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Des bonbons au goût d'alcool inquiètent les addictologues

Un yaourt saveur mojito, un bonbon-spritz… De plus en plus de produits alimentaires mettent en avant un « parfum de cocktail » sans alcool pour séduire les plus jeunes. Une ambiguïté dénoncée les médecins.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Un yaourt saveur mojito, un bonbon-spritz, un gel douche Pina Colada, un sirop gin fizz… De nouveaux produits font leur apparition dans les rayons des supermarchés. Tous ont en commun d’avoir un emballage aux couleurs de ces cocktails alcoolisés, d’avoir le goût ou l’odeur de ces cocktails, sans être alcoolisés.

Un flou organisé par les industriels

Ces produits sont particulièrement mis en avant en période de congé estival où les cocktails alcoolisés sont très consommés. Les clients visés : les enfants et les jeunes, même si les marques concernées s’en défendent.

Le Pr Amine Benyamina, psychiatre à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif se dit « scandalisé » par cette tendance marketing : « Les industriels construisent un message où la consommation d’alcool est banalisée, et même valorisée car elle est associée aux valeurs d’insouciance, de vacances, d’été.  On devient dépendant à l’alcool à cause de facteurs génétiques, familiaux et de facteurs liés à l’environnement. Le marketing fait partie de cet environnement.  Ces produits génèrent un flou sur la présence d’alcool ou pas dans un produit. Résultat : un enfant va passer d’un produit sucré à un produit alcoolisé sans même s’en rendre compte. Sensibilisé, il va se tourner volontiers vers des cocktails alcoolisés dont il connaît le goût et le nom » conclut le médecin.

Des enfants trop tôt sensibilisés à la consommation d’alcool

Les industriels contactés pour réagir n’ont pas - à ce jour - donné suite à notre demande d’interview.

Même si d’un point de vue de santé publique, leur démarche est critiquable, elle est légale : la loi n’interdit pas la vente de ces produits. Une réalité que dénonce le Pr Amine Benyamina : « L’Etat est tétanisé par le lobby de l’alcool. Il faudrait des vraies mesures sur la publicité mais on ne les a toujours pas ! On a une loi vide de tout… »  regrette le président de la Fédération française d’addictologie.

La consommation d’alcool est en hausse chez les jeunes. En près de dix ans, de 2005 à 2014, la part des 18-25 ans ayant connu une ivresse dans l’année est passé de 33% à 46%, et la part de ceux en ayant connu au moins trois a presque doublé (source : Inpes).

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