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Des battements de coeur irréguliers

Notre coeur bat en moyenne 60 à 90 fois par minute. Mais il arrive que ce rythme devienne irrégulier : il s'accélère ou diminue soudainement. C'est l'arythmie cardiaque. Quels sont les traitements contre ces troubles ? Que faire quand les médicaments ne font plus effet ?

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Qu'est-ce que l'arythmie cardiaque ?

Marina Carrère d'Encausse et Philippe Charlier expliquent l'arythmie cardiaque.

Notre coeur bat en moyenne 60 à 90 fois par minute à un rythme régulier. Chez certaines personnes, il s'accélère ou diminue soudainement, on parle alors d'arythmie cardiaque.

Le coeur est divisé en quatre cavités : deux oreillettes et deux ventricules. La partie droite reçoit le sang chargé en dioxyde de carbone (CO2) en provenance de l'organisme. Il est expédié vers les poumons pour éliminer ce gaz et le remplacer par de l'oxygène. Une fois le sang ré-oxygéné, il revient au coeur mais du côté gauche afin d'être propulsé dans tout le corps.

Pour accomplir ce rôle, les deux parties du coeur doivent se contracter simultanément selon un rythme bien précis. Au repos, un coeur bat à un rythme de 60 à 100 battements par minute.

Quand le coeur se contracte, c'est en réalité des milliers de cellules du myocarde qui reçoivent un ordre électrique. Cette impulsion provient du coeur lui même. Le coeur possède en effet son propre générateur électrique. Une sorte de stimulateur naturel sous forme d'un réseau de cellules nerveuses qu'on appelle noeud sinusal. Grâce à différentes ramifications, le message électrique progresse dans les oreillettes, puis dans les ventricules. Ce qui permet d'obtenir des contractions efficaces pour un remplissage et une vidange suffisante pour la santé de l'organisme.

Mais ce stimulateur naturel peut se dérégler. Le rythme cardiaque est alors perturbé au niveau de sa fréquence, de sa régularité et de l'intensité de ses contractions. Dans certains troubles du rythme, le coeur ne se remplit pas suffisamment et l'organisme ne reçoit plus assez de sang oxygéné. Le risque est que ce sang stagne et obstrue des vaisseaux.

Etourdissement, faiblesse, perte de connaissance ou syncope peuvent alors survenir. On distingue plus de soixante arythmies différentes. Quand le coeur ralentit, c'est une bradycardie. Quand il accélère, on parle de tachycardie et quand les cavités battent de manière anarchique, il s'agit de fibrillation.

Détecter les arythmies cardiaques

L'épreuve d'effort permet de détecter une arythmie cardiaque.

Pour détecter les arythmies cardiaques, plusieurs examens existent. Parmi eux, l'épreuve d'effort.

Le test d'effort permet de réaliser un électrocardiogramme, c'est-à-dire l'enregistrement du rythme cardiaque grâce à des électrodes placées sur le patient. Cet examen est prescrit par le cardiologue ou le médecin traitant.

Pendant une dizaine de minutes, le patient va faire du vélo. Il franchira plusieurs paliers, un examen pas si facile. Un tracé de référence au repos et un tracé pendant l'effort permettent de comparer d'éventuelles modifications. Les médecins peuvent ainsi affirmer à l'issue de l'examen si le test est normal ou anormal. L'épreuve d'effort permet notamment de détecter une arythmie, c'est-à-dire une perturbation du rythme cardiaque.

Lorsque des arythmies graves sont détectées, des examens complémentaires sont pratiqués comme la pose d'un holter, un appareil qui sert à enregistrer les battements du cœur pendant 24 heures.

Veiller à son rythme cardiaque

Une consultation chez le cardiologue permet de surveiller le rythme cardiaque.

Les patients souffrant d'arythmie cardiaque doivent bénéficier d'un suivi régulier.

Chez les patients souffrant d'arythmie, le risque de faire un AVC est plus important. On leur prescrit alors des anticoagulants. Une prise de sang mensuelle permet au patient de contrôler le dosage de ces médicaments. "Les anticoagulants de première génération nécessitent une prise de sang et de faire assez attention aux aliments et aux médicaments que l'on prend. Les nouveaux anticoagulants ont l'avantage de ne plus faire de prise de sang parce qu'ils agissent à un autre endroit de la cascade de la coagulation. Il n'y a plus besoin de réaliser le dosage. On sait qu'après la prise de ces nouveaux anticoagulants, le sang sera fluidifié dans les quatre à six heures qui suivent", explique le Dr Nathalie Elbaz, cardiologue.

Pour suivre et enregistrer le rythme cardiaque du patient sur 24 heures, les cardiologues utilisent un holter. Grâce à ce dispositif portable, les médecins peuvent ainsi dépister des troubles du rythme cardiaque ou de la conduction. Le holter permet également d'évaluer l'efficacité d'un traitement contre les troubles de la conduction.

Un holter implantable pour détecter les arythmies silencieuses

Le dépistage des arythmies est particulièrement important car elles peuvent être à l'origine d'AVC ou de syncopes inexpliquées. Dans ce cas, un holter implantable peut être posé. Il permet d'enregistrer le rythme cardiaque sur plusieurs années, et de détecter les arythmies dites silencieuses.

De la taille d'une clé USB, le holter est implanté sous anesthésie locale (seule la région du thorax est anesthésiée). Il est placé sous la peau et permet d'enregistrer et de contrôler le rythme cardiaque du patient pendant trois années.

Après l'intervention, des rendez-vous réguliers chez le cardiologue permettent de vérifier les enregistrements du holter. "Les holters implantables vont, en fonction des réglages effectués, détecter tel ou tel type d'anomalie : soit des rythmes rapides que l'on recherche dans l'AVC cryptogénique, soit des rythmes lents que l'on recherche essentiellement dans les pertes de connaissance ou les syncopes inexpliquées", précise le Dr Eloi Marijon, cardiologue.

L'ablation par radiofréquence

Le chirurgien suit sa progression jusqu'au coeur sur un écran radioscopique.

On parle de fibrillation auriculaire lorsque le coeur se contracte de façon anarchique. Cette arythmie, causée par un dysfonctionnement du système électrique cardiaque, multiplie par cinq le risque de faire un accident vasculaire cérébral.

Pour rétablir le circuit électrique du coeur, les cardiologues ont de plus en plus recours aux radiofréquences. Une intervention délicate rendue possible grâce à une technique de pointe. L'intervention consiste à brûler les zones du coeur où la circulation électrique est défaillante.

Les suites post-opératoires sont minimes. Dès le lendemain, le patient peut rentrer chez lui avec un rythme cardiaque plus régulier.

Le traitement par cryoablation

En quoi consiste le traitement par cryoablation ?

La cryoablation est une technique récente qui permet de traiter l'arythmie cardiaque précoce en ambulatoire. Le médecin détruit par le froid les zones du coeur qui dysfonctionnent. Une solution peu invasive qui utilise des voies naturelles, comme la veine fémorale pour rentrer dans le coeur.

Concrètement, une sonde est introduite pour vérifier l'endroit où se produisent les problèmes électriques. Au bout de cette sonde, un lasso permet d'enregistrer l'activité électrique pathologique. Une fois le lasso branché, le médecin peut constater les signaux anormaux. Avec le même dispositif, il gonfle un ballon à distance pour boucher l'entrée d'une des veines pulmonaires.

Pour vérifier que le ballon est bien positionné, le médecin injecte ensuite un produit de contraste avant d'envoyer un gaz réfrigérant. La température obtenue avec le froid est de l'ordre de - 165, - 170 degrés. L'application du froid, qui dure quelques minutes, permet de détruire les foyers d'arythmie. Et les surtensions électriques ne peuvent plus se produire entre les veines et l'oreillette. Le chirurgien répète ensuite la cryoablation sur les autres veines pulmonaires.

À l'issue de cette intervention, le patient reste 48 heures en observation avec un traitement d'anticoagulants.

Une prothèse comme alternative aux anticoagulants

Comment la prothèse est-elle installée ?

Les patients atteints d'arythmie prennent souvent des anticoagulants afin de fluidifier le sang qui a tendance à stagner dans les vaisseaux cardiaques et qui complique le bon fonctionnement du cœur. Mais dans certains cas la prise d'anticoagulants est contre-indiquée : accident hémorragique, chutes à répétition, hypersensibilité au médicament, insuffisance hépatique sévère, grossesse. 

Depuis 2011, en France, quelques hôpitaux proposent une alternative à la prise d'anticoagulants. Un essai impliquant 800 patients sélectionnés en fonction de leurs indications est actuellement en cours. Il s'agit de patients souffrant d'arythmie persistante, compliquée parfois d'insuffisance cardiaque ou présentant de graves risques hémorragiques. La procédure est simple et dure un peu plus d'une heure, elle consiste en la pose d'une prothèse.

Pour l'instant cette technique est prise en charge sur les budgets "recherche" des hôpitaux. Un dossier a été déposé auprès des autorités de santé afin d'établir la nomenclature de cet acte et donc son remboursement. La seule prothèse coûte environ 6.000 euros.

Défibrillateurs implantables : le coeur sous surveillance

L'arythmie peut à long terme provoquer de graves problèmes cardiaques comme un infarctus ou un AVC. Pour "soutenir" le coeur des patients, on peut leur poser un défibrillateur sous cutané. Cet appareil surveille les battements du coeur jour et nuit et peut stimuler le coeur en cas d'arrêt cardiaque.

"La sonde du défibrillateur sous cutané est mise en face des cavités cardiaques pour enregistrer de manière permanente l'activité électrique du cœur. Et si elle détecte une activité électrique pathologique, elle va alors envoyer un choc électrique", explique le Pr Nicolas Lellouche, cardiologue. En cas de survenue d'une crise d'arythmie "qui peut entraîner un arrêt cardiaque", le défibrillateur peut donc sauver la vie du patient dans les secondes qui suivent.

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