efficace
De novembre 2011 à décembre 2014, cette prise en charge était mise en œuvre après 30 minutes de réanimation cardio-pulmonaire infructueuse (114 patients). Durant la quatrième année de l'étude, le protocole a été modifié pour initier la procédure 10 minutes plus tôt, avec une limitation des doses d’adrénaline administrées (42 patients). L’intérêt de la procédure a été évalué sur le critère de la survie "avec une bonne fonction neurologique".
Selon les résultats publiés mi-avril dans la revue scientifique Resuscitation, le taux de patients avec peu ou pas de séquelles neurologiques était de 8% durant la première phase, contre 29% dans la seconde.
Ces travaux démontrent la faisabilité et l’efficacité de ce type de prise en charge. Toutefois, les auteurs soulignent que le délai de la prise en charge hospitalière reste un paramètre important pour accroitre les chances de survie sans séquelles.