L'addiction aux réseaux sociaux est-elle comparable à la dépendance à la cigarette ?
Le youtubeur Maître Chat s'amuse dans une vidéo à comparer l'addiction aux réseaux sociaux à la cigarette. Le buzz a fonctionné mais l'addiction à la nicotine est-elle vraiment comparable à la dépendance à Facebook, Instagram ou Twitter ?
"Nous sommes accros aux réseaux sociaux ! " ... ainsi commence cette vidéo qui a fait le tour des médias en reprenant un sondage américain commandé par une marque d'électroménagers. Publié cette année, il a montré que 48% des personnes interrogées de 18 à 34 ans consultent les réseaux sociaux pendant la nuit ou dès le réveil. Un chiffre qui fait écho à l'enquête Ipsos/ Pfeizer 2015 qui révélait que 84% des adolescents échangeaient sur les réseaux sociaux avant d'aller se coucher.
L'addictologue Marc Valleur, psychiatre spécialiste des addictions, précise à Allodocteurs.fr que "6 millions de personnes dans le monde meurent chaque année à cause du tabac. Les réseaux sociaux, eux, ne tuent pas. Une pratique intense peut créer une forme de dépendance mais elle n'est pas forcément problématique.", affirme-t-il. Pour ce spécialiste, le réflexe de regarder ses mails tous les matins s'explique très facilement. "Avant on regardait sa boîte aux lettres, maintenant c'est les mails, ce n'est pas du tout un problème".
"Vérifier sa popularité"
D'après l'enquête Pelleas (en partie financée par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies) plus de 80% des adolescents consultent les réseaux sociaux avant de s'endormir, un chiffre similaire au sondage Ipsos / Pfeizer 2015. "Vérifier sa popularité, voir si on est plus ou moins populaire que les copains, c'est un réflexe très fréquents chez les ados", confirme le psychiatre. Dans ce rituel du soir, l'adolescent vérifie tous ses contacts de façon à être rassuré, pour vérifier que tous ses amis sont bien là et qu'il est entouré. Le Dr Valleur met en garde néanmoins sur les troubles du sommeil que ce comportement peut engendrer. Le sommeil se trouvera forcément retardé.
Le circuit de la récompense
"Les réseaux sociaux vont aggraver une tendance dépressive mais ne créent pas de dépression en soi", poursuit le Dr Valleur. De même, pour les jeux vidéos, les joueurs qui pratiquent intensément ont plus tendance à se réfugier dans le virtuel pour compenser un mal-être (3 adolescents sur 4 ayant un niveau de bien-être faible jouent aux jeux vidéo selon l'enquête Ipsos / Pfeizer 2015). Pour déterminer une addiction aux jeux vidéos, les spécialistes constatent la rupture des liens sociaux, un enfermement total, ce qui n'est pas le cas des réseaux sociaux. La limite à ne pas franchir pour les réseaux sociaux est de veiller à ce que les amis virtuels ne remplacent pas la réalité.
"Si on poste quelque chose sur Facebook, on n'est pas sûr d'avoir des likes. La récompense n'est pas systématique", indique Michael Stora, psychiatre spécialiste d'internet. Avec la cigarette, le circuit de la récompense est automatique. La nicotine sécrète de la dopamine, cette hormone qui crée un plaisir immédiat.
Dans le cas de la dépendance à la cigarette, l'organisme ressent le manque. Un manque tout d'abord physique. Pendant environ 8 jours, le fumeur va devoir se sevrer de son taux de nicotine habituel. Pour les réseaux sociaux, c'est un processus différent. "Les gens ouvrent leur portable comme s'ils allumaient une cigarette mais on ne peut pas parler d'addiction, le mot est trop fort. On considèrera ce phénomène comme une compulsion ou une obsession", conclut le Dr Stora.