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Alimentation et diabète gestationnel : le rôle de la pomme de terre à l'étude

Indépendamment du reste de leur alimentation, les femmes qui consomment beaucoup de pommes de terre semblent plus à risque de développer un diabète de grossesse, selon une étude publiée ce 12 janvier dans le British Medical Journal. Une observation qui, de l'avis même des auteurs, doit encore être confirmée avant de convier les futures mamans à mettre la patate à l'index.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Des pommes de terre. (Crédits : Scott Bauer)

Le diabète gestationnel est une complication fréquente de la grossesse. Survenant vers la fin du deuxième trimestre de grossesse, il est susceptible d'avoir des effets délétères tant sur la mère que sur l'enfant. Le risque d'apparition d'un diabète gestationnel augmente avec l'âge, l'obésité et la sédentarité.

Certaines préconisations diététiques sont formulées par les autorités sanitaires de certains pays, généralement basées sur une réduction de l'apport en sucres. Aux Etats-Unis, la pomme de terre fait partie des aliments jugés "sains" pour les femmes enceintes. "Pourtant", notent les auteurs d'une étude publiée le 12 janvier 2016 dans le British Medical Journal, "des travaux antérieurs suggèrent que les pommes de terre peuvent affecter le métabolisme du glucose, car ils contiennent de grandes quantités d'amidon rapidement absorbable".

Afin de déterminer si la consommation de pommes de terre est, ou non, susceptible d'influencer le risque de diabète gestationnel, les chercheurs ont étudié des données collectées entre 1991 et 2001 auprès de 15.632 femmes non-diabétiques dans le cadre de la Nurses’ Health Study II [1]. Sur la période de suivi, 21.693 grossesses non-multiples ont été recensées, dont 854 (3,9%) associées à un diabète gestationnel.

En prenant en compte les divers facteurs de risque de diabète gestationnel déjà connus, les chercheurs ont observé que les grandes consommatrices de pommes de terre étaient surreprésentées parmi les femmes qui avaient développé un diabète gestationnel (de l’ordre de 1,5 fois plus chez celles qui intégraient les patates à leur repas plus de cinq fois par semaine, comparées à celles qui le faisaient moins d’une fois par semaine).

Soupçonnant "qu’une consommation plus élevée de pommes de terre, en particulier de frites, [puisse] être un indicateur d'un régime alimentaire de mauvaise qualité", les chercheurs ont affiné leurs analyses en y intégrant des scores liés à la qualité générale de l’alimentation des participantes (notamment au vu des effets des aliments sur le diabète). "Les associations avec le risque de diabète gestationnel étaient modérément atténuées, [et] sont restées significatives après ajustement".

L’absence d’information sur la sévérité du diabète gestationnel dans les 854 cas recensés constitue toutefois une limite à l'étude, pointée du doigt par ses auteurs. Ils insistent sur le fait que leurs observations doivent être reproduites sur d'autres cohortes avant de pouvoir mettre la pomme de terre sur le banc des accusés. Ils invitent à ce que soient également réalisées des recherches cliniques pour déterminer si moduler l'apport de pomme de terre dans le régime des femmes enceintes - ou désireuses d'être enceintes - influe sur l'apparition ou pas, sur l'intensité du diabète gestationnel.

Source :  Pre-pregnancy potato consumption and risk of gestational diabetes mellitus: prospective cohort study. W. Bao et coll. BMJ, 12 janv. 2016 doi:10.1136/bmj.h6898


[1] Cette étude a consisté à recenser à intervalles réguliers le maximum d’informations sur les habitudes de vie et l’état de santé de milliers d’infirmières, afin de constituer une base de données exploitable par les statisticiens.

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