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Comment la mouche tsé-tsé a été éradiquée d'une région du Sénégal

Le vecteur de la maladie du sommeil a été éliminé d’une région du Sénégal où il faisait des ravages, après une vaste campagne internationale de lâcher de mouches mâles stériles.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Une mouche tsé-tsé (cc-by-sa AIEA)

"L’occasion m’est donnée de déclarer solennellement la libération de la zone des Niayes de la mouche tsé-tsé, vecteur de la trypanosomiase [chez l’homme et] chez l’animal, qui étaient des obstacles majeurs au développement de l’élevage dans notre pays", a déclaré Macky Sall, président du Sénégal, ce 8 décembre à l’occasion de la Journée nationale de l’Élevage.

Couvrant 1000 km², la zone concernée s’étend sur 180 kilomètres de côtes, depuis la capitale Dakar, au sud, jusqu’à la ville de Saint-Louis, au nord, et sur environ 30 kilomètres dans les terres.

Le projet a notamment impliqué l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), les services vétérinaires sénégalais, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture.

Un projet soigneusement planifié

La campagne d’éradication s’est déroulée en plusieurs phases. Dans un premier temps, les chercheurs ont cartographié de façon très précise les zones où étaient présentes les glossines (mouches tsé-tsé). "Dans les années 70, un précédent programme avait démarré alors que seulement la moitié des zones infestées avaient été recensées. Cette tentative s’est soldée par un échec ", a détaillé le Jérémy Bouyer, vétérinaire entomologiste impliqué dans le projet depuis plus de dix ans.

Dans un second temps,  à partir de 2012, des pièges insecticides ont été mis en place pour réduire la population de mouches. Enfin, des mâles stérilisés par irradiation ont été lâchés en des points stratégiques, mois après mois, réduisant progressivement le nombre de mouches sauvages.

"[En 2012], on capturait près de 100 glossines par jour et par pièges dans certains sites", explique Jérémy Bouyer. "Peu avant juillet, on en retrouvait une ou deux par mois. Aujourd’hui, c’est zéro ! "

Selon les parties prenantes du projet d’éradication, la trypanosomiase représenterait le principal obstacle au développement de l’élevage en Afrique subsaharienne. "Chez les bovins, l’infection [par le trypanosome] provoque une baisse de la fertilité, une perte de poids et parfois la mort", explique-t-on au Cirad. En outre, les bovins les plus sensibles au trypanosome sont également les meilleurs producteurs de viande et de lait. Selon les estimations d’une étude d’impact menée en parallèle du projet, la disparition de la mouche tsé-tsé devrait induire une importante hausse de la production annuelle dans la région concernée.

Selon le Cirad, les autorités sénégalaises envisageraient une extension sur une zone cinq fois plus vaste du pays, où les glossines transmettent deux souches de trypanosomes, "dont l’une est bien plus virulente [que celle qui tait présente dans la région déjà traitée]".

la rédaction d'Allodocteurs.fr

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