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Le lavement, un remède sans fondement

Qu'est-ce qu'un lavement ? À quoi sert-il ? Comment le pratique-t-on et avec quelles précautions ? On vous répond.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Marina Carrère d'Encausse et Benoît Thevenet expliquent le lavement.

"Mon lavement d'aujourd'hui a-t-il bien opéré ?", telle est la préoccupation centrale d'Argan dans le Malade imaginaire. À l'époque, au XVIIe siècle, le lavement était largement pratiqué pour soigner toutes sortes de pathologies, les médecins n'ayant alors pas beaucoup de traitements à proposer à leurs malades. 

Qu'est-ce qu'un lavement ?

Le lavement consiste à introduire de l'eau ou tout autre liquide par l'anus dans le rectum, puis dans la première partie du côlon. Il peut se faire par exemple au moyen d'une poire à lavement.

La pratique du lavement est bien antérieure à l'époque de Molière puisqu'elle est attestée dès l'Antiquité dans de nombreuses civilisations. Le principe est toujours resté le même, mais les techniques ont varié selon les époques.

L'histoire du lavement

Petit florilège des différents ustensiles utilisés pour les lavements

C'est au temps des Egyptiens que l'on retrouve la première description d'un lavement intestinal. Les hommes se seraient inspirés du comportement d'un oiseau du Nil, l'ibis, "qui se sentant constipé, s'introduisait le bec chargé d'eau du Nil dans le fondement", explique Olivier Lafont, président de la Société d'histoire de la pharmacie.

Les Grecs et les Romains ont aussi utilisé cette technique. Hippocrate lui-même en conseillait la pratique qui perdurera jusqu'au Moyen-Âge comme le confirme Olivier Lafont : "Au Moyen-Âge, pour administrer le clystère, on utilisait une sorte d'entonnoir relié par un tube (…) on mettait le liquide dans l'entonnoir et par gravitation, on l'administrait".

Le terme de clystère est parfois utilisé abusivement pour parler de l'acte en lui-même ou de l'instrument alors qu'il qualifie le liquide injecté. Selon les cas, il pouvait s'agir d'une simple eau salée ou d'une potion beaucoup plus complexe : "Il existait différentes sortes de clystères. Il y avait des clystères purgatifs, des clystères carminatifs (c'est-à-dire pour faire cesser les vents, favoriser l'évacuation des vents), ou encore des clystères lénitifs pour calmer".

C'est au XVIIe et XVIIIe siècles que le lavement est le plus pratiqué, parfois même plusieurs fois par semaine : "Ces lavements étaient prescrits par les médecins. Le clystère était souvent administré par un garçon apothicaire. Les personnes pouvaient aussi se faire administrer par leur serviteur (…) à l'époque, il y avait pléthore de lavements. Cet excès était d'ailleurs déjà jugé nuisible par certains à cette époque", souligne Olivier Lafont.

Au XIXe siècle, la pratique du lavement devient plus raisonnable et s'exécute désormais en solitaire. La simple seringue est alors remplacée par un autre instrument : le système de clystère soi-même qui permet de s'administrer soi-même, sans l'aide de personne, un lavement.

Le caoutchouc a ensuite permis de fabriquer des instruments plus souples, plus pratiques jusqu'au plus simple appareil.

Le lavement en pratique

Qu'est-ce que l'hydrothérapie du côlon ?

Aujourd'hui, d'un point de vue médical, les lavements sont peu utilisés. Ils sont prescrits dans des cas très particuliers comme pour les incontinents fécaux ou en cas de constipation sévère due à une maladie neurologique comme Parkinson ou encore une tétraplégie, dans le but d'éviter l'occlusion. En dehors de ces indications, l'intérêt thérapeutique des lavements n'a jamais été démontré.

Certains inconditionnels restent cependant persuadés des bienfaits de cette pratique ancestrale notamment pour soigner les diarrhées, les constipations ou les ballonnements, mais aussi un certain nombre de maladies chroniques. On parle alors d'hydrothérapie du côlon.

Encore confidentielle en France, l'hydrothérapie du côlon est surtout répandue en Allemagne et en Suisse. La pratique du lavement et de l'hydrothérapie du côlon comporte des risques, même s'ils sont rares. Par exemple des risques d'infections, d'endommagement de la muqueuse colique, d'irritations ou même de perforation de l'intestin.

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