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Nécrose : quand les tissus meurent

Une peau qui noircit et se dessèche en quelques jours, une dégradation des tissus qui peut s'accompagner d'une odeur nauséabonde… Tels sont les signes souvent impressionnants de la nécrose.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Qu'est-ce qu'une nécrose ?

Marina Carrère d'Encausse et Benoît Thevenet expliquent la nécrose.

Le mot "nécrose" vient du grec nekros qui signifie "mort" ou "mortification". Les cellules de notre corps peuvent avoir une mort naturelle, on parle alors d'apoptose. La cellule se disloque en différents fragments qui sont facilement absorbés et éliminés par des globules blancs. Et il y a la mort accidentelle des cellules, dans ce cas précis on parle de nécrose. Elle entraîne une destruction beaucoup plus explosive dont les "débris" sont très inflammatoires. Autrement dit ils sont capables à eux seuls d'agresser à leur tour des cellules voisines, ce qui explique pourquoi la nécrose peut facilement s'étendre.

La première description médicale de la nécrose remonterait à 1695 par Charles Gabriel Le Clerc, qui fut médecin du duc d'Orléans, dans son traité de chirurgie. C'est en décrivant la gangrène qu'il évoque "une mortification entière qu'on nomme nécrose". Parmi les causes évoquées, il y a "une forte ligature", c'est-à-dire la fermeture de vaisseaux sanguins, ou le froid excessif. Charles Gabriel Le Clerc ne se trompait pas. Sans l'oxygène contenu dans les globules rouges, la cellule ne peut pas survivre.

Le caractère spectaculaire et souvent fatal de la nécrose l'a ensuite mise au centre de nombreuses observations médicales au fil des siècles. Avec parfois des causes infectieuses comme la syphilis. Sa bactérie attaquait par exemple les cellules osseuses et provoquait de terribles nécroses au niveau du crâne. Elle atteignait aussi les os du front. Enfin, la nécrose peut toucher les jambes.

Nécrose : un mal difficile à traiter

Attention images particulièrement difficiles ! Des soins quotidiens sont nécessaires pour éviter les infections

Alors qu'au XIXe siècle l'origine de ces atteintes était le plus souvent accidentelle, aujourd'hui elle est provoquée par l'atteinte de la paroi des artères. Cholestérol, diabète, insuffisance rénale en sont les principaux facteurs. Ils entraînent un rétrécissement parfois complet des vaisseaux.

L'espoir des patients réside dans des interventions qui permettent de revasculariser les membres atteints. Cela peut se faire de deux façons. Tout d'abord, via une angioplastie. Sous contrôle radiologique, un ballonnet est glissé par l'intérieur des vaisseaux jusqu'à la zone critique. Il est entouré d'un stent, qui se déploie dans l'artère. Le sang peut alors de nouveau circuler et arriver dans le membre atteint.

L'autre option est le pontage. Lorsque la partie bouchée est trop importante, il faut la contourner avec par exemple une veine que le chirurgien prélève ailleurs. Grâce à ce nouveau circuit, du sang repasse jusqu'au membre. À condition que les microvaisseaux soient encore en bon état.

Nécrose : quand l'amputation s'impose

Attention images particulièrement difficiles !

Dans l'idéal, l'angioplastie et le pontage permettent aux membres de cicatriser d'eux-mêmes et seule la partie déjà nécrosée tombe d'elle-même. Malheureusement, des infections prolifèrent souvent à la frontière de cette zone. La seule solution pour éviter la gangrène est alors l'amputation.

L'amputation reste malheureusement encore trop fréquente en France avec plusieurs milliers de patients diabétiques touchés chaque année. Ils doivent donc bénéficier d'une surveillance particulièrement rapprochée de leurs pieds.

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