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Le système immunitaire : les défenses de l'organisme

Sans système immunitaire, l'organisme ne serait plus protégé contre les microbes, les virus, les substances toxiques... Comment s'organisent les défenses immunitaires ? Quel est le rôle des lymphocytes ? Quelles sont les conséquences lorsque ce système est déréglé ?

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Les défenses de l'organisme

Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes décrivent le système immunitaire.

Le système immunitaire nous protège en permanence des agressions extérieures et nous permet de résister à un environnement très hostile dès les premières heures de notre vie.

Le système immunitaire fonctionne un peu comme une forteresse. Les agresseurs (bactéries, virus, champignons) qui tentent d'y entrer doivent d'abord faire face à un mur d'enceinte, la peau et la muqueuse.

Dès que l'un de ces envahisseurs arrive à passer dans notre corps, une véritable armée passe à l'attaque pour tenter de le détruire. Une première ligne de soldats, les macrophages et les globules blancs, vont stopper l'ennemi. On ne s'en rend pas compte mais cette armée passe son temps à nous débarrasser des intrus.

Notre système immunitaire est déjà actif à la naissance, c'est ce qu'on appelle l'immunité innée, mais il continue à se construire et se perfectionner tout au long de notre vie. C'est ce qu'on appelle l'immunité acquise.

On parle alors de mémoire du système immunitaire capable de se souvenir de ses agresseurs et de les combattre plus rapidement lors d'une nouvelle intrusion.

L'immunologie, toute une histoire

Histoire de la découverte de l'immunologie.

Des siècles d'observation et d'études ont été nécessaires pour comprendre les mécanismes du système immunitaire.

Nous avons en nous un système de défense très performant. Si une bactérie ou un virus tentent une intrusion dans notre organisme, ils seront aussitôt stoppés par une armada de cellules. C'est ce que l'on appelle le système immunitaire. Mais avant d'en comprendre les mécanismes ou tout simplement de lui trouver un nom, dès l'Antiquité, chercheurs et médecins se sont posés bien des questions "L'histoire de l'immunologie, c'est en fait l'histoire de la résolution d'une énigme. Une énigme connue depuis l'Antiquité", explique le Pr Patrick Berche, chef du service de microbiologie à l'hôpital Necker.

Le mystère traverse les siècles. Et c'est en observant des vaches et des fermiers à la fin du XVIIIe siècle qu'Edward Jenner perce les premiers secrets de l'immunologie. À son grand étonnement, les trayeurs de vache sont totalement résistants à la variole. Ils n'en développent qu'une forme bénigne : le cowpox, une maladie qui donne des pustules sur les mains et sur le pis des vaches. Edward Jenner a alors tenté d'inoculer, avec succès, le cowpox à un jeune garçon. "Variolisé à forte dose", ce jeune garçon est alors devenu totalement résistant.

Un siècle plus tard, Louis Pasteur franchit un pas supplémentaire. Alors qu'une épidémie dévaste les poulaillers français, il décide d'isoler le germe du choléra des poules pour le cultiver. Pasteur va ainsi découvrir la vaccination et met en évidence l'existence d'une immunité acquise.

Notre organisme acquiert une résistance au fil du temps et des attaques. Mais comment fait-il pour nous défendre ? Élie Metchnikoff résout en partie l'énigme à la fin du XIXe siècle. Etudiant des larves d'étoile de mer, il les blesse avec une épine et observe leur réaction. C'est la découverte de l'immunité cellulaire. Une avancée essentielle suivie de près par celle des anticorps et de la sérothérapie.

S'en suit, durant toute la première moitié du XXe siècle, une période de latence. Les scientifiques cherchent mais ne trouvent pas comme le confirme le Pr Berche : "Jusqu'en 1996, on ignorait un troisième mécanisme essentiel qui est l'immunité innée. Il s'agit d'une immunité que nous avons dans nos gènes et qui est transmise dans l'histoire de notre lignée".

L'immunité innée est la première ligne de défense de notre corps. La présence d'intrus dans notre organisme est immédiatement repérée et freinée. Pour cette découverte, le chercheur français Jules Hoffmann sera couronné du prix Nobel de médecine.

À force de recherches et de persévérance, les énigmes autour du système immunitaire tombent. Mais tout un monde reste encore à découvrir.

 

À chaque attaque, une réponse spécifique

Les lymphocytes T dirigent la réponse immunitaire.

L'immunité innée est la première ligne de défense du corps. Les globules blancs limitent les infections et suffisent en général pour venir à bout des microbes rapidement.

Pour d'autres infections, notamment dans le cas des virus, d'autres cellules prennent le relais : les lymphocytes T et les plasmocytes. Interviennent alors les anticorps.

Enfin, les cellules tueuses éliminent complètement les microbes.

Bébé bulle : l'absence de système immunitaire

Sans défense immunitaire, les bébés sont protégés des microbes sous une bulle.

Le système immunitaire se dérègle parfois. Un exemple, qui concerne plus de 30% des Français : les allergies. C'est une réaction anormale, inadaptée et excessive du corps. Elle est provoquée par un "allergène", une substance que l'organisme ne reconnaît pas. Ces substances sont souvent sans effet sur la majorité des gens. Ce sont des pollens, des aliments ou des acariens, pour ne citer que les plus fréquents.

L'origine des allergies n'est pas encore totalement déterminée. Plusieurs facteurs s'associent les uns aux autres mais l'existence d'allergiques dans sa famille favorise le risque de développer cette affection. L'environnement dans lequel on évolue jouerait également un rôle.

Autre exemple de défenses immunitaires inadaptées : les maladies auto-immunes, qui sont en nette augmentation dans les pays développés. Les défenses immunitaires se dirigent contre des composants de son propre corps. Résultat : elles détruisent la thyroïde, pour prendre l'exemple de la maladie de Basedow, ou les globules rouges, dans un type particulier d'anémie : l'anémie de Biermer. Un autre cas est celui des bébés que l'on place dans des enceintes stériles ou 'bulles' de protection. Sans lymphocyte T, leur organisme n'a pas les moyens de se défendre contre les infections.

Ces maladies immunitaires sont jusqu'à maintenant essentiellement traitées par des greffes de moelle osseuse. Les résultats sont toutefois incertains en l'absence de donneurs compatibles.

Des essais de traitement par thérapie génique ont toutefois été mis au point. Il s'agit d'apporter au patient le gène déficient impliqué dans la régulation du système immunitaire. Cela représente un grand espoir dans le traitement de ces maladies immunitaires.

Recherche : espionner le système immunitaire

Les recherches sur le système immunitaire avancent.

Parfois le système immunitaire se retourne contre nous. On parle alors de maladie auto-immune. Notre système de défense s'active de manière anormale en s'attaquant à nos propres cellules. C'est le cas de certains types de diabète ou encore de la sclérose en plaques.

Il arrive aussi parfois que les intrus se montrent plus "intelligents" que le système immunitaire. Certains virus, comme celui du sida, peuvent tromper ce système de défense. Après s'être introduits dans l'organisme, ces virus intègrent les cellules et mutent de manière à ce que le système immunitaire ne les reconnaisse pas.

À l'Institut Pasteur, des chercheurs ont pour mission d'espionner le système immunitaire. Objectif : mieux comprendre le système immunitaire et pourquoi pas le rendre plus performant.

Armés des microscopes les plus sophistiqués, les chercheurs de l'Institut Pasteur traquent les cellules du système immunitaire. Leur mission est de démasquer les neutrophiles, ces cellules du système immunitaire qui nous aident à lutter contre les infections notamment lors d'une blessure à la peau.

En moins de trente minutes, certaines cellules de notre système immunitaire sont capables de se mobiliser contre une attaque bactérienne quand d'autres se développent à l'intérieur d'une tumeur pour nous en défendre. Autant de chorégraphies cellulaires à décrypter.

En mettant les cellules "sur écoute", les chercheurs ont pu dévoiler leur mode d'action contre les lymphomes, les cancers des cellules du système immunitaire. Si on disposait déjà d'un anticorps efficace contre ces maladies, on ne connaissait pas vraiment son mode opératoire.

Grâce aux nouvelles techniques d'imagerie, le système immunitaire livre peu à peu ses secrets. Et peut-être qu'un jour, infections ou maladies auto-immunes n'auront plus droit de cité dans nos organismes.

Au fil de l'évolution humaine, notre système immunitaire s'est renforcé. L'allongement de la durée de vie résulte d'un bon contrôle des maladies infectieuses, grâce à l'effet combiné des mesures d'hygiène, de la vaccination et des antibiotiques.

Mais aujourd'hui, de nombreux scientifiques remettent en cause notre monde trop aseptisé. Car les microbes stimulent notre système immunitaire et le rendent plus performant. S'il ne s'agit pas d'abandonner nos mesures d'hygiène, il ne faut pas tomber dans des extrêmes.

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