Prévenir la mort subite
Chaque année, 40.000 personnes décèdent brutalement d’un arrêt cardiaque : c’est la mort subite. Elle survient moins d’une heure après l’apparition des premiers symptômes. Si elle semble totalement imprévisible, certains facteurs de risques sont désormais identifiés.
"La mort subite de l’adulte, c’est plutôt un emballement du cœur", nous explique le Pr. Xavier Jouven, cardiologue à l'hôpital européen Georges Pompidou. "Le cœur va accélérer, battre beaucoup trop vite, tellement vite que la pompe cardiaque n’a plus le temps de se remplir de sang. La pompe n’éjecte plus rien, il n’y a plus de débit, [plus de sang oxygéné] qui arrive au cerveau, et la personne décède."
Les chercheurs estiment désormais que la simple mesure du pouls au repos permet d’évaluer le risque de mort subite. Plus il est faible, moins le risque est élevé. En suivant le pouls de centaines d’hommes pendant cinq ans, l’équipe du Pr. Jouven a montré que ceux dont la fréquence cardiaque augmentait au fil des années avaient une mortalité plus forte pendant les années qui ont suivi que ceux chez qui elle restait stable. Ceux qui, sur la même période, diminuaient leur fréquence cardiaque, avaient une mortalité plus faible.
Autre observation : il est normal que, sous l’effet du stress, les battements cardiaques augmentent légèrement juste avant l’effort. Selon l’équipe du Pr Jouven, dans les études cliniques, les personnes chez qui l’augmentation pré-effort dépasse les 12 battements par minute "sont ceux qui, pendant le suivi, [font] des morts subites."
De même, une trop faible augmentation du rythme cardiaque durant l’effort incite à une grande vigilance. "Les gens qui augmentent trop leur fréquence cardiaque lors d’un stress psychique, mais pas assez leur fréquence cardiaque lors de l’effort, ceux là sont très à risque de mort subite", détaille le Pr. Jouven. "Leur risque de décéder de mort subite est quatre fois supérieur à celui de la population générale."