Aurait-on pu éviter des morts dans les Ehpad ?
La commission d’enquête de l’Assemblée nationale débute ses travaux sur la gestion de la crise sanitaire aujourd’hui. Les députés vont notamment s’intéresser aux ratés dans les Ehpad.
C’est fin mars qu’a débuté le calvaire de Firouze Belhachemi et sa famille. Son père, âgé de 75 ans, vit en Ehpad depuis 3 mois. Malade, il n’est pourtant pas dépisté pour le Covid-19. A cette époque, les tests PCR pour faire le diagnostic manquent.
Mais, son état se dégrade, et Firouze demande son transfert à l’hôpital. “On m’a répondu que non, que le SAMU ne viendrait pas pour les personnes âgées en Ehpad. A ce moment-là, on a compris qu’il allait mourir tout seul dans cette chambre”.
Des personnes âgées sacrifiées ?
Le père de Firouze est décédé le 1er avril. Depuis, épaulé par sa famille, la jeune femme cherche des réponses. “On l’a sacrifié, complètement sacrifié. On ne lui a même pas donné la chance de pouvoir se soigner. On est en France. Mais, il n’a pas eu le droit à ces soins-là. “ Comme d’autres proches de personnes décédées du Covid, Firouze a déposé plainte contre X. La jeune femme espère obtenir des réponses sur les circonstances du décès de son père.
La prise en charge de certains résidents a-t-elle été trop tardive ? Difficile à dire pour Romain Gizolme de l’Association des Directeurs au service des Personnes Agées. “Personne ne s’attendait à une épidémie aussi importante sur le territoire français. Tout le monde a appris en avançant pas à pas, que ce soit les autorités sanitaires, que ce soit l’ensemble des acteurs de la santé, du médico-social. Et donc, les choses ont été mises en place au fur et à mesure.”
Des protocoles sanitaires mis en place seulement en mars
Un tâtonnement dénoncé par Florence Arnaiz-Maumé, la présidente du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées. Elle a alerté le ministère de la Santé dès le 4 février.
“Si tous les protocoles que nous avons très efficacement déroulés à partir de début mars, nous avions pu les élaborer début février et les mettre en place mi-février, il est certain que le taux d’impact, et notamment dans la région Bourgogne Franche-Comté et dans la région Grand Est aurait été moins important que ce qu’il a été”.
Dans le Grand Est, plus de 2/3 des Ehpad ont été touchés par l’épidémie. La commission d’enquête parlementaire devra déterminer si des contaminations, et donc des décès, auraient pu être évités.