Des virus latents réactivés chez les astronautes dans l'espace
Les séjours dans l’espace créent un stress immunitaire propice à la réactivation des virus latents comme l’herpès ou le virus varicelle-zona. Des chercheurs de la NASA s’inquiètent de ce phénomène pour les futures missions vers Mars.
Dans l’espace, le cœur des astronautes s’arrondit, leurs muscles fondent et leurs os se déminéralisent. Mais ce n’est pas tout : comme le rapportent des chercheurs de la NASA (Houston, États-Unis) dans un article paru le 7 février 2019 dans Frontiers in Microbiology, les virus latents se réactivent dans le corps des personnes qui s’aventurent dans l’espace. Les chercheurs ont passé en revue plusieurs études menées sur des astronautes ayant séjourné à bord de la station spatiale internationale (SSI) et dans des vols navettes entre cette station et la Terre.
La salive, l’urine et le plasma des astronautes avaient été prélevés avant, pendant et après leur séjour dans l’espace. Actuellement, les scientifiques ont compté que 53% des astronautes des vols navettes et 61% des astronautes ayant effectué une mission sur la SSI présentaient un ou plusieurs types de virus de l'herpès réactivés dans leur salive ou leur urine. D’autres virus réactivés ont été observés : le virus Epstein-Barr, le virus varicelle-zona et le cytomégalovirus (CMV).
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Microgravité, confinement, manque de sommeil
Ces virus sont très fréquents dans la population humaine et, après une première infection, persistent dans le corps en état de dormance. Ils sont cependant susceptibles de se réactiver en période de stress intense ou de baisse immunitaire. Un phénomène bien connu avec le virus de l’herpès qui peut occasionner un "bouton de fièvre" au moindre stress ou coup de fatigue.
Dans l’espace, les astronautes sont loin d’être épargnés : les forces gravitationnelles variables (accélération et décélération), les rayonnements cosmiques et la microgravité constituent des facteurs de stress qui dérèglent le système immunitaire. A cela s’ajoutent d’autres facteurs de stress comme l’isolement social, le confinement, le manque de sommeil, la perturbation du rythme veille-sommeil et l’anxiété. Toutes ces conditions plongent l’organisme dans un état de stress persistant et mettent le système immunitaire à rude épreuve. Les virus latents peuvent dès lors plus facilement refaire surface.
Un risque accru pour les missions vers Mars
Autre fait révélé par les études menées sur le sujet : la charge virale (la quantité de virus présent dans un volume de fluide) augmente avec le temps passé dans l’espace. Pire : en général, plus d’un virus se réactive à la fois, ce qui amplifie les risques de réactions virales comme les éruptions mais aussi, plus grave, les défaillances d’organes et les pertes irréversibles de la vue ou de l’audition.
Un constat qui inquiète les auteurs de la publication en particulier pour les missions de longue durée visant la planète Mars, "où la réactivation de virus latents pourrait accroître le risque d’évènements médicaux de grande envergure".
En attendant de concevoir et de développer des dispositifs pour réduire les risques, par exemple des environnements de gravité partielle à bord des vaisseaux, les chercheurs conseillent aux astronautes une stratégie simple : la vaccination avant leur départ, pour les virus contre lesquels un vaccin existe.