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Quand pourra-t-on retirer le masque ?

Depuis un mois, les indicateurs de l’épidémie s’améliorent. Cela signifie-t-il que nous pourrons bientôt vivre sans masques ? Les réponses de deux spécialistes.

Lucile Boutillier
Rédigé le
Crédits Photo : © Shutterstock / Da Antipina

« Ce n’est pas binaire », commence le Pr Philippe Amouyel, épidémiologiste au CHU de Lille. Pour lui, l’obligation de porter un masque dans tous les lieux publics ne peut pas se transformer en absence complète de masque.

Benjamin Davido, infectiologue à l’AP-HP, partage cet avis. Les deux médecins citent l’exemple des Etats-Unis qui ont autorisé les personnes vaccinées à retirer le masque en extérieur : pour eux, il faut prendre en compte les différents risques et apprécier en fonction des circonstances.

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Responsabiliser les citoyens

« Le risque de se contaminer en extérieur est plus faible qu’en intérieur », rappelle le Pr Amouyel. « Avec un peu de bon sens, si vous êtes à 1m50 des gens, qu’il y a du vent, de la pluie … le masque n’est pas nécessaire. Mais sur une terrasse, sans distanciation, il faut se poser la question de la ventilation et de la contamination », explique l’épidémiologiste.

Pour lui, il faut laisser chaque personne déterminer si la situation dans laquelle elle se trouve présente des risques de contamination. « Il faut que les gens comprennent la règle, s’ils ne la comprennent pas, c’est fichu », ajoute-t-il.

L'enjeu des vaccins

Lorsque l’immunité collective atteindra un stade satisfaisant, ces deux spécialistes pensent que le port du masque pourra être laissé à l’appréciation de chaque personne. Une population peut atteindre l’immunité collective lorsqu’un certain pourcentage de sa population possède des anticorps face à un virus, grâce à une infection ou à la vaccination.

Contre la souche initiale du Covid, une population atteindrait l’immunité collective à partir de 60% de personnes vaccinées environ. Contre le variant anglais, il faudrait monter à 75%, voire 80%. Et contre le variant indien, les données manquent encore, mais « on sait qu’il est plus contagieux alors il faudrait encore plus de personnes vaccinées », explique le Pr Amouyel.

Retirer le masque par étapes

En France, le nombre de personnes complètement vaccinées contre le Covid atteint 17,72% ce 31 mai. Et il faut aussi prendre en compte le temps nécessaire à partir de l’injection pour que le vaccin soit efficace, soit environ deux semaines selon le vaccin. 

« Au vu de ce que les autres pays expérimentent, ça me semblerait raisonnable de retirer le masque au stade où 50% de la population a reçu une dose, pour les vaccinés en extérieur », déclare Benjamin Davido. « Il faut passer par des étapes, sinon on va se dire que ça y est, c’est fini. »

Un outil de lutte contre d’autres épidémies

Pour ces deux spécialistes, le port du masque devra être réutilisé à l’avenir. Les deux médecins relèvent que le port du masque, associé aux autres mesures barrière, a eu un impact très fort sur les autres épidémies hivernales, en particularité la grippe.

D’après Philippe Amouyel, l’association du masque et de la vaccination sera utile pour lutter contre la prochaine épidémie de grippe, surtout en cas de nouvelle pénurie de vaccins. « Il y a dû y avoir seulement 30 à 40% de la population fragile qui s’est vaccinée contre la grippe. Avec la pénurie, beaucoup de gens qui d’habitude se vaccinent ne l’ont pas fait. »

Si les laboratoires continuent de produire le vaccin contre le Covid lors de la prochaine épidémie de grippe, une nouvelle pénurie est possible.« Le moyen pour lutter serait de vacciner, et de remettre le masque dans certaines circonstances, indépendamment du Covid », précise-t-il. L’utilisation du masque dans les sociétés européennes et américaines devrait alors ressembler de plus en plus à celle des sociétés asiatiques, selon le Pr Amouyel et le Dr Davido.

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