Certains moments de la journée favoriseraient les infections
Les virus aussi ont leur horloge biologique ! Et certains moments de la journée seraient plus propices aux infections que d'autres.
Attention à l'heure à laquelle vous croisez le virus de l'herpès ! Une étude, menée par l'Université de Cambridge, montre que le moment de la journée influencerait notre susceptibilité à réagir à une infection. L'étude, menée sur l'horloge biologique de rongeurs, est publiée le 15 août dans la revue PNAS.
Lorsqu'un virus, comme celui de la grippe ou de l'herpès, pénètre dans une cellule, il y injecte son matériel génétique. Il va alors détourner le fonctionnement de celle-ci à son avantage, en utilisant ses ressources ou encore sa machinerie. Si bien que la cellule infectée ne pourra plus fonctionner d'elle-même. C'est l'infection. Le cycle des cellules est contrôlé par le rythme biologique de notre corps, grâce entre-autres au gène Bmal1.
Une infection plus grave sans horloge biologique
Pour mettre en lumière le rôle de l'horloge biologique sur l'infection, les chercheurs ont infecté deux groupes de souris avec le virus de l'herpès, dont l'un des deux ne possédait pas le gène Bmal1. Ils ont ensuite observé la propagation du virus dans l'organisme des rongeurs.
Résultat : au lever du soleil, le virus se répliquait dix fois plus que 10 heures après le début de la journée ! Cependant, chez les souris dépourvues du gène régulateur de l'horloge biologique, l'infection était toujours très élevée, peu importe le moment. L'heure de la journée semblerait donc influencer la gravité de l'infection, du moins lorsque l'horloge biologique fonctionne correctement.
Des travailleurs en horaires décalés plus sensibles aux virus
Selon les auteurs, les résultats de ces travaux permettraient d'expliquer pourquoi les travailleurs en horaires décalés, au trois-huit par exemple, seraient plus sensibles au infections et à la fatigue chronique. En effet, ces horaires de travail dérégleraient leur horloge biologique. Ainsi, sans variation du rythme, la réplication du virus serait toujours à son niveau le plus élevé.
Si ces conclusions restent encore difficilement extrapolables à l'homme, elles vont néanmoins dans le sens de précédents travaux, sur le paludisme notamment. Le parasite de la malaria se synchronise au rythme de son hôte pour réussir à l'infecter au maximum.
Adapter l'horaire des vaccins ?
"Ceci est cohérent avec les études récentes qui ont montré que le moment de la journée où le vaccin contre la grippe est administré peut influencer son efficacité", précise le Pr Akhilesh Reddy, principal auteur de l'étude, dans un communiqué. Les vaccinations contre la grippe seraient en effet plus efficaces lorsqu'elles sont administrées le matin.
D'ailleurs, au delà des variations quotidiennes, le gène Bmal1 subirait également des variations à l'année, montre l'étude. Il serait moins actif l'hiver, ce qui expliquerait ainsi les épidémies de grippes saisonnières.
Source : Cell autonomous regulation of herpes and influenza virus infection by the circadian clock. Edgar et al. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, août 2016. doi: 10.1073/pnas.1601895113