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Le Canada légalise le cannabis récréatif

Fumer de la marijuana légalement, c'est désormais possible au Canada. Une expérience suivie de près par les autres pays.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
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Depuis mercredi 17 octobre les Canadiens, de 18 ans ou plus, peuvent consommer du cannabis à des fins récréatives et en cultiver une petite quantité chez eux en toute légalité. Le Premier ministre Justin Trudeau espère devenir un exemple pour d'autres pays. "Les alliés auxquels j'ai parlé sont intéressés de voir comment ça va se passer (...) avant de se lancer", assurait-il en mai, sans préciser quels sont ces pays.

La légalisation canadienne s'inscrit dans "un mouvement de normalisation outre-atlantique, où l'on cherche une alternative à la prohibition", observe Ivana Obradovic, directrice adjointe de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). 

En 2012 peu avant l'Uruguay, les états américains du Colorado et de Washington ont également autorisé l'usage récréatif du cannabis. Aujourd'hui, ils sont huit états à le faire aux États-Unis, malgré l'opposition fédérale. "Depuis cinq ans, la régulation du cannabis a plus évolué que lors des trente dernières années", constate Mme Obradovic.

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Le cannabis ne pourra pas être fumé partout

Le Canada tente d'éviter les écueils observés chez les pionniers de la légalisation. Il veut instaurer un cadre clair : le cannabis sera vendu dans des magasins spécifiques et ne pourra pas être fumé partout. Au Colorado," le boom du marché a été très rapide. Les produits ont été fortement dosés et certains enfants se sont intoxiqués avec des produits alimentaires contenant du cannabis".

Le Canada investit des millions de dollars dans la prévention et s'est accordé avec ses provinces sur une taxation contenue du cannabis, pour conserver un prix compétitif dans le but de protéger les jeunes et assécher le marché noir. "On n'est pas en train de contrôler le cannabis parce qu'on pense que c'est bon pour la santé. Au contraire, on est en train de contrôler le cannabis parce qu'on sait que ce n'est pas bon pour nos enfants", a commenté le Premier ministre.

Bientôt une légalisation en Europe ?

L'expérience canadienne alimente les réflexions dans le monde anglo-saxon : le Michigan et le Dakota du Nord doivent se prononcer sur une légalisation complète en novembre, la Nouvelle-Zélande prévoit un référendum en 2020. L'impact sur le Vieux Continent apparaît moins certain, selon Mme Obradovic: "en Europe, les débats tournent surtout autour de la dépénalisation de la possession du cannabis et de la légalisation du cannabis à usage médical". Sur ce point, Allemagne et Royaume-Uni viennent de franchir le pas. 

Précurseurs, les Pays-Bas ont dépénalisé depuis 1976. La France maintient elle l'interdiction depuis 1970. Pourtant, avec 1,4 million d'usagers réguliers, elle est un des plus gros consommateurs européens de cannabis, selon l'OFDT.

La régularisation comporte-elle une augmentation de la consommation ?

"La légalisation canadienne est un événement majeur. Mais la France est encore très éloignée de ces réflexions", regrette le docteur Bernard Basset, vice-président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA). "La prohibition dure depuis 40 ans et s'est accompagnée d'une augmentation de la consommation " en France, rappelle-t-il. 

La réforme canadienne sera "suivie de près" par la communauté médicale, selon lui. "On va surtout regarder si la consommation augmente".

En Uruguay, "tous les indicateurs de consommation sont orientés à la hausse, y compris parmi les plus jeunes", notait en 2017 l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ). Dans l'État de Washington et du Colorado en revanche, l'autorisation du cannabis récréatif "n'a pas stimulé la consommation" chez les jeunes, mais a provoqué "une hausse des prévalences d'usages de cannabis parmi les adultes".

Une tentative d’éradiquer le marché noir

Les Canadiens ont consommé 773 tonnes de cannabis en 2017. Mais Bill Blair, ancien chef de police de Toronto, maintenant ministre chargé de la Réduction du crime organisé, reste optimiste et croit pouvoir ravir 25% du marché noir d'ici la fin de l'année et environ la moitié d'ici un an.

"Pendant près d'un siècle, les groupes criminels contrôlaient entièrement le marché, 100% de sa production et de sa distribution et ils en ont tiré des bénéfices de plusieurs milliards de dollars chaque année", rappelle-t-il. "Je soupçonne qu'ils ne vont pas disparaître tranquillement du jour au lendemain". Eradiquer le marché noir prendra au moins quatre ans, estime le ministère de la Justice.

"Si le Canada ne s'effondre pas sur lui-même et réduit son marché noir, le maintien de la prohibition sera de plus en plus difficile à justifier idéologiquement, même dans un pays historiquement réticent comme la France", estime Renaud Colson, juriste et auteur de plusieurs ouvrages sur les drogues et le droit. 

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