Cocaïne : toujours plus de ravages
En 6 ans, le nombre d'intoxications liées à la consommation de cocaïne a explosé. Cela s’explique par une plus grande dfacilité d'accès et un changement de nature des produits.
En six ans, les chiffres ont bondi. Entre janvier 2010 et juin 2016, les cas d’intoxications liés à l’usage de cocaïne et de ses dérivés ont été multipliés par six. Alors qu'il n'y avait eu que 68 cas d'intoxications en 2010, ils sont passé à 416 en 2016. Les données proviennent d'une étude du réseau national d’addictovigilance de l’ANSM
Les accidents liés à la consommation de cocaïne, en plus d’être de plus en plus nombreux, sont de plus en plus sérieux. Le nombre de signalements de complications graves, d’hospitalisations et de décès a augmenté de manière encore plus importante : en 2016, 8 fois plus de cas graves ont été signalés en comparaison avec 2010 (375 cas en 2016 contre 47 en 2010). Parmi eux, presque deux fois plus de décès directement imputables à la cocaïne et des dérivés.
Les complications les plus fréquentes de la prise de cocaïne sont des complications psychiatriques (35 %), cardio-vasculaires (30 %) et neurologiques (27 %). Des complications infectieuses (12 %), des complications touchant le système respiratoire (8 %) et ORL (3 %) sont également rapportées.
Concernant les intoxications, "cette augmentation est majeure entre 2015 et 2016 et semble se maintenir en 2017", a relevé l'ANSM dans un communiqué.
Des produits plus purs et plus disponibles
Pour expliquer ces ravages, le réseau des centres d'addictovigilance évoque "l'augmentation de la concentration du produit vendu" (une cocaïne "plus pure"), ainsi que "sa plus grande disponibilité". La cocaïne en poudre est, d'après l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), "le produit illicite le plus consommé en France après le cannabis". Et cet organisme soulignait en décembre qu'il était "de plus en plus accessible".
"On voit une diffusion à travers des catégories, des milieux, pas ou peu consommateurs auparavant", dans les classes moyennes, explique à l'AFP un pharmacien chargé d'études à l'OFDT, Thomas Néfau.
Il note aussi "une multiplication des filières d'approvisionnement, de moins grande ampleur, avec moins d'intermédiaires qui peut expliquer que la cocaïne soit moins coupée, augmentant les risques d'intoxication".
Le crack gagne du terrain
Dans les intoxications rapportées, la cocaïne en poudre reste la substance le plus consommée, devant le crack ou « free base » (cocaïne base) et dans une moindre mesure l’association des deux. Mais la consommation de crack, drogue moins chère et qui possède le potentiel addictif le plus puissant, augmente. Le crack "voit sa part de consommation augmenter par rapport à la cocaïne poudre: 33 % en 2017 contre 20 à 25 % entre 2013 et 2016", a souligné l'agence. Laissant craindre une nouvelle augmentation des dégâts sanitaires.