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Les femmes ménopausées bientôt traitées avec des ovaires artificiels ?

Selon une étude, pour les femmes ménopausées, la transplantation d’ovaires artificiels serait plus sûre et plus efficace que les traitements hormonaux substitutifs. Des résultats critiqués par les endocrinologues.

Maud Le Rest
Rédigé le , mis à jour le
Des ovaires artificiels. © Wake Forest Institute for Regenerative Medicine

"Les effets indésirables liés aux traitements hormonaux substitutifs, comme les cancers du sein, de l’endomètre ou des ovaires surpassent leurs bénéfices", selon des chercheurs de l'institut de Wake Forest, en Caroline du Nord, qui publient une étude publiée le 5 décembre dans la revue Nature Communications. [NDLR : Le risque de cancer du sein observé avec certains traitements hormonaux substitutifs est faible. De plus, le pronostic est meilleur chez les patientes recevant un THS. En ce qui concerne le cancer de l'ovaire, les résultats des études sont très hétérogènes.] Pour les chercheurs, ces traitements, prescrits aux femmes souffrant des symptômes de la ménopause, ont toutefois des effets positifs lorsqu’ils sont dosés correctement. Malheureusement, arriver à un dosage optimal est  difficile : selon eux, il faudrait le personnaliser pour chaque femme.

Contrer les effets de la ménopause avec moins d’hormones

D’autant qu’aujourd’hui, le nombre de femmes qui atteignent l’âge de la ménopause va croissant, et celles-ci connaissent de multiples effets indésirables (perturbations sexuelles, prise de poids, ostéoporose…). Mais les traitements hormonaux substitutifs (THS) utilisés pour contrer ces symptômes – de l’œstrogène seul ou couplé à de la progestérone – sont controversés, et leur usage a diminué. Les chercheurs indiquent qu'ils augmenteraient le risque de développer des maladies cardiaques ou des cancers du sein. En outre, ils affirment qu'ils ne sont pas recommandés pour les usages à long terme.

Aussi l’implantation d’ovaires artificiels (créés via des techniques d’ingénierie tissulaire) permettrait-elle, selon les chercheurs, de contrer les effets indésirables de la ménopause en utilisant moins d’hormones qu’avec des traitements pharmacologiques.

A lire aussi : "Le traitement hormonal substitutif : efficace ou dangereux ?"

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont mené plusieurs expériences sur des rats. Chez certains de ces animaux, ils ont transplanté des ovaires artificiels. Pour les fabriquer, l'équipe a combiné deux types de cellules : la granulosa et la cellule de la thèque, prélevées sur des rats femelles, puis cultivées et réimplantées. Pendant 90 jours, ils ont observé que ces rats présentaient une sécrétion d’hormones stable, ce qui a amélioré leur santé osseuse et utérine et leur a évité la prise de poids.

Réduire les risques d’ostéoporose

Chaque semaine, ils ont analysé l’accumulation de graisses chez les rats. Ils ont par ailleurs mesuré leur masse corporelle à la fin de l’étude. Résultat : les rats à qui on avait transplanté des ovaires artificiels présentaient un taux de graisse moins important que ceux qui suivaient un traitement hormonal classique. Quant aux os, cible majeure des oestrogènes (la déficience en oestrogènes due à la ménopause peut entraîner de l’ostéopénie, de l’ostéoporose et des fractures ostéoporotiques), ceux des rats aux ovaires artificiels étaient moins poreux.

Pour les chercheurs de Wake Forest, les ovaires artificiels pourraient à l’avenir constituer une alternative intéressante aux THS. Ils permettraient ainsi de traiter de façon plus sûre et plus efficiente les millions de femmes ménopausées à travers le monde.

"Une intervention démesurée"

Néanmoins, le Pr Sophie Catteau-Jonard, endocrinologue au CHRU de Lille, tempère : "Il est tout de même question d’une intervention chirurgicale ! C’est démesuré." Pour l’endocrinologue, "les THS ont fait leurs preuves et peuvent rendre de grands services. Ils sont moins chers et moins complexes. Les données à ce sujet sont rassurantes, mais elles sont mal communiquées". Elle précise par ailleurs que les résultats de l’étude des chercheurs de Wake Forest sont à nuancer, en raison de la différence entre les hormones prescrites en France et aux Etats-Unis.

"Mais ce qu’ils ont fait, c’est très intéressant", ajoute-t-elle, "ça peut être très encourageant pour la reproduction, notamment pour les femmes qui connaissent une insuffisance ovarienne primitive et pourraient ainsi se passer du don d’ovocytes". Cependant, le Pr Sophie Catteau-Jonard ne croit pas vraiment en une démocratisation de la transplantation d’ovaires artificiels, malgré un "réel climat de défiance des femmes par rapport aux hormones".

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