Cet été, j'arrête de fumer !
Et si vous profitiez des vacances pour arrêter de fumer ? Pour vous aider à relever ce défi, la Docteure Anne-Laurence Le-Faou, tabacologue, vous donne quelques conseils.
Cet été, c'est décidé, vous arrêtez de fumer ! Mais comment faire pour que l'arrêt du tabac soit un succès durable ? Quels accompagnements existent ? On fait le point.
Le vapotage est-il déjà une demi-victoire sur le tabac ?
Dr Anne-Laurence Le-Faou, tabacologue : "Oui, le vapotage représente déjà une demi-victoire sur le tabac. Si vous vapotez exclusivement, c'est-à-dire si vous utilisez la cigarette électronique ou la vapoteuse…, comme un outil de sevrage, si on est vraiment dépendant, si on fume depuis longtemps, il va falloir utiliser des cartouches qui contiennent de la nicotine. On peut aussi utiliser un patch de façon complémentaire, sans aucun danger. Le traitement validé scientifiquement, c'est le patch associé à une forme buccale. Ce traitement est le plus efficace.
"Ceux qui veulent vraiment arrêter le tabac, pour les personnes qui souhaitent utiliser les vacances pour arrêter de fumer, qu'elles partent ou non, il est recommandé qu'elles notent les cigarettes qu'elles fument et qu'elles réalisent très progressivement celles qui sont indispensables et celles qui relèvent d'automatismes ou de gestes de la vie quotidienne. Et il faut utiliser une méthode efficace.
"Concernant la cigarette électronique, on n'a pas vraiment de données sur son efficacité. Mais on s'aperçoit que les personnes ont envie de choisir par elles-mêmes une méthode, choisir quelque chose qui va leur plaire. Et de ce fait, je pense qu'il faut encourager les fumeurs à arrêter comme ils le souhaitent, à réduire leur consommation de tabac pendant quinze jours à trois semaines pendant les vacances puis à arrêter complètement."
Mon mari se donne un an pour arrêter de fumer, en commençant cet été pendant vos vacances. Comment le soutenir efficacement ?
Dr Anne-Laurence Le-Faou : "Tout d'abord, il ne faut pas être fumeur soi-même. Et surtout, il ne faut pas lui mettre une pression considérable. Se donner un an pour arrêter de fumer pourquoi pas, mais il faut essayer d'accélérer son rythme d'arrêt du tabac. À six mois, cela est assez fréquent. Plus le temps passe, plus le risque en terme de santé augmente. Si on se fixe des échéances et des objectifs raisonnables, on doit pouvoir y arriver en six mois. Mais il faut encourager la personne qui a envie d'arrêter de fumer car souvent on craque un peu. Les personnes qui réduisent leur consommation de cigarettes se découragent car elles sont sur le long terme. Il vaut mieux réduire sa consommation progressivement. L'entourage a un rôle important."
Doit-on annoncer à son entourage que l'on a décidé d'arrêter de fumer ?
Dr Anne-Laurence Le-Faou : "C'est au choix. Soit on annonce et on attend des encouragements. Soit on préfère garder ça pour soi et ensuite on présente son succès."
Faut-il supprimer le café si l'on commence à diminuer sa consommation de tabac ?
Dr Anne-Laurence Le-Faou : "Il n'est pas forcément nécessaire de supprimer le café si l'on commence à diminuer sa consommation de tabac. Le café est souvent associé au tabac. On peut peut-être essayer de prendre un peu de thé pendant les vacances. Mais on ne peut pas tout supprimer. L'alcool aussi est souvent associé au tabac. C'est une question d'habitude, il y a aussi des mécanismes comportementaux… Pendant les vacances, il faut aussi essayer de ne pas compenser l'arrêt du tabac par une augmentation de sa consommation d'alcool, qui pour le poids, est assez catastrophique et qui a des conséquences tout à fait négatives."
Est-il vrai que les liquides présents dans les cigarettes électroniques suppriment presque complètement les risques de cancer ?
Dr Anne-Laurence Le-Faou : "Les liquides sont maintenant étudiés par l'agence de l'environnement. Il faut prendre des liquides fabriqués en France, dont on a la composition. En général, ils contiennent de la nicotine qui est la substance psychoactive qui remplace la nicotine de la cigarette. Avec la cigarette électronique, on n'a pas la fumée, on a une vaporisation comme un aérosol. La nicotine est une substance psychoactive qui a un effet positif. Ses effets néfastes par rapport aux autres substances ne sont pas discutables. Ce sont les autres produits de la fumée qui sont très toxiques."
Arrêt du tabac : prévenir la prise de poids
Vous voulez arrêter la cigarette mais la peur de prendre des kilos vous tenaille… En moyenne, un ancien fumeur prend de deux à cinq kilos. Et pour ceux qui prennent trop de poids, il existe une prise en charge médicale avec des nutritionnistes.
"Les fumeurs sécrètent des substances organiques, les catécholamines, qui ont comme rôle d'inhiber la sécrétion d'insuline qui est une hormone qui favorise le stockage des sucres et des graisses. Donc à partir du moment où ils vont arrêter de fumer, automatiquement, ce mécanisme de stockage se remet en place", explique Luce Jean-Baptiste, diététicienne.
Grignotage intempestif, aliments gras et sucrés, boissons gazeuses… les patients comblent souvent leur ancienne addiction à la cigarette par une addiction alimentaire. Il est donc important pour les anciens fumeurs de rééquilibrer leurs repas grâce aux conseils des nutritionnistes. Et pour retrouver un poids stable, l'autre impératif pour les anciens fumeurs est aussi de reprendre une activité physique quotidienne de trente minutes minimum par jour.