Cigarette électronique : un nouveau type de lésion pulmonaire observé au Canada
Un adolescent a failli mourir à cause du diacétyle contenu dans sa cigarette électronique.
Un Canadien de 17 ans a failli perdre ses poumons plus tôt cette année après cinq mois de vapotage intensif. L'ingrédient soupçonné, le diacétyle, diffère de celui identifié aux Etats-Unis, soulignant les mystères qui restent à élucider sur les cigarettes électroniques.
Dans le cas, décrit jeudi dans le journal de l'association médicale canadienne (CMAJ), les lésions sont différentes de celles qui ont été décrites jusqu'à présent aux Etats-Unis.
Plus de 2.000 personnes y sont tombées malades de ce que les autorités appellent "Evali", acronyme anglais signifiant "pneumopathies liées à l'utilisation de produits de cigarettes électroniques ou de vapotage".
Les cas aux Etats-Unis
Quarante-deux Américains en sont morts depuis l'été. Le Canada était jusque-là relativement épargné avec huit malades recensés.
Aux Etats-Unis, les poumons des patients étaient surtout abîmés au niveau des alvéoles pulmonaires dont certaines semblaient avoir subi des brûlures chimiques. Les enquêteurs fédéraux ont récemment conclu que l'ingrédient fautif était une huile de vitamine E, ajoutée dans des recharges liquides de vapoteuses, très souvent au cannabis.
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Le diacétyle
Pour le cas canadien, la situation est bien différente. Les médecins ont diagnostiqué chez le jeune patient une bronchiolite oblitérante, c'est-à-dire une inflammation des bronchioles, qui sont les ramifications terminales des bronches.
La même maladie avait été observée chez des ouvriers travaillant dans une usine de popcorn micro-ondable et qui avaient inhalé accidentellement du diacétyle, produit utilisé par l'industrie alimentaire et qui donne un goût de beurre au popcorn. Le diacétyle est sûr sous sa forme ingérée mais dangereux s'il pénètre les poumons.
Un produit omniprésent
Des études ont averti depuis des années que ce produit était omniprésent dans les liquides de cigarettes électroniques. Mais aucun cas n'avait auparavant été rapporté.
Le cannabis en cause
Le patient canadien était en bonne santé et vapotait quotidiennement des recharges aromatisées telles que pomme verte et barbe à papa. Il y ajoutait lui-même régulièrement du THC, l'ingrédient psychoactif du cannabis (légalisé en 2018 au Canada).
Il s'est mis à tousser si fort qu'il s'est présenté aux urgences où les médecins, croyant à une pneumonie, lui ont d'abord prescrit des antibiotiques, avant de l'hospitaliser et l'intuber pour plusieurs semaines, les symptômes empirant.
Une double greffe des poumons envisagée
Le jeune homme respirait si mal qu'une double greffe des poumons a été envisagée, avant que son état ne finisse par s'améliorer. Il est resté hospitalisé 47 jours.
Quatre mois après sa sortie d'hôpital, ses poumons gardaient des séquelles: le volume respiré était de 45% de ce qui est normal pour son âge et sa taille, disent les médecins qui l'ont traité à l'AFP.
"Ce serait classé comme une obstruction aigüe", a dit la médecin Karen Bosma, du Lawson Health Research Institute, à l'AFP. "C'est similaire à quelqu'un qui aurait fumé toute sa vie et aurait une maladie pulmonaire aigüe".