Grandes difficultés d'accès aux gynécologues médicaux
En 10 ans, le nombre de gynécologues médicaux a chuté de 41,6%. Obtenir un rendez-vous relève du parcours du combattant pour de plus en plus de femmes.
"J’ai téléphoné pour prendre rendez-vous chez des gynécologues de ville. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient plus de place. L’une m’a dit qu’elle partait à la retraite et qu’elle ne prenait aucun nouveau patient." La situation d’Hélène est loin d’être exceptionnelle. De plus en plus de patientes peinent à trouver un gynécologue médical. A la différence du gynécologue obstétricien qui s’occupe de la grossesse, le gynécologue médical suit les femmes tout au long de leur vie, de la puberté à la ménopause. Il est là pour dépister d’éventuelles pathologies comme un cancer du sein, du col, des ovaires… C’est aussi lui qui prescrit les traitements contraceptifs.
La France est le seul pays au monde à bénéficier de cette spécialité médicale. Mais, la profession est aujourd’hui menacée. Le pays compte pour l’instant 1136 spécialistes, dont plus de la moitié est sur le point de partir en retraite. En 2025, il n’en resterait que 531. Cette pénurie n’est pourtant pas une découverte. Pendant 17 ans, pas un seul gynécologue n’a été diplômé, la formation ayant été purement supprimée.
Le Pr Anne Gompel fait partie des médecins qui se sont battus pour rétablir le diplôme. Mais, le mal est fait. "Je n’ai pas envie d’être catastrophiste… Mais, si on considère que la gynécologie médicale a participé au relativement bon indice de la santé des femmes, on risque de perdre une partie de bénéfice-là. Ce dont je suis sûre, c’est qu’il faut continuer à former suffisamment de gynécologues médicaux pour être des recours suffisants dès qu’il y a un souci, ou si les femmes le souhaitent ou au moins que les femmes puissent avoir le choix."
Le Comité de Défense de la Gynécologie Médicale (CDGM), un collectif de femmes, a lancé une pétition pour réclamer plus de postes de gynécologues médicaux. Elles ont récolté plus de 4 millions de signatures. A plusieurs reprises, le CDGM a interpellé la ministre de la Santé sur cette question mais n’a reçu, à ce jour, aucune réponse.