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Le gouvernement se prononce contre l'assouplissement de la loi Evin

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a appelé ce 8 juin les députés à "ne pas changer la loi Evin" (qui encadre la publicité pour l'alcool). Lors de la première lecture du projet de loi Macron, le Sénat avait déposé un amendement assouplissant cette loi Evin.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Les Français dépensent plus d'argent pour les boissons alcoolisées en 2016 qu'en 2007 mais ils en consomment moins.

"Je veux dire mon incompréhension et ma préoccupation face à l'amendement qui remet en cause la loi Evin", a déclaré Mme Touraine à l'AFP alors que cette disposition sera examinée cette semaine à l'Assemblée en commission dans le cadre de la deuxième lecture du projet de loi Macron.

"Le débat a eu lieu, dans le cadre de la loi de modernisation de notre système de santé, entre ceux qui souhaitaient durcir et ceux qui souhaitaient assouplir la loi Evin", a relevé la ministre. "Avec Stéphane Le Foll, nous avons fait le choix de l'équilibre : rien de plus, rien de moins".

"C'est ce choix qui est aujourd'hui remis en cause", a-t-elle relevé en allusion à un amendement du sénateur Gérard César (Les Républicains, ex-UMP) adopté début mai par la Haute Assemblée. Mais pour Mme Touraine, "la loi Macron ne peut pas servir à détricoter les politiques de santé publique". "J'appelle chacun à prendre ses responsabilités, c'est-à-dire à ne pas changer la loi", a-t-elle conclu.

Le porte-parole du gouvernement et ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, tout en se disant défenseur de la viticulture, s'était lui aussi prononcé ce juin pour le statu quo sur la loi Evin, adoptée en 1991. L'auteur de la loi, l'ex-ministre PS de la santé Claude Evin, s'est dit "très inquiet" dans Le Parisien du dépôt de cet amendement, qui pourrait être retoqué lors de la deuxième lecture de la loi à l'Assemblée.

Le député PS de la Gironde Gilles Savary a dénoncé dans un communiqué la "sur-réaction du lobby hygiéniste" à l'amendement voté au Sénat. "[Cet amendement] ne remet nullement en cause, ni l’esprit, ni la lettre de la loi Evin, mais vise à éviter que, dans notre pays, dont la tradition viticole ancestrale s’est fortement imprimée dans la culture, et désormais dans notre économie et dans les rares succès de notre commerce extérieur, il devienne risqué pour un journaliste, un cinéaste ou un romancier d’évoquer nos produits vinicoles ou d’y faire référence", a-t-il justifié.

"Alors que des jugements récents invitent à l’autocensure, ce n'est pas faire offense à la loi Evin, ni à la lutte contre les ravages sanitaires de l’abus d’alcool que la représentation nationale prenne ses responsabilités et fasse son devoir élémentaire en précisant la loi sur ce point précis", a-t-il jugé.

Cette polémique survient en France alors qu’est publiée l’édition 2015 de l’enquête mondiale sur les drogues (Global Drug Survey). Cette enquête portant sur une vingtaine de pays, révèle que la France compte parmi les 5 pays où hommes et femmes ont la plus forte dépendance à l’alcool.

Selon le détail de l’enquête, détaillé par le quotidien Libération, "un tiers des buveurs aimerait consommer moins", "2,5% ont [déjà] terminé aux urgences" à cause de l’alcool, et "11,4 % ne se sont pas souvenus de certains événements de beuverie"…

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