Coronavirus : la sévérité des symptômes est-elle liée à la quantité de charge virale ?
La charge virale du Covid-19 pourrait être liée à la gravité de la maladie, selon des médecins chinois. Si c’est le cas, cette quantité de virus serait un bon marqueur pour décider de la prise en charge des patients.
Existe-t-il un lien entre la gravité des symptômes du Covid-19 et la charge virale en coronavirus ? C’est une des questions sur le coronavirus qui anime aujourd’hui la communauté scientifique. Dans une étude publiée le 19 mars dans la revue The Lancet, des médecins de l’hôpital de Nanchang en Chine, rapportent que les formes graves du Covid-19 sont associées à une charge virale élevée. Celle-ci est définie par le nombre de copies d’un virus dans un volume de fluide donné, comme les sécrétions nasales ou la salive par exemple.
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60 fois plus de virus chez les cas graves
Dans cette étude, les médecins ont récolté les données de santé de 76 patients pris en charge à Nanchang, dont 46 cas bénins et 30 cas sévères. Ils ont notamment noté la charge virale présente dans des échantillons prélevés dans le nez et le pharynx des patients. Résultat : "La charge virale moyenne des cas sévères était environ 60 fois plus élevée que celle des cas bénins" expliquent les médecins dans l’étude. Des observations qui suggèrent que "des charges virales plus élevées pourraient être associées à des conséquences cliniques sévères", poursuivent-ils.
Un marqueur pour orienter la prise en charge
Et c’était d’ailleurs le cas pour un autre coronavirus, le SRAS de 2002-2003 : les cas graves avaient une charge virale élevée et une longue période était nécessaire avant que le virus disparaisse totalement de l’organisme.
Si ce résultat est confirmé pour le Covid-19, les médecins pourraient utiliser la charge virale comme "marqueur utile pour évaluer la gravité et le pronostic de la maladie" et donc mieux orienter la prise en charge de chaque patient, suggèrent les auteurs de l’étude.
Un résultat encore contesté
Mais justement, encore faut-il que ce résultat soit validé, ce qui n’est pas encore le cas. Deux autres études pointent en effet de leur côté une absence de lien entre charge virale et sévérité des symptômes.
La première, une étude non encore validée, est mise en ligne le 20 mars sur le site de prépublications électroniques d'articles scientifiques arxiv. Menée à l’université de Cornell (Etats-Unis), elle porte sur 5.830 à cas confirmés de Covid-19 survenus en Italie dans la région de la Lombardie. "Nous n’avons pas observé de différences significatives entre les charges virales des prélèvements nasaux symptomatiques et asymptomatiques" indiquent les chercheurs dans ce texte.
Même constat du côté de médecins chinois des centres de contrôle et de prévention des maladies qui publient une communication 19 mars dans le New England Journal of Medicine. Ils rapportent que dans 72 prélèvements faits dans le nez et 72 autres dans la gorge de patients, "la charge virale détectée chez les asymptomatiques était similaire à celle des patients symptomatiques" Une observation qui explique selon eux "le potentiel de transmission des patients avec peu ou pas de symptômes".
De nouvelles études sont donc nécessaires pour faire avancer cette polémique. Elles permettront notamment de savoir si le choix d’un traitement qui combat l’infection en réduisant la charge virale, comme la chloroquine est supposée le faire, constitue un choix judicieux.