La loi Evin fête ses 25 ans
A l'occasion du 25ème anniversaire de la loi Evin, Le magazine de la santé a reçu la députée socialiste et cancérologue Michèle Delaunay. Elle était interrogée sur les conséquences de l'assouplissement de la loi Evin et de certaines autres mesures controversées de la loi Santé.
La promotion œnologique
L'assouplissement de la loi Evin a bien été voté en novembre 2015 malgré les réticences de certains parlementaires. C'était le cas de Michèle Delaunay député PS, fervente défenseuse de la loi Evin qui juge cette mesure regrettable et inutile. "Ceux qui vont en profiter ne sont pas [nos] viticulteurs [mais] principalement les alcooliers, qui ont des moyens financiers extrêmement puissants", affirme-t-elle sur le plateau du Magazine de la Santé. L'argument selon lequelle cette modification législative permettrait de mieux promouvoir l'œnotourisme ne porte pas, selon Mme Delaunay, cette activité étant déjà florissante dans le bordelais par exemple [1].
Le paquet neutre
Le paquet neutre devrait être installé en mai 2016 derrière les comptoirs des buralistes. Selon Michèle Delaunay, cette mesure adoptée de justesse va dans le bon sens, en "[abolissant] l'attractivité du packaging". "Il n'y a pas de raison qu'un produit qui tue un fumeur sur deux soit présenté dans un emballage attrayant", résume-t-elle. Toutefois, d'après l'Organisation Mondiale de la Santé c'est une forte augmentation du prix du paquet qui a le plus fort impact sur la lutte contre le tabagisme. C'est donc un changement de fiscalité qui permettrait de faire baisser nettement la consommation. "Le gouvernement ne voulait pas tout faire en même temps, ce sont des mesures difficiles à faire passer car elle concerne la vie quotidienne", explique la député.
Application de la loi Evin
La loi Evin, tout comme la loi Veil, est une loi "fondatrice de la santé publique", déclare Michèle Delaunay. Néanmoins, la loi Evin est moins bien appliquée selon elle : "les contrôles ne sont pas fanatiques, et même les pouvoirs publiques ne diligentent pas suffisamment ces contrôles". Parmi les exemples donnés par la députée, celui des films diffusés au cinéma, dans lequel le tabagisme est omniprésent. Selon une enquête de l'institut Ipsos de 2012, 80% des films français présentent au moins une scène de tabagisme et 30% plus de dix (sur la période 2005-2010). "J'ose le dire clairement : l'industrie du tabac sponsorise le cinéma français". "Et ceci est véritablement criminel car le cinéma a un énorme impact sur les jeunes", déplore la députée.
[1] En 2013, l'Office de Tourisme de Bordeaux a vendu 28.000 prestations en lien avec l'activité viticole, selon le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux. Ce chiffre ne représente que la moitié de son activité totale, beaucoup de touristes organisant eux-mêmes leur séjours. Selon l'Agence du développement touristique de la France, 7,5 millions de touristes auraient séjourné dans le vignoble français en 2010.
L'assouplissement de la loi Evin concerne la publicité/promotion des terroirs : elle distingue désormais la publicité sur les boissons alcooliques et l'information œnologique pour permettre la promotion des viticulteurs et des régions viticoles.