640 000 personnes reconfinées en Allemagne
Pour la première fois, un reconfinement local a été décrété en Allemagne dans les cantons voisins de Gütersloh et de Warendorf dans l'ouest du pays.
L'Allemagne, présentée en modèle de gestion de la pandémie de coronavirus, a annoncé ce 23 juin deux reconfinements partiels à la suite à l'échelle locale. Le premier, dans le canton de Gütersloh, fait suite à l'éruption d'un important foyer de contamination parti du plus grand abattoir d'Europe. Le second a été prononcé quelques heures plus tard et concerne le canton voisin de Warendorf.
Quelque 360 000 personnes vivant dans le canton de Gütersloh, dans l'ouest du pays, vont à nouveau voir leurs déplacements et activités strictement limités pour tenter de contenir la propagation du virus. Il touche déjà plus de 1 500 personnes dans un abattoir de la région. Elles ne seront en revanche pas obligées de rester à leur domicile.
"Pour la première fois en Rhénanie du Nord-Westphalie et en Allemagne, nous allons revenir dans tout un canton aux mesures qui s'appliquaient il y a quelques semaines" avant que l'Allemagne n'entame début mai un déconfinement progressif, a indiqué Armin Laschet, le dirigeant de la région la plus peuplée et la plus industrialisée du pays, lors d'une conférence de presse à Düsseldorf.
Limitation stricte des contacts
La mesure doit dans un premier temps durer jusqu'au 30 juin et va se traduire par la limitation stricte des contacts entre personnes, la fermeture des bars, cinémas, musées, centres de fitness, piscines, et l'interdiction des activités de loisirs dans des espaces fermés.
Les restaurants pourront rester ouverts mais n'accueilleront que des clients d'un même foyer, a précisé M. Laschet, potentiel successeur d'Angela Merkel et candidat à la direction de leur parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) en décembre prochain.
Ces mesures drastiques, qui interviennent à dix jours du début des vacances scolaires dans cette région, visent "à calmer la situation" et à "accroître les tests" de dépistage.
A lire aussi : Olivier Véran : « N’allons pas trop vite » dans le déconfinement
Un foyer dans un abattoir
L'Allemagne, jusqu'ici relativement épargnée par le virus à la différence de ses partenaires européens comme la France, l'Italie ou l'Espagne, est sous le choc depuis la découverte d'un foyer de contamination important dans l'abattoir Tönnies.
Il emploie à Rheda-Wiedenbrück, près de Gütersloh, 6.700 personnes, pour beaucoup venues de Bulgarie et de Roumanie et qui logent dans des foyers d'hébergement où la promiscuité est grande.
Le 22 juin au soir, les autorités locales ont annoncé que 1.553 personnes étaient contaminées par le Covid-19 dans le canton. Quelque 7.000 personnes ont été placées en quarantaine, 21 hospitalisées et 6 sont en soins intensifs.
A lire aussi : Coronavirus : la "dangereuse" phase de déconfinement qui inquiète l’OMS
Confinés sur leur lieu de travail
L'ensemble des employés de ce groupe, qui réalise un chiffre d'affaires annuel de 6,6 milliards d'euros dont 50% à l'exportation, a été placé sous quarantaine.
Les chaînes de télévision diffusaient des images de personnes présentées comme des employés de l'abattoir attendant derrière des barrières de métal à l'entrée des foyers d'hébergement que des policiers, munis de masques et de gants, les ravitaillent en vivres et en boissons.
A lire aussi : Restaurants, état d’urgence… quelles perspectives pour la suite du déconfinement ?
Un lieu qui favorise la contamination ?
L'apparition de plusieurs foyers de contamination dans des abattoirs en Allemagne, mais aussi en France, a relancé le débat autour des conditions de travail régulièrement dénoncées par des associations de défense de l'environnement.
Le nombre particulièrement élevé de cas dans ces lieux pourrait s'expliquer par le froid et par les particules aérosols qui resteraient plus longtemps en suspension dans l’air, a avancé l'institut de veille sanitaire, le RKI.
A lire aussi : Les abattoirs, nouveaux foyers de contamination au Covid-19 ?
Des mesures plus strictes dans les abattoirs
Le gouvernement d'Angela Merkel a quant à lui décidé de durcir les règles sanitaires dans ces abattoirs. Le ministre du Travail, le social-démocrate Hubertus Heil, a réclamé des changements profonds dans l'industrie de la viande et exigé de Tönnies de tout faire "pour limiter les dommages".
Un pays jusque-là relativement épargné
Depuis l'apparition du nouveau coronavirus, l'Allemagne, pourtant peuplée de plus de 80 millions d'habitants, a enregistré un nombre relativement limité d'infections: quelque 191.000, dont 8.895 morts. La principale économie européenne avait par conséquent été l'un des premiers pays européens avec l'Autriche à assouplir les règles sanitaires progressivement le mois dernier.