Infarctus : prévenir la crise cardiaque
L'infarctus, ou crise cardiaque, touche plus de 120 000 personnes chaque année en France selon la Haute Autorité de santé. Quels sont les signes à reconnaître ? Comment agir sur les facteurs qui augmentent le risque ? On fait le point.
Une douleur aiguë dans la poitrine qui irradie vers le bras ou la mâchoire, des vertiges ou des nausées... Tels sont les signes d'alerte les plus classiques d'un infarctus du myocarde.
L'infarctus du myocarde en chiffres
En France, chaque année, 120 000 personnes sont victimes d'un infarctus, dont 25% de femmes d'après la Fédération française de cardiologie. C'est la première cause de mortalité chez les femmes et la deuxième chez les hommes.
La grande majorité des personnes victimes d'un infarctus survivent mais on constate encore au moins 10% de décès dans l'heure, quand l'infarctus est massif, et 15% dans l'année. Au total, 40 000 personnes décèdent chaque année des suites d'un infarctus.
Si l'infarctus a longtemps touché des hommes âgés, la population qui en est victime évolue : elle rajeunit avec des personnes de moins de 60 ans qui peuvent être concernées. Et la proportion de femmes jeunes augmente, évaluée à 25 % en 2010, contre 10 % en 1995. Principale cause : le tabagisme. Un infarctus sur quatre survient avant 65 ans chez les femmes (en 2006, c'était un sur six). En cause très souvent, le tabagisme. Pour ceux qui en réchappent, le coeur est fragilisé et tout doit être fait pour éviter la récidive, en luttant contre les facteurs de risque.
Comprendre l'infarctus
Le coeur est principalement un muscle : le myocarde. Son rôle est de se contracter pour propulser le sang dans l'organisme. Il est partagé en deux parties indépendantes, gauche et droite.
Chacune possède deux cavités : une oreillette et un ventricule. Le sang veineux en provenance des organes arrive dans le coeur par l'oreillette droite, passe dans le ventricule droit pour être envoyé dans les poumons où il se débarrasse du gaz carbonique et récupère de l'oxygène. Puis il revient vers le coeur, cette fois du côté gauche, d'abord dans l'oreillette puis dans le ventricule pour être enfin propulsé dans tout le corps grâce à l'aorte.
Puis, le cycle recommence au rythme des battements cardiaques. En moyenne, 70 fois par minute, 100 000 fois en 24 heures et trois milliards de fois au cours d'une vie de 70 ans.
Pour tenir le rythme, le muscle cardiaque est en permanence nourri grâce à des vaisseaux sanguins appelés artères coronaires. Elles naissent de l'aorte et se ramifient pour former de petits vaisseaux qui s'insinuent dans le muscle et permettent ainsi d'en nourrir chaque partie.
Il arrive que ces coronaires soient bouchées par un caillot sanguin ou par une plaque d'athérome (plaque constituée de cholestérol, de fibres, de débris cellulaires). Au fur et à mesure que la plaque grossit, l'artère se bouche progressivement et la plaque entretient une inflammation chronique qui fragilise l'artère.
La plaque peut finir par se rompre, formant un caillot pouvant obstruer la circulation sanguine. Quand cela concerne une des artèrs coronaires, qui irriguent la paroi du coeur, cela peut provoquer un infarctus. La partie du coeur irriguée par cette artère est alors en souffrance : si le coeur n'est plus suffisamment irrigué, il manque d'oxygène.
Les cellules finissent par mourir, c'est l'asphyxie cellulaire. Le coeur est en souffrance et envoie des messages de douleur qui irradient les zones proches comme le bras gauche et parfois la mâchoire, c'est le signe de l'infarctus.
Infarctus : des symptômes à connaître
L'infarctus du myocarde est la première cause de décès au monde selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
En France, il représente encore 10% des décès dans l'heure. La prise en charge des personnes qui en sont victimes est une véritable course contre la montre... Et pourtant celles-ci attendent encore trop de temps avant d'appeler le Samu, même devant des signes évocateurs de l'infarctus. Petit tour d'horizon des symptômes qui doivent vous alerter et vous persuader d'appeler les secours.
Les symptômes les plus courants
Le principal symptôme de l'infarctus est la douleur thoracique qui enserre la poitrine. Elle est typiquement violente, intense, située derrière le sternum et provoque une sensation de serrement de la cage thoracique.
La douleur peut irradier dans le bras gauche, l'épaule ou même la mâchoire, c'est une douleur décrite comme angoissante. Elle ne diminue pas avec la prise d'antalgique.
Les victimes peuvent ressentir aussi une difficulté à respirer, des nausées et une angoisse. Les femmes, les personnes âgées ou atteintes de diabère peuvent présenter des symptômes plus indidieux, sans douleur.
D'autres symptômes atypiques qui doivent vous alerter
Les symptômes sont alors moins spécifiques, et plus difficiles à reconnaître. Il peut s'agir simplement de douleurs d'irradiations ou de signes digestifs comme des nausées ou des vomissements...
La victime peut également perdre connaissance. Sueur, malaise, sensation de chaleur, palpitations peuvent aussi être des signes précurseurs d'un infarctus.
L'absence de symptômes
Parfois l'infarctus arrive sans symptômes, c'est ce qu'on appelle l'infarctus asymptomatique (sans douleur, sans gêne respiratoire, sans angoisse...). La plupart du temps l'infarctus est alors découvert après coup, à l'occasion d'un électrocardiogramme réalisé par exemple lors d'un bilan de santé.
Toute douleur thoracique évoquant un problème cardiaque doit vous faire penser à l'infarctus du myocarde et vous pousser à contacter le 15 (Samu), le plus rapidement possible.
Les statistiques du Samu montrent que les accidents cardiovasculaires arrivent le plus souvent le matin, un moment de la journée où les gens attendent le plus longtemps avant d'appeler les secours...
Et surtout, n'ayez pas peur d'appeler les Urgences "pour rien", même si vous n'êtes pas sûr du diagnostic, cela peut sauver une vie !
La prise en charge et le pontage coronarien
Une fois arrivé aux Urgences, le patient passe des examens pour diagnostiquer l'infarctus (infarctus, prise de sang). Un traitement est mis en place, à base d'anticoagulant et une coronarographie est faite pour évaluer quelle artère est touchée.
Selon la Fondation pour la recherche médicale, dans 70% des cas, une angioplastie est effectuée pour déboucher l'artère, souvent suivie de la pose d'un stent.
Cette angioplastie doit être réalisée dans les 120 minutes car la taille de l'infarctus augmente avec le temps et les capacités à se contracter se détériorent de plus en plus. Si le délai de 120 minutes n'a pas été possible, les médecins optent pour l'administration d'un médicament thrombolytique, pour dissoudre le caillot.
Lorsque la pose de stents n'est plus suffisante pour irriguer suffisamment le muscle cardiaque et éviter les infarctus, le pontage devient incontournable.Il s'agit d'intervenir à coeur ouvert pour faire des "ponts" entre deux artères du coeur afin de dévier le flux sanguin.
Après l'infarctus, la rééducation et la lutte contre les facteurs de risque
Après l'infarctus, commence une nouvelle vie pour le patient. Il faut bien sûr pour lui, adopter une nouvelle hygiène de vie, en bannissant tout ce qui risque de favoriser le bouchage des artères, donc exit le tabac et les excès en tout genre. Par contre, l'exercice physique est recommandé et la rééducation qui suit l'accident est essentielle pour limiter le risque de rechute.
Aujourd'hui, il est possible de mesurer précisément les bénéfices de la rééducation après un infarctus. Grâce à l'exercice, les patients peuvent faire des efforts prolongés, leur tension s'améliore, leur fréquence cardiaque s'abaisse et surtout, le risque de mortalité après ce premier infarctus diminue d'au moins 25%.
Les facteurs qui favorisent la survenue d'un infarctus sont le tabagisme, le cholestérol (excès de "mauvais cholestérol"), l'hypertension artérielle, le diabète, l'alcool, l'obésité, la sédentarité. Le stress est en cause dans un tiers des infarctus d'après la fédération française de cardiologie.
Il s'agit de facteurs sur lesquels on peut agir en se faisant aider par un tabacologue pour le sevrage tabagique, en réduisant sa consommation d'alcool, en suivant un traitement pour l'hypertension, le diabète et l'excès de cholestérol si besoin, en adaptant son alimentation et en pratiquant une activité physique régulière.
Il est également possible de diminuer son stress, en pratiquand la cohérence cardiaque, la relaxation ou la méditation, une activité physique, en mangeant équilibré et encore en ne fumant pas et en réduisant sa consommation d'alcool et de café (source : La fédération française de cardiologie).
Les facteurs sur lesquels on ne peut pas agir comportent un antécédent d'infarctus chez un parent du premier degré, le frère ou la soeur, un âge de plus de 60 ans pour les femmes et de plus de 50 ans pour les hommes.
Infarctus : moins bien diagnostiqué chez les femmes
Il ne faut pas oublier que l'infarctus du myocarde touche aussi les femmes. Même si ce phénomène est moins fréquent en nombre, celles-ci en meurent plus souvent. La mortalité cardiovasculaire est trois fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes, avant 65 ans. Le diagnostic d'un infarctus chez la femme étant souvent plus tardif, parce que les symptômes sont plus variés.
Elles ne ressentent pas forcement cette douleur vive dans la poitrine et dans le bras. Comme les médecins sont peu habitués à ces symptômes, ils passent parfois à côté du diagnostic. Or, les conséquences de ces retards peuvent être dramatiques.
Les cas d'infarctus chez la femme sont malheureusement en augmentation, notamment depuis qu'elles se sont mises à fumer presque autant que les hommes. Rappelons que le cocktail pilule et tabac est un facteur aggravant au niveau du risque de survenue d'un infarctus.
Enfin, homme ou femme, surtout, n'hésitez pas à consulter, même à appeler les urgences en cas de douleur vive dans la poitrine, car pour limiter la gravité d'un infarctus, c'est une véritable course contre la montre.
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