Premier accouchement naturel d'une diabétique avec un pancréas artificiel
Malformations, accouchement prématuré, bébés mort-nés… Le diabète peut menacer la grossesse. Pour prévenir de ses méfaits, un pancréas artificiel a été testé, avec succès, sur une femme enceinte britannique.
C'est une première mondiale. Une femme diabétique a accouché naturellement grâce à l'implantation d'un pancréas artificiel. Catriona Finlayson-Wilkins, 41 ans, souffre d'un diabète de type I et a pu bénéficier d'un pancréas artificiel tout au long de sa grossesse, selon un communiqué du 30 avril de l'hôpital britannique de Northfolk, où elle a accouché. Ce dispositif, toujours au stade expérimental, mime le rôle principal du pancréas : la production d'insuline, qui fait défaut chez les diabétiques. Automatiquement et grâce à un capteur de glucose sous-cutané, l'appareil régule les injections d'insuline, permettant à Catriona Finlayson-Wilkins de vivre sa grossesse normalement. Le petit Euan, 4 kg, est d'ailleurs en parfaite santé.
Auparavant, trois autres femmes enceintes avaient bénéficié du pancréas artificiel, mais elles avaient toutes accouché par césarienne. Car les naissances par voies naturelles chez les diabétiques restent rares. 40 à 70% des femmes enceintes diabétiques accouchent par césarienne(1). La réussite du pancréas artificiel est donc un progrès considérable car le diabète met en péril la mère et l'enfant et présage bien souvent d'une grossesse à risque.
Le diabète, un danger pour le nouveau-né
Pendant la grossesse, le taux d'hormones et sa variation n'est pas le même qu'en temps normal, ce qui complique le traitement du diabète car les changements de glycémie sont difficilement prédictibles. Chute ou augmentation brutale du taux de sucre dans le sang peuvent provoquer des malformations congénitales, un accouchement prématuré mais aussi le risque d'accoucher d'un bébé plus gros et ainsi d'entraîner césariennes ou détresses foetales. Le risque d'avoir un bébé mort-né est également multiplié par quatre chez les femmes enceintes diabétiques…
Ce n'est pas la première fois que Catriona Finlayson-Wilkins met au monde un enfant. Mais lors de sa précédente grossesse (sans pancréas artificiel), son nouveau-né avait dû être transporté en soins intensifs car sa glycémie avait chuté trop brusquement.
Depuis 2011, les prototypes de pancréas artificiel se multiplient à travers le monde. Etats-Unis, Angleterre, Italie, France en développent. Pour l'instant, aucun n'est encore disponible librement à la vente, mais l'Institut National de Santé publique britannique devrait évaluer courant 2015 les avantages de le mettre à disposition des femmes enceintes.
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(1) Perinatal mortality and congenital anomalies in babies of women with type 1 or type 2 diabetes in England, Wales, and Northern Ireland: population based study. M. Macintosh et al. BMJ, 20O6. doi:10.1136/bmj.38856.692986.AE
Chez les diabétiques de type I, les cellules du pancréas ne synthétisent pas naturellement l'insuline, elles sont donc incapables d'assimiler et de stocker les sucres qui repartent alors dans le sang et font augmenter la glycémie. En temps normal, les diabétiques doivent mesurer plusieurs fois par jour leur taux de sucre et se faire eux-mêmes leurs injections d'insuline.