Hémorroïdes : les veines anales en crise
Les hémorroïdes, tout le monde en a : ce sont les veines basées autour de la zone anale. Mais quand elles se dilatent, une boule se forme au niveau de l'anus, entraînant douleurs et brûlures. Comment les éviter ? Comment les soigner ?
Une gêne de plus en plus douloureuse, des saignements, des démangeaisons... Plus de 50% des Français souffrent un jour ou l'autre d'une crise hémorroïdaire.
Qu'est-ce que la crise hémorroïdaire ?
Les hémorroïdes sont un groupe de veines organisées en paquets et situées à deux endroits de l'anus : proche de l'extérieur, entre la peau de l'anus et le sphincter, ce sont les hémorroïdes externes et plus en amont, ce sont les hémorroïdes internes. Quand elles gonflent, elles aident le rectum à se fermer de façon plus étanche.
Les hémorroïdes deviennent un problème lorsque les ligaments qui les retiennent, se relâchent. Les hémorroïdes internes glissent vers le bas en emportant la muqueuse jusqu'à l'anus, on parle alors de prolapsus hémorroïdaire. Les hémorroïdes peuvent alors suinter et saigner. Mais généralement, cela ne provoque pas de douleurs.
En revanche, quand les hémorroïdes externes se dilatent de façon excessive, un caillot sanguin peut se former et obstruer le vaisseau. Des douleurs apparaissent alors, c'est la crise hémorroïdaire.
Quelles sont les causes des hémorroïdes ?
Il existe plusieurs situations qui entraînent ou aggravent l'apparition des hémorroïdes. La défécation, la position assise ou la marche peuvent déclencher une complication : la thrombose interne ou externe. Lorsqu'un caillot obture la veine, la douleur anale est alors très intense et ne passe que lorsque le caillot est retiré.
Certains facteurs favorisent l'apparition des hémorroïdes : le sport, la constipation ou la grossesse (les hémorroïdes apparaissent après 35% des accouchements), la position assise répétée et très longtemps, la sédentarité, certains sports comme lé vol et l'équitation, ou encore le port de charges lourdes.
Prévenir et soulager la crise hémorroïdaire
Conseil : pour atténuer les hémorroïdes, il est conseillé de boire entre 1,5 et 2 litres d'eau par jour, éviter les plats épicés, l'alcool, le café et le thé. L'idéal est d'opter pour un régime végétarien jusqu'à disparition des symptômes.
Eviter les facteurs de risque mentionnés ci-dessus est également recommandé. En dehors d'une question de confort, il est tout à fait possible de ne pas se soigner si les symptômes sont minimes.
Les saignements. En revanche, il est important de ne pas négliger des saignements en les mettant sur le compte d'hémorroïdes. : ils peuvent être liés à un polype de l'intestin (lésion précancéreuse) ou à un cancer.
Quelques règles à suivre : en cas de saignement, il faut voir son médecin. Par ailleurs, il faut éviter la constipation en privilégiant les légumes frais, les fruits, les crudités et les légumineuses.
Comment soigner les hémorroïdes ?
Médicaments. Des antihémorroïdaires sont utilisables par voie locale. Il s'agit de suppositoires ou de crèmes (en général vendues avec une canule permettant une application aussi bien externe qu'interne). Si des médicaments ne soulagent pas, on peut ajouté un médicament veinotonique. Un antalgique ou anti-inflammatoire peut être pris en cas de douleur intense. La constipation doit également être traitée (alimentation +/- laxatifs).
Différentes prises en charge peuvent être proposées. Les injections sclérosantes provoquent la sclérose des vaisseaux hémorroïdaires grâce à une substance irritante pour la paroi veineuse.
Il est aussi possible traiter les hémorroïdes en faisant des ligatures élastiques. Il s'agit de dévitaliser les tissus par strangulation, ce qui permet ensuite leur destruction par une autre technique (la congélation, par exemple). La radiofréquence est aussi une option, des ondes micro délivrées par une sonde brûlent les hémorroïdes.
Hémorroïdes : le traitement par infrarouges
Quand les hémorroïdes deviennent trop gênantes et douloureuses, différents traitements médicamenteux existent. Ils ne sont pas toujours suffisants. L'utilisation d'infrarouges est alors proposée aux patients.
Suppositoires, crèmes… Quand les traitements médicamenteux ne sont pas efficaces contre les hémorroïdes, un traitement par infrarouges peut être proposé. L'appareil à infrarouges diffuse une chaleur et permet de brûler très superficiellement le tissu au dessus des hémorroïdes.
Cette méthode est préconisée pour les hémorroïdes qui saignent. En brûlant les tissus, l'objectif est de diminuer la vascularisation et donc de réduire la taille des hémorroïdes. Ce traitement est indolore, il est pratiqué sans anesthésie et dure à peine quelques minutes. Pour un résultat optimal, plusieurs séances sont nécessaires à un mois d'intervalle.
Parallèlement, les patients devront éviter d'être constipés. Ils doivent privilégier une alimentation riche en fibres, boire 1,5 L d'eau par jour et pratiquer une activité physique régulière. La prise de laxatifs peut aussi être utile.
En cas d'échec du traitement par infrarouges, la chirurgie peut être envisagée.
L'opération : nécessaire dans 10% des cas
L'ablation des hémorroïdes (hémorroïdectomie). Quand la maladie hémorroïdaire est à un stade très avancé, on peut envisager une intervention chirurgicale. Dans 10% des cas environ, on procède à l'ablation des hémorroïdes. Cette opération a lieu toujours en dehors des crises.
Les techniques. Aujourd'hui, il existe deux techniques. L'une classique, dite de Milligan-Morgan. Elle consiste à retirer les hémorroïdes. La douleur est atténuée par les antalgiques ou anti-inflammatoires, mais est inévitable au moment des selles. La constipation doit absolument être prévenue. La cicatrisation est longue, au bout de 6 semaines en moyenne.
La seconde technique, appelé l'anopexie rectale ou technique de Longo, est plus récente. Elle va remonter à l'intérieur les hémorroïdes. La méthode de Longo minimise considérablement les douleurs post-opératoires. Les agrafes appliquées pour remonter les hémorroïdes tombent d'elles-mêmes au bout d'un mois.
L'opération ne doit être envisagée que lorsque les autres méthodes ont échoué et que la gêne devient handicapante. L'ablation des hémorroïdes n'est pas un acte anodin car les complications peuvent être graves, comme par exemple le rétrécissement anal ou l'incontinence.
Hémorroïdes : la ligature sous contrôle Doppler
Quand les traitements médicamenteux et les infrarouges ne suffisent pas, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. La chirurgie classique, l'hémorroïdectomie qui consiste à retirer les paquets hémorroïdaires, est une technique radicale mais très douloureuse. Depuis peu, une technique mini-invasive très peu douloureuse existe pour les hémorroïdes internes de grades 2 et 3 : la ligature des artères hémorroïdaires sous contrôle Doppler. Une intervention de 30 à 60 minutes réalisée sous anesthésie générale.
Hémorroïdes : le traitement par radiofréquence
En cas d'hémorroïdes, il est aussi possible de recourir à une technique chirurgicale moins invasive qu'une hémorroïdectomie, quand les hémorroïdes ne dépassent pas le grade 3. Il s'agit du traitement par radiofréquence.
Le traitement par radiofréquence est une technique qui nécessite une anesthésie générale. Cette technique consiste à utiliser la chaleur pour brûler le paquet hémorroïdaire, qui finit par se rétracter. La technique permet aussi une coagulation pour limiter les saignements.
Après l'intervention, le patient doit suivre un traitement qui régule le transit. Des pommades sont également prescrites pour favoriser la cicatrisation. Enfin, des antalgiques permettent de lutter contre la douleur, en cas de besoin.
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