Coronavirus : 38 cas en France, les médecins réclament des équipements
Le bilan officiel de cas de Covid-19 a bondi de 18 à 38 cas en un jour en France. 24 personnes sont hospitalisées et 2.000 élèves ne sont pas rentrés à l’école. Les hôpitaux et les médecins de ville craignent une "surchauffe".
Une vingtaine de cas supplémentaires en 24 heures. Le nombre de personnes contaminées par le nouveau coronavirus Covid-19 est passé jeudi 27 février à 38 cas confirmés contre 18 la veille, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran. Ce chiffre pourrait "évoluer" dans les prochaines heures, a-t-il averti.
La France compte actuellement 12 patients guéris, 24 hospitalisés et deux décès depuis l'arrivée du virus sur son territoire le 24 janvier.
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Deux personnes en "état grave" à Brest et à Dijon
Parmi les nouveaux cas enregistrés, deux personnes "relativement âgées" sont hospitalisées dans un "état grave", l'une à Brest, l'autre à Dijon. Elles faisaient partie d'un groupe de 20 personnes qui s'est rendu en Egypte dans le cadre d'un voyage organisé.
Trois autres cas ont été identifiés après le renforcement des tests sur des patients déjà hospitalisés pour troubles respiratoires graves.
Un patient hospitalisé à Lyon est actuellement en réanimation.
Un Français de 36 ans de retour de Lombardie est hospitalisé à Strasbourg mais ne présente pas de signe de gravité.
12 personnes liées aux deux cas de l’Oise
Par ailleurs, 12 cas en lien avec le patient de 55 ans hospitalisé à Amiens dans un état grave et avec le Français également originaire du département de l’Oise décédé à Paris ont été détectés. Il s’agit de contacts professionnels ou familiaux de ces deux hommes, "liés entre eux par une chaîne de contamination" a expliqué le directeur général de la Santé Jérôme Salomon.
Ces personnes sont hospitalisées dans de nombreux sites, proches du lieu où elles se trouvaient : Nantes, Lille, Dijon, Bégin à Saint-Mandé, Compiègne et Tenon. "Ce n'est pas lié à une diffusion du virus dans ces villes" a prévenu Jérôme Salomon. Parmi ces cas, deux sont graves : l'un à Tenon l'autre à Compiègne.
Un foyer de contagion en Haute-Savoie ?
En plus du bilan de 38 cas, deux nouveaux cas ont été identifiés en Haute-Savoie, dans le bourg de La Balme-de-Sillingy, près d’Annecy, où quatre personnes étaient déjà infectées par le coronavirus. Ces nouveaux cas ne figurent pas encore dans le décompte officiel.
Les six malades - tous hospitalisés à Annecy - ont participé le 15 février dernier à une réunion électorale qui a rassemblé 120 personnes dans la commune voisine de Mésigny.
2.000 élèves n’ont pas repris l’école
Par ailleurs, "autour de 2.000 élèves" n'ont pas repris l'école et restent actuellement chez eux car ils sont rentrés d'une zone touchée par le coronavirus, a indiqué le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer vendredi 28 février sur Europe 1.
Pour le moment, seul un tiers de la France est retournée à l'école après les vacances de février. "Ce chiffre va augmenter la semaine prochaine quand un deuxième tiers va revenir de vacances et quand on aura fait les nouvelles évaluations de l'évolution de la maladie", a poursuivi le ministre.
Jean-Michel Blanquer a aussi assuré qu'un dispositif d'enseignement à distance pourrait être déployé à grande échelle si nécessaire. Ce système permet "de la grande section de maternelle jusqu'à la Terminale d'avoir les cours et même les devoirs à faire à distance", a-t-il ajouté, précisant que "sept millions de connexions" pouvaient avoir lieu en même temps.
Interrogé sur la nécessité de fermer des écoles, le ministre a insisté sur le besoin de "discernement". "On ne précipite pas les choses", "nous en sommes à un stade où la bonne mesure est de demander aux gens de rester chez eux", a-t-il dit.
"Une épidémie qui arrive"
"On a devant nous une crise, une épidémie qui arrive... On va devoir l'affronter au mieux, avec la vie qui continue. On sait que nous ne sommes qu'au début", avait de son côté averti le 27 février Emmanuel Macron, en visite à l'hôpital parisien de La-Pitié-Salpêtrière.
"L'épidémie est probable" mais "il n'y a lieu ni d'avoir peur ni d'être négligent" avait ensuite souligné Edouard Philippe.
Inquiétude dans les hôpitaux déjà "sous tension"
Sur le pont depuis plusieurs semaines, le personnel médical s’inquiète. Christophe Prudhomme, président de l'Association des médecins urgentistes (Amuf) a ainsi souligné vendredi 28 février qu'"avec un système sous tension, la moindre surchauffe risque d'entraîner une rupture".
"Oui, les hôpitaux sont prêts mais on va fonctionner en mode dégradé. On va tirer sur la corde et il va falloir s'organiser en renforçant les réanimations. On les renforce comment ? Avec des heures supplémentaires parce qu'on ne s'improvise pas infirmière de réanimation du jour au lendemain", a-t-il ajouté sur Sud Radio.
Dans un communiqué, le collectif inter-urgence, à l'origine d'une grève de plusieurs mois, ainsi que les internes de l'Isni sont allés dans le même sens, soulignant que chaque épidémie était "un test pour le système de santé".
Les médecins de ville réclament des équipements
Outre le personnel hospitalier, les médecins généralistes sont également en première ligne. Alors qu’ils pourraient être amenés à jouer un rôle important pour gérer une éventuelle épidémie de coronavirus en France, ils ne disposent pour le moment d’aucun équipement de protection. Une mesure qu’a notamment réclamé MG France, le premier syndicat des médecins généralistes et qui semble avoir été entendue.
Le 27 février, MG France annonçait sur Twitter que "des kits de protection (étaient) actuellement acheminés, suite à (ses) demandes insistantes, pour être distribués aux médecins de ville."
Les médecins devraient donc recevoir d’ici "la semaine prochaine" un bon de retrait à échanger contre un kit en pharmacie. Mais "nous n'avons pas à ce jour de précisions sur le contenu du kit" note le syndicat.
Argument supplémentaire avancé par les médecins de ville : la personne hospitalisée au CHU de Nantes ne serait autre qu’une médecin généraliste qui a reçu en consultation le patient aujourd’hui hospitalisé à Amiens. "Peut-être, Olivier Véran, qu’il faudrait envoyer des masques FFP2 (masque de protection respiratoire de très haut niveau de filtration, ndlr) aux médecins de ville ?" tweete en réaction le docteur Jean-Jacques Fraslin.