L'idée du Mois sans alcool aurait bien été abandonnée par le ministère de la Santé
Contrairement à ce que soutenait la ministre de la Santé, la campagne du Mois sans alcool avait été préparée et était en passe d'être officiellement annoncée, selon un document révélé par France Info.
Le Mois sans alcool avait-il ou non été validé ? Alors que la ministre de la Santé Agnès Buzyn affirmait le 21 novembre que le "Dry January" n’avait "pas encore été validé" et que "la campagne [était] en train d’être travaillée", un document révélé par France Info prouve le contraire.
En effet, selon une lettre datée du 5 novembre, "le Fonds de lutte contre les addictions (crée au sein de l'Assurance maladie ndlr) finance déjà [...] une opération nationale de marketing social sur l’alcool qui se déroulera en janvier 2020".
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Un courrier signé par un service de l’Assurance maladie
Ce courrier, adressé à Laurence Cottet, présidente de l’association Méthode H3D qui lutte contre l’alcoolisme, est signé par le département de la Prévention et de la promotion de la santé. Il s’agit d’un service de l’Assurance maladie, membre du Fonds de lutte contre les addictions.
Dans ce courrier, ce Fonds émet un avis défavorable à un projet de "Janvier sobre" proposé par l’association Méthode H3D, sous prétexte qu’une opération nationale est déjà prévue au mois de janvier 2020.
Une lettre qui soutient donc la version d’une source interne de l’Agence Santé publique France qui indiquait le 20 novembre que le projet avait été préparé et devait être annoncé officiellement.
L’influence des lobbies de l’alcool
Le Mois sans alcool, calqué sur un défi anglais lancé en 2013, consiste à cesser sa consommation d’alcool pendant le premier mois de l’année. L'importation officielle de ce concept en France était prévue pour janvier prochain sous l'égide de l'agence sanitaire Santé publique France, qui dépend du ministère de la Santé. Cette perspective suscitait depuis plusieurs semaines l'opposition du lobby de l'alcool, et notamment de l'Association nationale des élus de la vigne et du vin (Anev)
Et le 14 novembre dernier, lors de son déplacement en Champagne, le président de la République Emmanuel Macron aurait fait savoir aux représentants de la filière viticole qu’"il n’y aura pas de Janvier Sec", assure le coprésident du Comité Champagne, Maxime Toubart.
L’abandon d’une campagne pourtant efficace
Le 18 novembre, la Fédération Française d’Addictologie écrivait une lettre au Président de la République pour dénoncer l’abandon de cette campagne efficace : "Ces actions de santé publique ont fait l'objet d'évaluations scientifiques. Ainsi, une baisse significative de consommation auto-déclarée a été observée parmi les inscrits lors de cette action en Angleterre six mois après la fin du défi."
"Votre mandat ne peut être marqué par l'évitement systématique de la prévention du risque alcool sous la contrainte d'un lobby qui ne défend que ses propres intérêts" dénonçait encore cette lettre.
La veille, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation s’exprimait contre l’idée d’un mois de janvier sans alcool, qualifiant ce concept d’ "aberrant" et précisant qu’il préférait "la modération toute l’année" que "l’interdiction et la prohibition un mois de l’année".